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Au Soudan du Sud, les combats et les violations des droits de l’homme continuent (ONU)

Bintou Keïta, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, devant le Conseil de sécurité. (archives)
Photo : ONU/Rick Bajornas
Bintou Keïta, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, devant le Conseil de sécurité. (archives)

Au Soudan du Sud, les combats et les violations des droits de l’homme continuent (ONU)

Paix et sécurité

Malgré la signature d’un accord entre les belligérants, la situation sécuritaire au Soudan du Sud demeure gravement préoccupante, a prévenu jeudi la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Bintou Keïta, devant le Conseil de sécurité.

Cette situation se caractérise par des violations répétées de l’accord du cessez-le-feu par les parties qui pourtant s’étaient engagées à l’honorer ainsi que de graves violations des droits de l’homme, notamment dans les régions centrale et méridionale de l’État de l’Unité.

Mme Keïta est intervenue au lendemain du meurtre d’un Casque bleu de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Un acte atroce qu’elle a condamné dans les termes les plus fermes. Pour la Sous-Secrétaire générale, il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’un crime de guerre, précisant que l’ONU interviendra auprès de toutes les parties prenantes pour identifier les auteurs de ce meurtre.

La MINUSS a enregistré de nombreux incidents sécuritaires impliquant les forces du gouvernement provisoire d’union nationale et du Mouvement/l'Armée populaire de libération du Soudan dans l'opposition (M/APLS dans l'opposition) dans plusieurs localités du pays. Mme Keïta a cité les dizaines d’accrochages qui se sont déroulés entre le 5 et le 23 juin, faisant de nombreux morts et blessés parmi les civils, auxquels s’ajoutent des villages incendiés, du bétail volé et des stocks de vivres pillés.

Les combats aggravent la situation humanitaire et l’insécurité alimentaire

La Sous-Secrétaire générale a averti les membres du Conseil de sécurité que la poursuite des combats a un impact direct sur la situation humanitaire et la sécurité alimentaire du pays, en raison de la destruction des stocks de vivres, des déplacements depuis les zones agricoles, de l’interruption des systèmes alimentaires et de la réduction des ressources en eau. 

La faim et la malnutrition ont atteint des niveaux record avec 1,75 million de personnes proches de la catastrophe. Mme Keita a averti qu’à moins de recevoir une aide soutenue, plus de sept millions de personnes pourraient sombrer dans une grave insécurité alimentaire et plus d’un million d’enfants âgés de moins de cinq ans souffriront de malnutrition cette année. Elle a aussi signalé que 30 travailleurs humanitaires ont été tués en 2017 et sept autres depuis le début de l’année.

Les restes d'une maison brûlée à Bor, au Soudan du Sud. (archives)
Photo OCHA/Jacob Zocherman
Les restes d'une maison brûlée à Bor, au Soudan du Sud. (archives)

 

Mercredi, à Khartoum, les parties au conflit au Soudan du Sud ont signé un accord en vue d’un cessez-le-feu permanent. Dans la capitale soudanaise, le Président Salva Kiir et son rival Riek Machar ont commencé à discuter de certaines des questions litigieuses concernant le partage du pouvoir et des dispositifs sécuritaires.

Mme Keïta a estimé que si cette déclaration traite, dans une large mesure, de tous les points contentieux, des discussions supplémentaires demeuraient nécessaires pour en préciser les détails afin de pouvoir s’assurer que les parties mettront en œuvre l’accord dans le cadre d’un mécanisme de mise en œuvre effectif. L’engagement des dirigeants régionaux et les réunions en tête à tête entre le Président Kiir et M. Machar représentent des avancées positives dont il faut profiter, s’est-elle félicitée.

Cependant, la paix au Soudan du Sud ne pourra être réalisée sur la seule base d’un accord bilatéral entre les deux dirigeants, a prévenu la Sous-Secrétaire générale. Constatant que l’issue des efforts régionaux et internationaux pour conclure un accord politique demeure opaque, Mme Keïta a souligné que la paix ne pourra être durable que si l’accord revitalisé s’avère inclusif et juste, répond aux causes sous-jacentes du conflit et implique toutes les parties prenantes, notamment les femmes et les jeunes.

Pour Mme Keïta, ce processus exigera en outre l’appui continu du Conseil de sécurité afin que toutes les parties prenantes comprennent qu’un Soudan du Sud pacifique bénéficiera de l’appui de la communauté internationale, mais qu’il y aura des conséquences pour ceux qui continuent d’alimenter le conflit.