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Syrie : l’envoyé de l’ONU se félicite du calme précaire qui prévaut

Des volontaires accrochent des posters fournissant des instructions sur comment se protéger contre le coronavirus dans la ville de Qamishly, dans le nord-est de la Syrie.
© UNICEF/Delil Souleiman
Des volontaires accrochent des posters fournissant des instructions sur comment se protéger contre le coronavirus dans la ville de Qamishly, dans le nord-est de la Syrie.

Syrie : l’envoyé de l’ONU se félicite du calme précaire qui prévaut

Paix et sécurité

L’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s’est félicité mercredi devant le Conseil de sécurité du calme précaire qui prévaut dans le pays malgré le risque d’un regain de violence comme le montre le bombardement d’un marché à Afrin, dans le nord-ouest.

« Je salue le fait qu'il y ait un calme significatif dans de nombreuses régions de la Syrie - en particulier par rapport aux pics de violence des années précédentes », a dit M. Pedersen lors d’un exposé par visioconférence devant les membres du Conseil.

« Nous n'avons pas assisté à des offensives tous azimuts ni à de nouveaux déplacements depuis début mars. Les accords russo-turcs sont respectés dans le nord-ouest et je constate une différence positive sur le terrain, y compris par rapport aux accords précédents. Le niveau d'incidents est faible. Six patrouilles conjointes russo-turques ont eu lieu », a-t-il ajouté.

L’envoyé de l’ONU a également noté que les différents accords de cessez-le-feu entre la Russie, la Turquie et les États-Unis dans le nord-est de la Syrie continuent également de s'appliquer.

Mais il a prévenu que ce calme dans le nord-ouest et le nord-est est « précaire et fragile » et qu’il y a « un risque constant d'escalade », comme le montre la bombe qui a explosé dans un marché à Afrin, tuant plus de 40 personnes.

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a condamné fermement mercredi cet attentat à Afrin et a réitéré « ses appels à un cessez-le-feu complet et immédiat dans toute la Syrie afin de permettre des efforts globaux de lutte contre le Covid-19 ». 

M. Pederden a aussi noté que les conditions de sécurité dans le sud de la Syrie sont préoccupantes et qu’une « recrudescence inquiétante de l'EIIL (Daech) dans les zones désertiques du centre et de l'est de la Syrie se poursuit ».

« Je suis également préoccupé par les informations faisant état de frappes aériennes israéliennes dans les régions rurales de Homs et de Damas, dont la plus récente a été signalée lundi dernier », a-t-il dit.

Geir O. Pedersen, Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, fait un exposé en visioconférence devant les membres du Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Loey Felipe
Geir O. Pedersen, Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, fait un exposé en visioconférence devant les membres du Conseil de sécurité.

Besoin d’un accord de cessez-le-feu

L’envoyé de l’ONU s’est dit persuadé que la Syrie a besoin d'un accord de cessez-le-feu permettant notamment aux Syriens d’avoir accès aux équipements et aux ressources nécessaires pour combattre le Covid-19.

« Nous ne pouvons pas nous permettre des hostilités qui entraîneraient sûrement une nouvelle recrudescence de communautés vulnérables déplacées », a-t-il dit. Il a précisé qu’il continuait d’être en contact avec les différentes parties prenantes pour arriver à un accord de cessez-le-feu.

Geir O. Pedersen a en outre indiqué que le gouvernement syrien continuait de prendre des mesures pour lutter contre le Covid-19, ainsi que la coalition de l'opposition syrienne et d'autres autorités de facto dans les zones échappant au contrôle du gouvernement.

Il a précisé que, bien que les tests restent limités, le nombre de cas de Covid-19 officiellement signalés en Syrie est relativement faible : 42 cas signalés dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien; 1 cas signalé dans le nord-est; et aucun cas signalé dans le nord-ouest. 

De son côté, lors d’une visioconférence du Conseil de sécurité mercredi après-midi, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a prévenu que même si ces chiffres semblaient très faibles par rapport à ceux enregistrés aux Etats-Unis et dans beaucoup d’autres pays, une tragédie risque d’arriver si le virus se comporte en Syrie comme il l'a fait ailleurs.

« On ne peut pas s’attendre à ce qu'un système de santé décimé par près d'une décennie de guerre puisse faire face à une crise qui est un défi pour les nations les plus riches. On ne peut pas s’attendre à ce que les mesures d'atténuation réussissent là où des millions de personnes sont déplacées dans des conditions de surpeuplement, sans installations sanitaires adéquates, sans moyens, ni filet de sécurité sur lesquels s'appuyer », a-t-il dit.

Selon M. Lowcock, « le Covid-19 et ses ramifications deviendront un multiplicateur des besoins humanitaires en Syrie ». « Plus que jamais, cela exige une réponse qui utilise tous les moyens possibles pour atteindre les personnes dans le besoin, où qu'elles se trouvent », a-t-il ajouté.