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Soudan du Sud : plus de 170 civils tués en quatre mois dans le sud de l’État d’Unité (ONU)

Une route de Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, région administrative du Soudan du Sud où des exactions ont été commises dans une trentaine de villages durant le printemps 2022..
EC/ECHO/Anouk Delafortrie
Une route de Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, région administrative du Soudan du Sud où des exactions ont été commises dans une trentaine de villages durant le printemps 2022..

Soudan du Sud : plus de 170 civils tués en quatre mois dans le sud de l’État d’Unité (ONU)

Paix et sécurité

Les combats se poursuivent dans le sud de l’État d’Unité, une région administrative du nord du pays. Au début de l'année 2022, au moins 173 civils ont été tués, et la MINUSS rapporte dans un rapport des exactions au « caractère impitoyable » sur des vieillards et des enfants n'ayant pu fuir les assaillants.

Les hostilités dans le sud de l’État d’Unité ont touché au moins une trentaine de villages et zones d’habitations.

Le modus operandi des assaillants démontre clairement leur intention de cibler des civils selon Nicholas Haysom, Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission de l’Onu au Soudan du Sud (MINUSS).

Il a notamment déclaré dans un communiqué que « les violations des droits de l’homme ont été commises en toute impunité. Le gouvernement a le devoir, en vertu du droit international, de protéger les civils, d’enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme ».

Les victimes et les témoins ayant raconté les attaques ont décrit le « caractère impitoyable » des forces gouvernementales conjointes et des milices et groupes alliés des comtés de Koch et Mayendit. Selon leurs récits, les enfants, y compris les nourrissons, n’ont pas été épargnés par leur cruauté.

Des civils décapités à la machette et à la baïonnette ou jetés dans des huttes incendiées

Selon ce haut responsable de l’ONU, il faut faire en sorte que les auteurs présumés répondent de leurs actes conformément aux normes d’équité des procès.

Des victimes ont été tuées par des tirs au hasard, tandis que d’autres ont succombé à des blessures mortelles, selon le rapport conjoint de la MINUSS et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH). Des décapitations à la machette et à la baïonnette ont aussi été rapportées. Des victimes ont été jetées intentionnellement jetées dans des huttes auxquelles on a mis le feu.

Toujours selon la MINUSS, les assaillants ont également brûlé vifs des enfants et des personnes âgées ne pouvant fuir leur maison. Des enfants ont également été noyés dans les marécages.

Plus largement, le document a fait état de « violations flagrantes et d’abus du droit international relatif aux droits de l’homme ainsi que de violations graves du droit international humanitaire dans l’État d’Unité ».

Ces violations ont été commises lors d’affrontements entre les forces gouvernementales conjointes et les milices et groupes armés affiliés, d’une part, et des éléments du Mouvement populaire de libération du Soudan/Armée de l’opposition (SPLM/A-IO (RM)), fidèles au premier vice-président Riek Machar, d’autre part.

Plus de 130 cas de viols et de viols collectifs recensés

Le rapport, qui couvre la période du 11 février au 31 mai 2022, se fonde sur 32 missions de vérification menées par la MINUSS dans trois comtés - Koch, Leer et Mayendit - et dans les zones voisines.

Par ailleurs, au moins 37 femmes et enfants ont été enlevés. Un grand nombre des personnes enlevées ont été victimes de violences sexuelles, notamment des fillettes âgées de huit ans seulement.

Une fillette de neuf ans qui a subi un viol collectif jusqu’à ce que mort s’ensuive. Au total, 131 cas de viols et de viols collectifs ont été recensés. Environ 44.000 civils ont été déplacés d’au moins 26 villages.

La MINUSS a identifié les forces gouvernementales conjointes et les milices et groupes alliés qui opèreraient sous le commandement de responsables des comtés de Koch et Mayendit comme étant les principaux auteurs de ces abus. Le SPLM/A-IO (RM) a également perpétré des attaques à Mirmir Payam, dans le comté de Koch.

Une tactique de la terre brûlée

« Les forces gouvernementales conjointes et les milices et groupes alliés impliqués dans ces attaques ont été extrêmement violents », a détaillé le rapport, relevant que les « combattants » auraient utilisé « la tactique de la terre brûlée au cours de ces attaques ». Il s’agit ainsi de « prendre d’assaut des villages en plein jour et attaquer au hasard des populations locales non armées, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Comme dans les précédentes conclusions, l’intention derrière ces attaques peut être attribuée à la fois à des réponses immédiates à l’escalade du conflit entre les forces opposées. L’autre objectif à plus long terme est de déloger les forces du SPLM/A-IO (RM) sur le territoire et d’augmenter les zones contrôlées par le gouvernement.

Sur un autre plan, la violence dans le sud de l’État d’Unité a aussi été caractérisée et alimentée par la propagation de discours haineux par le biais de divers médias, y compris des plateformes en ligne. Certains hauts fonctionnaires du gouvernement du sud de l’État d’Unité ont joué un rôle central dans la propagation des discours de haine et l’incitation à la violence.