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En Ethiopie, les droits humains de tous doivent être entièrement respectés (ONU)

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra’ad Al Hussein. Photo ONU/Pierre Albouy
Photo ONU/Pierre Albouy
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra’ad Al Hussein. Photo ONU/Pierre Albouy

En Ethiopie, les droits humains de tous doivent être entièrement respectés (ONU)

Droits de l'homme

À l'issue d’une visite en Ethiopie, le chef des droits de l’homme de l’ONU s’est félicité de la libération d'un grand nombre de prisonniers politiques et appelé à saisir l’optimisme et l’espoir suscités pour faire respecter les droits humains de tous.

Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a conclu jeudi une mission de cinq jours en Ethiopie. Au cours de ce qui fut sa seconde visite dans le pays, M. Zeid s’est rendu à Addis-Abeba et dans la région d'Oromia qui a été le théâtre de manifestations violemment réprimées.

Lundi dernier, M. Zeid a rencontré les autorités régionales et les chefs traditionnels, les Aba Gadas, en présence de représentants du gouvernement éthiopien. Lors de ces rencontres, le chef des droits de l’homme de l’ONU s’est dit frappé par l'expression franche et robuste des griefs exprimée par les Aba Gadas.

« Les Aba Gadas ont également parlé de leurs espoirs de travailler avec le nouveau gouvernement pour résoudre les problèmes de droits de l'homme de longue date dans la région », a dit le Haut-Commissaire. « Ils ont parlé de la façon dont ils continueront à faire pression pour que la vérité soit racontée sur ce qui s'est passé au cours des dernières années, y compris pendant les manifestations où des gens ont été tués ».

Les chefs traditionnels rencontrés par M. Zeid, ont exigé des enquêtes et une reddition de comptes pour un usage excessif de la force par les autorités. « Ils ont exprimé leur désir de justice et de respect des droits de l'homme pour tous les Ethiopiens et de faire entendre leurs voix sans crainte de représailles », a dit le Haut-Commissaire.

M. Zeid a souhaité que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) ait davantage accès aux régions d’Oromia et d’Amhara afin que ses services puissent mener des conversations plus approfondies avec différentes personnes.

« Cela nous permettra de mieux évaluer la situation des droits de l'homme, d'aider le gouvernement à élargir l'espace démocratique et à faire en sorte que la reddition des comptes soit établie pour les violations des droits de l'homme », a dit le Haut-Commissaire, soulignant les fortes attentes à cet égard.

Libération des prisonniers politiques

Lors de sa visite en Ethiopie, M. Zeid a eu l’occasion de s’entretenir en privé avec un certain nombre des blogueurs et opposants politiques arrêtés en raison de leur participation à des manifestations et de leurs critiques à l'égard du gouvernement, puis libérés. « Il y avait un espoir énorme, mais aussi de l'anxiété », a dit le Haut-Commissaire. « Un ancien détenu politique a dit: ‘Nous avons été victimes de promesses non tenues à plusieurs reprises’».

Les représentants de la société civile, blogueurs, chefs religieux et opposants politiques rencontrés par le Haut-Commissaire ont fait part de nombreuses préoccupations importantes concernant les droits de l'homme. « Ils ont appelé à de nouvelles libérations de personnes détenues simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté de réunion, d'expression et d'opinion », a dit M. Zeid qui a salué la fermeture du centre de détention de Maekelawi.

« Ils ont également appelé à la levée de l'état d'urgence, à la réforme des autorités chargées de l'application de la loi, au système pénitentiaire et à la réforme judiciaire, en faveur du renforcement de l'indépendance des institutions », a ajouté le chef des droits de l’homme de l’ONU. « Ils ont appelé à un dialogue politique inclusif et à ce que tous les Éthiopiens puissent parler, tweeter, bloguer et protester sans craindre d'être arrêtés ».

Protocole d’entente entre le HCDH et le gouvernement éthiopien

Dans la capitale éthiopienne, M. Zeid s’est entretenu avec le nouveau Premier Ministre Abiy Ahmed et d’autres responsables du gouvernement.

Mercredi, le chef de la diplomatie éthiopienne et le Haut-Commissaire ont signé un protocole d'entente entre le Bureau régional des droits de l'homme des Nations Unies pour l'Afrique de l'Est et le gouvernement éthiopien, qui vise à renforcer la capacité du HCDH à agir dans le pays et la région.

« Je me réjouis que le gouvernement reconnaisse le rôle important que le Bureau peut jouer pour faire progresser la promotion et la protection des droits de l'homme », a dit Zeid. « Nous avons déjà offert notre aide pour réviser la Proclamation sur les organismes de bienfaisance et les sociétés, la loi antiterroriste et les lois sur les médias, qui ont désespérément besoin d'être réformées ».

Le Haut-Commissaire a également rencontré le chef de la Commission nationale éthiopienne des droits de l'homme. « Alors que mon bureau travaille avec la Commission, nous pensons que des efforts plus importants devraient être faits pour la rendre totalement indépendante », a-t-il dit.

En Ethiopie, M. Zeid a rappelé que les objectifs de son bureau et du gouvernement doivent être les mêmes : « veiller à ce que les droits de l'homme de tous en Éthiopie soient pleinement respectés ».