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Malgré la violence, il y a une immense soif de paix en Afghanistan, déclare un responsable de l'ONU

Des électeurs devant un bureau de vote à Kandahar, en Afghanistan, le 27 octobre 2018.
Photo MANUA/Mujeeb Rahman
Des électeurs devant un bureau de vote à Kandahar, en Afghanistan, le 27 octobre 2018.

Malgré la violence, il y a une immense soif de paix en Afghanistan, déclare un responsable de l'ONU

Paix et sécurité

Une conférence internationale de haut niveau sur l’Afghanistan a débuté mardi au siège de l’Organisation des Nations Unies à Genève, dans le but de montrer sa solidarité avec ce pays déchiré par la guerre et d'accroître le soutien aux efforts du gouvernement pour promouvoir le développement, ainsi que la paix et la sécurité en général.

S'adressant aux journalistes au début de cette réunion de deux jours au Palais des Nations, un haut responsable de l'ONU, Toby Lanzer, Représentant spécial adjoint de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a déclaré que tous ceux qu'il avait rencontrés recherchaient une solution pour mettre fin à la violence.

Les Nations Unies font tout ce qui est en leur pouvoir pour les aider, avec l'appui de la communauté internationale, a-t-il insisté, notant que la question de la paix serait « tout naturellement » un élément des discussions.

« 2019 marquera le 40ème anniversaire - quatre décennies d'instabilité - en Afghanistan. Pour la grande majorité des habitants du pays, ils ont grandi en connaissant les conflits et rien d’autre », a-t-il déclaré. « Il y a une immense soif de paix. Je n'ai rencontré que des Afghans qui souhaitent mettre fin à la violence ».

Il faut que les choses appartiennent aux Afghans et soient dirigées par les Afghans - Toby Lanzer, Représentant spécial adjoint de la MANUA

L'un des objectifs de la conférence - à laquelle assistent le Président de l'Afghanistan, Ashraf Ghani, le Chef de l'exécutif, Abdullah Abdullah, ainsi que de nombreux ministres des affaires étrangères, y compris de la Russie, de la Turquie et de pays de l'Union européenne - est de souligner l'importance du développement pour assurer la paix et la sécurité.

La réunion de Genève va également permettre de mesurer ce qui a été accompli en Afghanistan après que la communauté internationale a engagé 15,2 milliards de dollars dans le pays dans le cadre d'un plan quadriennal en 2016.

« Que ce soit la paix, la sécurité, le développement, le commerce, il faut que les choses appartiennent aux Afghans et soient dirigées par les Afghans », a déclaré M. Lanzer, avant de souligner que les progrès avaient été « plus rapides et meilleurs » que prévu, notamment pour la réforme du secteur de la sécurité.

Les critères du Fonds monétaire international (FMI) « ont non seulement été atteints, mais également dépassés », a poursuivi le responsable de la MANUA.

Toby Lanzer dans le studio de l'ONU à Genève où il a déclaré que 2019 serait une année décisive pour l'Afghanistan, après près de 40 ans de violence, de pauvreté et de sécheresse.
Photo : ONU Genève/Daniel Johnson
Toby Lanzer dans le studio de l'ONU à Genève où il a déclaré que 2019 serait une année décisive pour l'Afghanistan, après près de 40 ans de violence, de pauvreté et de sécheresse.

L’une des pires sécheresses

Les besoins humanitaires actuels dans le pays sont à des niveaux d’urgence pour des millions de personnes et sont le résultat de l’une des pires sécheresses que connaît le pays. Elle a détruit les récoltes et le bétail, frappant plus durement la population essentiellement rurale.

Selon Toby Lanzer, la situation de 3,6 millions de personnes affectées par une insécurité alimentaire chronique les placent « à deux doigts de la famine ».

En plus de fournir de la nourriture aux personnes dans le besoin, fournir un abri aux personnes déplacées par la famine - ou qui retournent en Afghanistan - reste l’un des défis humanitaires les plus urgents dans le pays, avant l’hiver.

« Jusqu'à présent cette année, 675.000 personnes sont revenues d'Iran en Afghanistan », a déclaré M. Lanzer. « Et dans le même temps, un demi-million de personnes ont été forcées de quitter leur foyer dans le pays. Pourquoi? À cause de la violence en cours et de la sécheresse ».

Le gouvernement d'Ashraf Ghani se (...) dit prêt à des « pourparlers sans conditions préalables » avec des groupes armés talibans – Toby Lanzer, de la MANUA

Évoquant les informations selon lesquelles l'élection présidentielle de 2019 en Afghanistan pourrait être différée, le responsable de l'ONU a déclaré qu'aucun changement de date ne lui avait été communiqué par la Commission électorale indépendante du pays (CEI).

« Nous travaillons sur la base des informations dont nous disposons, à savoir que des élections présidentielles sont actuellement programmées pour le 20 avril (2019) », a-t-il déclaré, « et c'est la date dont nous discutons toujours avec les autorités ».

M. Lanzer a noté que les récentes élections législatives ont marqué un moment important, car elles se sont déroulées « sans un soutien organisationnel massif de la communauté internationale ». Il a jugé également très significatif à la fin de février de cette année que le gouvernement d'Ashraf Ghani se soit dit prêt à des « pourparlers sans conditions préalables » avec des groupes armés talibans.

Cette nouvelle approche s'est accompagnée d'un « effort plus concerté de la communauté internationale pour contribuer à ce processus », a ajouté M. Lanzer, en en faisant un « moment propice pour se réunir et réaffirmer nos engagements et notre soutien en faveur de l’Afghanistan ».