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Philippines : des experts de l'ONU demandent le retrait de noms de la ‘liste du terrorisme’ du gouvernement

Victoria Tauli-Corpuz, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
ONU Info/Dianne Penn
Victoria Tauli-Corpuz, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Philippines : des experts de l'ONU demandent le retrait de noms de la ‘liste du terrorisme’ du gouvernement

Droits de l'homme

Des experts des droits de l'homme des Nations Unies ont salué lundi une décision judiciaire aux Philippines déclarant que Victoria Tauli-Corpuz - la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones - ne fait pas partie des gens inscrits sur la liste de personnes appartenant à des ‘organisations terroristes’.

La décision a été rendue le 27 juillet par le tribunal régional de Manille concernant une requête présentée en février 2018 par le ministère de la justice des Philippines. Dans cette requête, Mme Tauli-Corpuz était nommée, avec plus de 600 autres personnes, sur une liste les accusant de facto d’être des terroristes et membres présumés de l’Armée du nouveau peuple et du Parti communiste des Philippines.

« Bien que nous nous félicitions de cette décision, nous sommes toujours profondément préoccupés par la poursuite de la mention de beaucoup d’autres personnes, y compris des défenseurs des droits humains, dans la pétition, car cela les qualifie de terroristes », ont déclaré Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, et Dainius Pūras, Rapporteur spécial sur le droit à la santé physique et mentale.

Depuis février, la liste des supposés ‘terroristes’ a soulevé un tollé mondial. L’inclusion de Mme Tauli-Corpuz sur cette liste a été vue comme un acte de représailles pour les commentaires publics qu’elle avait faits au sujet des Philippines dans le cadre de son mandat de Rapporteur spécial.

« Le fait qu'un titulaire de mandat des Nations Unies ait fait l'objet d'une attaque aussi inacceptable est très préoccupant », a déclaré M. Pūras, qui préside le Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. « Au fil des ans, les Etats membres du Conseil des droits de l'homme ont nommé des experts indépendants pour évaluer la situation des droits de l'homme dans le monde. Ces États membres ont donc la propre responsabilité de garantir et de respecter l'autorité et la légitimité des experts de l'ONU et de veiller à ce qu'ils puissent s'acquitter de leurs mandats de manière sûre et sans entrave, sans aucune intimidation », a-t-il souligné.

M. Forst a, pour sa part, déclaré que l’inclusion des défenseurs des droits de l’homme, parmi lesquels les peuples autochtones, sur la liste du gouvernement équivaut à l’intimidation et au harcèlement des personnes défendant pacifiquement leurs droits.

« Supprimer quelques noms prestigieux de la liste ne nous fera pas arrêter d'attirer l'attention sur la situation des autres, dont la sécurité physique et l'intégrité sont encore sous une pression immense », a ajouté le Rapporteur spécial.

Les deux experts de l'ONU exhortent le gouvernement philippin à respecter non seulement la décision de justice, mais à retirer tous les défenseurs des droits de l'homme de la liste dite ‘terroriste’ et, plus généralement, à créer un environnement leur permettant de poursuivre leur travail légitime de défense des droits sans représailles ni peur.