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Yémen : les humanitaires cherchent 2,41 milliards de dollars pour maintenir l'aide en pleine pandémie de Covid-19

Un homme travaille sur un camion-citerne livrant de l'eau aux communautés de Sana'a, au Yémen, où l'UNICEF permet aux familles d'avoir accès à de l'eau propre pendant la pandémie Covid-19.
© UNICEF/Moohialdin Fuad
Un homme travaille sur un camion-citerne livrant de l'eau aux communautés de Sana'a, au Yémen, où l'UNICEF permet aux familles d'avoir accès à de l'eau propre pendant la pandémie Covid-19.

Yémen : les humanitaires cherchent 2,41 milliards de dollars pour maintenir l'aide en pleine pandémie de Covid-19

Aide humanitaire

Les agences de l'ONU et leurs partenaires mondiaux recherchent 2,41 milliards de dollars pour lutter contre la propagation de la Covid-19 au Yémen tout en continuant à soutenir les millions de personnes touchées par la pire crise humanitaire au monde.

Les dirigeants d’au moins  dix-sept organisations représentant la communauté humanitaire internationale ont publié jeudi une déclaration dans laquelle ils affirment que le temps est compté pour maintenir les opérations jusqu'à la fin de l'année, dans ce pays déchiré par la guerre.

Le Yémen a enregistré son premier cas de Covid-19 au début du mois d'avril. Depuis lors, il y a eu 260 cas et 54 décès, selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Toutefois, les partenaires ont déclaré que des tests et des analyses supplémentaires sont nécessaires pour obtenir une image réelle de l’état de l'épidémie.

« Les chiffres officiels indiquent que des cas de Covid-19 ont été confirmés dans 10 des 22 gouvernorats du pays, ce qui démontre une transmission généralisée. Mais les tests et les rapports restent limités et il est probable que la plupart des régions du pays soient déjà touchées, si ce n'est toutes", ont-ils déclaré.

Conférence de donateurs annoncée

La crise humanitaire au Yémen est le résultat de plus de cinq ans de combats entre les troupes gouvernementales, soutenues par des alliés internationaux, et les rebelles Ansar Allah, également connus sous le nom de Houthis.

Les Nations Unies continuent de s'efforcer d'amener les parties belligérantes à parvenir à une paix durable.
Les partenaires humanitaires espèrent que la conférence virtuelle des donateurs prévue mardi prochain renforcera le soutien financier de leurs opérations, qui touchent 10 millions de personnes chaque mois.

Les financements des donateurs au cours des dernières années ont permis d’empêcher une famine généralisée et de faire reculer la plus grande épidémie de choléra de l'histoire, tout en aidant les familles déracinées par les combats.

« Tragiquement, nous n'avons pas assez d'argent pour continuer ce travail », ont-ils déclaré.

« Sur les 41 grands programmes des Nations Unies au Yémen, plus de 30 vont se terminer dans les prochaines semaines si nous ne parvenons pas à obtenir des fonds supplémentaires. Cela signifie que beaucoup d'autres personnes vont mourir », ont-ils ajouté.

Un système de santé mis à rude épreuve

Le système sanitaire du Yémen, en proie à des difficultés, a été mis à rude épreuve avec l’arrivée de la Covid-19.

Seule la moitié des installations fonctionnent et beaucoup manquent de masques, de gants et d'autres équipements, d’oxygène et d’autres fournitures essentielles pour traiter la maladie.

Aussi les installations sanitaires et l'eau potable sont rares et des dizaines d'agents de santé et de travailleurs humanitaires de première ligne opèrent sans équipement de protection, alors que la plupart d'entre eux ne perçoivent pas de salaire.

Les femmes et les enfants sont les plus touchés

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Le conflit a été particulièrement dévastateur pour les femmes et les enfants du Yémen.
Plus de 12 millions d'enfants et six millions de femmes en âge de procréer ont besoin d'une assitance, selon les humanitaires, tandis que plus d'un million de femmes enceintes souffrent de malnutrition.
La cheffe du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a souligné l'impact des combats sur l'éducation.

« Avant la Covid, deux millions d'enfants n'étaient pas scolarisés. Maintenant, à cause de la pandémie, les écoles ont été fermées dans tout le pays, laissant cinq millions d'enfants supplémentaires sans scolarisation.  Et nous savons que dans les pays ravagés par la pauvreté et les conflits, plus longtemps les enfants sont sans scolarisation, moins ils ont de chances de retourner à l'école », a déclaré Henrietta Fore, la Directrice exécutive du Fonds.

Les combats actuels obligent les Yéménites à fuir leurs foyers. Près de 100.000 d'entre eux ont déjà été déracinés depuis début de l’année 2020.

Au total, le conflit a déplacé quelque 3,6 millions de personnes qui vivent désormais dans des conditions insalubres et surpeuplées qui rendent impossible la pratique de l'éloignement physique et d'autres mesures pour contenir la Covid-19. Là encore, la plupart des personnes touchées sont des femmes et des enfants.

Le temps nous est compté  

Face aux défis croissants, les Nations Unies et leurs partenaires humanitaires continuent d'apporter une protection et un soutien qui donnent la priorité aux citoyens les plus vulnérables du Yémen.
Leur stratégie face à la Covid-19 se concentre sur le renforcement de la détection et du dépistage précoces, l'isolement et le traitement des cas, et la recherche des contacts : autant de mesures de santé publique qui ont fait leur preuves dans la lutte contre la maladie.

Ils mobilisent également des fournitures et des équipements vitaux tout en menant la plus grande opération de secours au monde.

« Les humanitaires ont remarquablement réussi à atténuer certaines des pires conséquences de la crise du Yémen pour les civils. Mais seule une solution politique peut mettre fin à la crise. Nous avons besoin d'une cessation des hostilités dans tout le pays pour répondre aux besoins humanitaires toujours croissants », ont-ils déclaré.

« Si le processus politique a une chance d’aboutir, la situation humanitaire doit être maintenue stable. Nous avons les compétences, le personnel et les capacités nécessaires pour y parvenir. Ce qui nous manque c'est l'argent. Le temps nous est compté. Nous demandons aux donateurs de s'engager généreusement et de payer leurs promesses de dons rapidement ».
 

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