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Bélarus : le Conseil des droits de l’homme de l’ONU tiendra vendredi un débat urgent

Des manifestants au Bélarus.
Kseniya Halubovich
Des manifestants au Bélarus.

Bélarus : le Conseil des droits de l’homme de l’ONU tiendra vendredi un débat urgent

Droits de l'homme

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH) a décidé, lundi, de tenir vendredi prochain un débat urgent sur la situation au Bélarus. La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a demandé qu’une enquête soit menée sur les allégations de torture par les forces de sécurité.

La décision d’organiser ce débat sur les violations observées à Minsk a été prise par le Conseil à l’issue d’un vote de ses 47 Etats membres. 25 pays se sont prononcés en faveur de la réunion, deux contre et 20 se sont abstenus lors du vote organisé à l’ouverture des travaux de la 45e session du CDH qui vont durer trois semaines.

Ce débat urgent, qui se tiendra le vendredi 18 septembre, avait été demandé par l’Allemagne au nom de l’Union européenne (UE), qui a dénoncé une récente élection présidentielle qui n’a pas été « libre, ni équitable ». Selon le Représentant permanent de l’Allemagne auprès de l’ONU à Genève, la situation des droits de l’homme s’est dégradée depuis les dernières élections de 2020, avec de « nombreuses atteintes à la liberté individuelle ainsi que des intimidations et des persécutions des leaders de l’opposition ». Cette campagne s’est illustrée ces derniers jours par une recrudescence de la violence à l’encontre de la société civile, a insisté l’Ambassadeur allemand Michael von Ungern-Sternberg.

Le Représentant permanent du Bélarus auprès de l’ONU à Genève a, pour sa part, estimé que la proposition de tenir un débat urgent sur la situation dans son pays est « inacceptable » et constitue « un précédent dangereux » d’interférence dans les élections d’un Etat. Pour Minsk, les manifestations qui se sont tenues sur son territoire n’ont pas toujours été de nature pacifique, ce qui a conduit à une réaction des organes du maintien de l’ordre. Le représentant biélorusse a dit regretter les victimes parmi les manifestants et les forces de l’ordre.

Dans ces conditions, le Bélarus qualifie la tenue de ce débat urgent de campagne flagrante pour soutenir les forces qui ont perdu les élections. « Cette proposition de l’Union européenne n’a rien avoir avec les droits de l’homme », s’est défendu l’Ambassadeur biélorusse Yury Ambrazevich.

Mme Bachelet demande une enquête sur les allégations de torture

La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a demandé qu’une enquête soit menée sur les allégations de torture par les forces de sécurité au Bélarus. « Compte tenu de leur ampleur et de leur nombre, toutes les allégations de torture et d’autres formes de mauvais traitements par les forces de sécurité devraient être documentées et faire l’objet d’une enquête, afin de traduire les auteurs en justice », a déclaré Michelle Bachelet, à l’ouverture de la 45e session du CDH à Genève.

Les services de Mme Bachelet continuent de recevoir des rapports alarmants sur la répression violente continue de manifestations pacifiques par des centaines de milliers de personnes de tous horizons, notamment des femmes. « Les rapports continuent d’indiquer un usage inutile ou excessif de la force par les responsables de l’application des lois ; des milliers d’arrestations, dont beaucoup sont apparemment arbitraires », a ajouté Mme Bachelet.

La Haute-Commissaire a fait état de centaines d’allégations de torture ou de mauvais traitements, y compris contre des enfants. Certaines informations font également état de violences sexuelles. « Récemment, des enlèvements de personnes associées à l’opposition par des individus non identifiés ont également été signalés », a fait valoir la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, regrettant qu’il « n’existe que peu de preuves de mesures prises par les autorités pour répondre à ces rapports ».

D’une manière générale, la Haute-Commissaire estime que le rétablissement de la paix sociale au Bélarus nécessite un dialogue approfondi, des réformes et l’obligation de rendre compte des graves violations des droits de l’homme. Elle a ainsi encouragé le CDH à concentrer son action sur ces trois domaines, « afin de prévenir une nouvelle escalade de la violence et des griefs ».

Le chef de l’ONU demande de ne pas recourir à la force contre les manifestants pacifiques

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait exprimé vendredi sa profonde préoccupation concernant la situation au Bélarus, en particulier le recours continu à la force contre des manifestants pacifiques et la détention de personnes exerçant leurs droits démocratiques légitimes. Le chef de l’ONU s’était également préoccupé par les informations faisant état de tactiques d'intimidation contre la société civile, les médias et les personnalités de l'opposition.

« Le Secrétaire général demande aux autorités de s'abstenir de recourir à la force contre ceux qui se réunissent pacifiquement et de veiller à ce que les allégations de torture et autres mauvais traitements infligés aux personnes en détention fassent l'objet d'une enquête approfondie et soient traitées », avait déclaré son porte-parole dans un communiqué. 

« La crise actuelle ne peut être résolue que par le peuple du Bélarus grâce à un dialogue large et inclusif, qui devrait commencer immédiatement dans l’intérêt de la stabilité », avait souligné le porte-parole de M. Guterres.