L'actualité mondiale Un regard humain

L’ONU lance un programme pour lutter contre les voyages des terroristes

Des Iraquiens sortent de leur maison détruite quelques minutes après qu'un kamikaze de l'EIIL a fait exploser son véhicule dans la rue devant leur domicile dans le quartier d'Al Andalus à Mossoul, en Iraq (archives).
Photo HCR/Ivor Prickett
Des Iraquiens sortent de leur maison détruite quelques minutes après qu'un kamikaze de l'EIIL a fait exploser son véhicule dans la rue devant leur domicile dans le quartier d'Al Andalus à Mossoul, en Iraq (archives).

L’ONU lance un programme pour lutter contre les voyages des terroristes

Paix et sécurité

Les Nations Unies ont lancé mardi au siège de l'Organisation à New York un programme pour lutter contre les déplacements internationaux des terroristes.

Le programme est un projet du Bureau du contre-terrorisme de l’ONU (OCT) en partenariat avec la Direction exécutive du contre-terrorisme (CTED), l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Office des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC).

Ce nouveau programme comprend notamment la mise à disposition des Etats membres de GoTravel – un outil informatique conçu par les Pays-Bas qui vise à mieux détecter les voyages de présumés terroristes et extrémistes.

« Les récents attentats odieux commis au Kenya, en Nouvelle-Zélande et au Sri Lanka, entre autres, sont un rappel tragique de la portée mondiale du fléau du terrorisme », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors du lancement du programme. « Ces attaques soulignent la nécessité de travailler en étroite collaboration avec des partenaires du système des Nations Unies et au-delà ».

Au cours des sept dernières années, un nombre « considérable » de terroristes se sont déplacés à travers le monde vers et depuis des zones de conflit. En 2017, l’ONU estimait que plus de 40.000 combattants terroristes étrangers originaires de plus de 110 pays auraient rejoint des groupes terroristes en Syrie et en Iraq. Après la défaite territoriale de l'Etat islamique en Iraq et au Levant (EIIL), de nombreux terroristes tentent de rentrer chez eux ou de s'installer dans des endroits qu'ils jugent sûrs ou dans d'autres parties du monde troublées.

« Beaucoup sont bien entraînés et pourraient mener de futures attaques terroristes. D'autres espèrent radicaliser et recruter de nouveaux adeptes à leur cause », a alerté M. Guterres. Ces terroristes, « ainsi que ceux qu’ils inspirent, représentent une menace transnationale majeure », a-t-il dit.

Détecter et déstabiliser les terroristes et d'autres criminels très dangereux avant qu'ils ne commettent une attaque est une priorité absolue pour la communauté internationale. Dans sa résolution 2396, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations Unies ont réaffirmé la nécessité de renforcer leur coopération internationale et le partage des informations afin d’améliorer les capacités de détection au niveau national et de prévenir les déplacements des terroristes.

Lutter contre l'extrémisme violent tout en respectant pleinement les droits de l'homme

Selon M. Guterres, le nouveau programme de l’ONU aidera les États membres à collecter, traiter et partager les données sur les voyages avec d'autres autorités nationales et internationales compétentes, « dans le plein respect de la vie privée et des autres libertés fondamentales ».

« Nous savons que des politiques qui respectent pleinement les droits de l'homme sont essentielles pour lutter contre l'extrémisme violent », a souligné le Secrétaire général.

Pour le chef de l’ONU, les échanges d'informations renforceront la capacité des États Membres à détecter, prévenir, enquêter et poursuivre efficacement les infractions terroristes, y compris leurs voyages. « Cela permettra également de détecter et de perturber le trafic d'êtres humains et d'autres formes de crime organisé grave et d'identifier plus rapidement leurs victimes », a-t-il ajouté, soulignant que « la famille des Nations Unies est prête à aider à protéger et à garantir les droits de toutes les victimes dont le projet sert les intérêts ».

M. Guterres a souligné que le nouveau programme représente le « type d’approche coopérative, intergouvernementale et institutionnelle » qu’il avait préconisée lors de la création du Pacte mondial de coordination de la lutte contre le terrorisme en 2018, « afin de renforcer la coordination et la cohérence de la lutte antiterroriste dans l’ensemble du système ».

Le chef de l’ONU a appelé les Etats membres et les organisations internationales « à continuer à travailler ensemble de manière pragmatique et novatrice » pour faire face aux menaces graves qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales.