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Ethiopie : au moins 50 personnes tuées après la mort d’un chanteur (ONU)

Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH)
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Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH)

Ethiopie : au moins 50 personnes tuées après la mort d’un chanteur (ONU)

Droits de l'homme

Trois jours de manifestations en Ethiopie, consécutives à la mort d’un célèbre chanteur oromo, ont causé la mort d’au moins une cinquantaine de personnes, a affirmé vendredi le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).

« Selon le gouvernement, une cinquantaine de personnes ont été tuées, tandis que les médias ont indiqué que quelque 80 personnes étaient mortes, dont trois membres des forces de sécurité », a déclaré Rupert Colville, porte-parole du HCDH lors d’un point de presse virtuelle depuis Genève.

Selon les médias, le chanteur Hachalu Hundessa, membre de la communauté oromo a été tué par balle lundi soir à Addis Abeba, la capitale ethiopienne, pour un motif encore inconnu. Un meutre qui a profondément préoccupé le HCDH.

L’assassinat de Hundeessaa a déclenché des protestations dans tout le pays, y compris dans la capitale et dans la région d’Oromia. « Si certaines des manifestations étaient pacifiques, d’autres ont été violentes dès le début », a précisé le porte-parole du Haut-Commissariat.

Selon les informations reçues par l’ONU, « les routes auraient été bloquées dans la plupart des régions de la région d’Oromia et des bâtiments vandalisés et brûlés, tandis qu’il y a eu des coups de feu et des explosions de bombes à Addis-Abeba ». « En réponse à cette vague de protestation, les autorités ont coupé l’Internet dans la région d’Oromia, ainsi qu’à Addis-Abeba, ce qui a rendu extrêmement difficile la vérification des rapports sur le nombre de personnes tuées et blessées », a précisé M. Colville.

Trente-cinq personnes auraient été également arrêtées par les forces de sécurité mardi soir lors d’une manifestation sur le lieu des funérailles d’Hachalu Hundessa. Les tensions ont aussi été fortes mercredi à Ambo, des manifestants réclamant que le chanteur soit plutôt inhumé dans la capitale ethiopienne. « Selon la police, les manifestants, qui voulaient que le chanteur soit enterré à Addis-Abeba, ont tenté en vain d’empêcher que son corps soit transporté dans sa ville natale d’Ambo », a détaillé M. Colville, ajoutant que les funérailles ont finalement eu lieu jeudi à Ambo.

Le Secrétaire général de l’ONU appelle « au calme »

Par ailleurs, les services de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, ont constaté « avec inquiétude » la tournure à « connotation ethnique » prise par « les protestations qui ont suivi l’assassinat d’Hachalu Hundessa ». « Nous demandons donc à tous, y compris aux jeunes, de cesser de perpétrer des attaques à motivation ethnique et de cesser d’inciter à la violence, des actes qui ne font qu’exacerber les tensions sous-jacentes », a déclaré M. Colville. L’ONU demande également aux forces de sécurité de faire preuve de retenue dans la gestion des manifestations et de s’abstenir de recourir à une force inutile ou disproportionnée.

Les autorités ont annoncé que les suspects du meurtre d’Hachalu Hundessa ont été arrêtés. Mais pour le HCDH, il est essentiel qu’une enquête rapide, approfondie, indépendante, impartiale et transparente soit menée sur sa mort pour que les responsables soient tenus de rendre des comptes. « Les victimes et leurs familles ont droit à la justice, à la vérité et à des réparations », a fait remarquer M. Colville.

A New York, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé jeudi soir un appel « au calme ». Il a demandé « à toutes les parties prenantes en Ethiopie de s’abstenir de toute action qui pourrait alimenter la tension », a précisé son porte-parole.

« Le Secrétaire général continue de suivre de près l’évolution de la situation en Éthiopie à la suite du meurtre de l’éminent artiste Hachalu Hundessa le 29 juin. Il se félicite de l’engagement pris par le gouvernement éthiopien de veiller à ce que les auteurs soient rapidement traduits en justice », avait souligné Stéphane Dujarric, en réponse à une question d’un journaliste.