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Soudan du Sud : l’ONU appelle à mettre fin aux violences intercommunautaires

Pibor, au Soudan du Sud, a souffert d'éruptions répétées de violences intercommunautaires.
Photo MINUSS/Isaac Billy
Pibor, au Soudan du Sud, a souffert d'éruptions répétées de violences intercommunautaires.

Soudan du Sud : l’ONU appelle à mettre fin aux violences intercommunautaires

Paix et sécurité

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, s’est dite profondément préoccupée vendredi par l'escalade de la violence intercommunautaire dans le centre et l'est du Soudan du Sud le mois dernier.

Mme Bachelet a exhorté les autorités sud-soudanaises à endiguer l'effusion de sang et à traduire les responsables de ces violences en justice, conditions pour que le pays puisse vraiment parvenir à une paix durable.

Au Soudan du Sud, des centaines de personnes ont été tuées, des femmes et des enfants victimes de violences sexuelles et de nombreuses maisons incendiées, obligeant des milliers de personnes à se réfugier dans des camps de fortune depuis la recrudescence des attaques mi-février.

L'augmentation du nombre et l’éventail d'armes utilisées par les clans rivaux, ainsi que l'incapacité apparente des autorités locales et nationales, y compris les forces de sécurité, à apporter une réponse, ont contribué à la montée de la violence.

Les preuves recueillies par l’ONU suggèrent également que les combats entre les communautés Dinka Bor, Lou Nuer et Murle à Jonglei, qui ont commencé à la mi-février, pourraient avoir été provoqués par des dirigeants politiques et traditionnels. Ces derniers auraient mobilisé des jeunes armés et exploité des tensions communautaires préexistantes autour de l'accès aux ressources naturelles.

Traduire les auteurs de violences en justice

À Jonglei, le 19 février, des dizaines de civils ont été tués et blessés, et plus de 200 femmes et enfants auraient été enlevés et victimes de violences sexuelles. De nombreuses maisons ont été incendiées, contraignant environ 8.000 civils - pour la plupart des femmes et des enfants - à chercher protection dans des abris de fortune près de la base de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) à Pibor.

« Ces actes sont déplorables, et les responsables doivent être traduits en justice », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).

Dans d'autres régions du Soudan du Sud, les tensions liées aux mouvements de bétail et à l'accès aux ressources naturelles, en particulier l'eau et les pâturages, risquent de s'intensifier et de se transformer en des cycles de violences de représailles, sans intervention appropriée des autorités de l'État, comme l’ont montré des affrontements dans la région des Lacs le 14 mars, au cours desquels au moins 30 personnes auraient été tuées, et de nombreux autres blessées, lors de combats entre des sous-clans Dinka.

« La formation du gouvernement de transition revitalisé d’'union nationale a suscité auprès du peuple sud-soudanais l'espoir d'une paix durable », a rappelé Mme Bachelet. « Cependant, pour qu'une paix durable s'installe dans le pays, il faut lutter contre la violence intercommunautaire et enquêter et poursuivre les auteurs. Il est également essentiel que la consolidation de la paix entre les communautés individuelles soit liée à ce processus », a ajouté la Haut-Commissaire.

La cheffe des droits humains de l’ONU a souligné que les victimes de violences sexuelles découlant de ces violences devaient également bénéficier d'un soutien médical et psychosocial approprié et que tout devait être mis en œuvre pour réunir les enfants enlevés avec leur famille.