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Philippines : de nouvelles allégations contre une experte de l'ONU constituent des représailles évidentes

La Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones Victoria Tauli-Corpuz. Photo ONU / JC McIlwaine
La Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones Victoria Tauli-Corpuz. Photo ONU / JC McIlwaine

Philippines : de nouvelles allégations contre une experte de l'ONU constituent des représailles évidentes

Droits de l'homme

Des experts des droits de l'homme de l'ONU ont exprimé mercredi leur vive inquiétude face aux nouvelles accusations portées par les autorités philippines contre la Rapporteure spéciale de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz. 

« Les nouvelles accusations portées contre Mme Tauli-Corpuz sont clairement des représailles pour son travail inestimable de défense des droits humains des peuples autochtones dans le monde entier et aux Philippines », ont déclaré ces experts des Nations Unies dans un communiqué de presse.

Le chef d'état-major adjoint pour les opérations civilo-militaires, le général de brigade Antonio Parlade, a déclaré lors d'une conférence de presse à Manille le 13 mars que les Nations Unies avaient été infiltrées par le Parti communiste des Philippines par l'intermédiaire de Mme Tauli-Corpuz. 

« Les allégations contre Mme Tauli-Corpuz selon lesquelles elle est affiliée au Parti communiste et aux activités terroristes sont sans fondement en fait ou en droit », précisent les experts.

En fait, rappellent-ils, une décision du tribunal de Manille en date du 27 juillet 2018 a effectivement ordonné que le nom de Mme Tauli-Corpuz soit retiré d'une requête déposée par le Département de la justice pour que le Parti communiste soit déclaré organisation terroriste. 

La Rapporteure spéciale, de nationalité philippine, a été prise pour cible à plusieurs reprises par les autorités, accusée de terrorisme et d'appartenance présumée à la Nouvelle armée populaire. L'année dernière, le porte-parole du Président a publiquement accusé la Rapporteure spéciale de chercher à embarrasser l'administration Duterte.

« Le discours criminalisant utilisé par les fonctionnaires philippins sape la valeur du travail vital des défenseurs des droits humains, les dénigre aux yeux du public et peut les exposer à des menaces, à la violence ou à d'autres formes de harcèlement », ont déclaré les experts. 

« Nous appelons le gouvernement philippin à cesser immédiatement ces attaques inacceptables contre le travail de Mme Tauli-Corpuz dans le domaine des droits humains et à assurer sa sécurité physique », ont-il ajouté.  

Les trois experts cosignataires du communiqué sont Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, et Fionnuala Ní Aoláin, Rapporteure spéciale sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste.