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Ethiopie : des rapports inquiétants sur les camps de réfugiés érythréens au Tigré - HCR

À l'école secondaire Mai Tsebri, dans la province du Tigré, au nord de l'Éthiopie, des enfants réfugiés d'Érythrée suivent des cours aux côtés d'enfants locaux.
Photo : HCR/Elisabeth Arnsdorf Hasl
À l'école secondaire Mai Tsebri, dans la province du Tigré, au nord de l'Éthiopie, des enfants réfugiés d'Érythrée suivent des cours aux côtés d'enfants locaux.

Ethiopie : des rapports inquiétants sur les camps de réfugiés érythréens au Tigré - HCR

Migrants et réfugiés

L'Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a déclaré vendredi qu'elle continuait à recevoir des « rapports inquiétants » concernant les camps de réfugiés érythréens dans la région du Tigré en Ethiopie qui restent « inaccessibles ». Le Haut-Commissariat s'apprête à reprendre l'envoi de l'aide aux personnes déplacées.

« Les détails des dommages et des perturbations restent inconnus jusqu'à ce que nous puissions les atteindre et vérifier les informations », a déclaré Babar Baloch, porte-parole du HCR lors d’un point de presse hybride depuis Genève. 

« Nous espérons que le récent accord permettra un accès humanitaire complet et sans entrave à la région du Tigré », a-t-il ajouté, craignant que certains réfugiés érythréens aient déjà fui les camps en quête de sécurité.

Nous espérons que le récent accord permettra un accès humanitaire complet et sans entrave à la région du Tigré - Babar Baloch, porte-parole du HCR

Avec l'agence fédérale éthiopienne pour les réfugiés, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) discute de la nécessité d'évaluer la situation sécuritaire avant la reprise des activités humanitaires.

Et après la signature d’un accord pour un accès des agences humanitaires, le HCR s’est dit prêt « à reprendre l'ensemble de ses activités humanitaires dans la région du Tigré dès que la situation le permettra ».

L'accord signé cette semaine par l'équipe de l’ONU dans le pays et le gouvernement fédéral éthiopien autorise « un accès sans restriction, continu et sécurisé du personnel et des services humanitaires aux populations vulnérables dans les régions gérées (par le gouvernement) au Tigré et dans les zones frontalières des régions Amhara et Afar » voisines.

Des réfugiés d'Éthiopie sont assis à l'ombre pour éviter le chaud soleil de l'après-midi au centre d'accueil frontalier de Hamdayet, dans l'est du Soudan.
Photo : HCR/Will Swanson
Des réfugiés d'Éthiopie sont assis à l'ombre pour éviter le chaud soleil de l'après-midi au centre d'accueil frontalier de Hamdayet, dans l'est du Soudan.

La priorité du PAM est de localiser les réfugiés érythréens bénéficiaires de ses programmes

Selon le HCR, cet accord va faciliter l'accès aux organisations d'aide afin de fournir une aide aux civils touchés par le conflit qui dure depuis un mois.

Dans la région du Tigré, les équipes du HCR ont déjà commencé à distribuer de l'eau, des biscuits à haute teneur énergétique, des vêtements, des matelas, des nattes de couchage et des couvertures à environ 5.000 personnes déplacés internes.

Du côté du Programme alimentaire mondial (PAM), la priorité, après la signature de l'accord, consiste à « localiser quelque 50.000 réfugiés érythréens qui, avant le conflit, recevaient une aide alimentaire du PAM dans quatre camps du Tigré ». « Il est possible que certaines de ces personnes aient fui les combats », a déclaré Tomson Phiri, porte-parole du PAM.

Selon de l’agence onusienne, l’escalade de la violence dans le Tigré éthiopien « a peut-être perturbé leurs opérations existantes » et surement allongé la liste des personnes dans le besoin. Et face à cette urgence humanitaire, l’agence onusienne est disposée à répondre aux besoins des civils du Tigré dès qu’ils auront été évalués.

« Notre objectif principal est de minimiser la perturbation des opérations existantes au Tigré et de nous assurer que nous sommes prêts à étendre l'aide alimentaire aux personnes dans le besoin en raison de la violence et à soutenir la réponse humanitaire au sens large », a ajouté M. Phiri.

Plus de 47.000 réfugiés éthiopiens au Soudan

En attendant, « tant que les missions d'évaluation n'auront pas atteint le Tigré », le PAM n’aura aucune idée exacte de la quantité de nourriture qui se trouve encore dans ses entrepôts et ceux du gouvernement. Avant ces missions d'évaluation de l’ONU et de ses partenaires, les Nations Unies avaient provisoirement estimé que jusqu'à 2 millions de personnes de la région du Tigré auraient besoin d'aide.

Concernant la situation à la frontière soudanaise, les arrivées de réfugiés éthiopiens se poursuivent. Et le nombre total a maintenant dépassé les 47.000. Rien qu’hier jeudi, plus de 1.000 Éthiopiens sont arrivés dont la majorité dans la soirée.

Les réfugiés disent aussi qu'ils craignent une recrudescence de la violence au Tigré - Babar Baloch, porte-parole du HCR

« Un petit nombre de réfugiés érythréens sont également arrivés de la région du Tigré ces derniers jours », a indiqué M. Baloch.

Face à cet afflux, le HCR, en collaboration avec les autorités soudanaises, a déplacé plus de 11.000 réfugiés des points frontaliers de Hamdayet et Abderafi vers le camp de Um Rakuba - à 70 kilomètres de la frontière éthiopienne.

Mais de nombreux réfugiés ont préféré rester près de la frontière pour « attendre les membres de leur famille encore en Ethiopie, ou dans l'espoir de pouvoir rentrer bientôt chez eux ». Il s’agit notamment de certains agriculteurs, qui se sont réfugiés au Soudan en pleine saison des récoltes au Tigré. « Mais les réfugiés disent aussi qu'ils craignent une recrudescence de la violence au Tigré », a conclu le porte-parole du HCR.