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Le HCR vivement préoccupé par les conditions endurées par les réfugiés et migrants nouvellement arrivés au Yémen

Un site de personnes déplacées dans le gouvernorat d'Amran, au Yémen. (archive) Photo : Giles Clarke pour OCHA
Un site de personnes déplacées dans le gouvernorat d'Amran, au Yémen. (archive) Photo : Giles Clarke pour OCHA

Le HCR vivement préoccupé par les conditions endurées par les réfugiés et migrants nouvellement arrivés au Yémen

Migrants et réfugiés

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s'est dite extrêmement préoccupée par l'aggravation de la situation des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants nouvellement arrivés au Yémen.

La poursuite du conflit, la détérioration de la situation économique et l’augmentation de la criminalité exposent les personnes aux préjudices et à l’exploitation

Le conflit et l’insécurité prolongés qui menacent les institutions et affaiblissent l’État de droit du pays, a entrainé une augmentation des cas d’extorsion, de traite d’êtres humains et de retours forcés de plus en plus importants,  a expliqué le porte-parole du HCR, William Spindler, lors d'une conférence de presse à Genève. Parmi les nouveaux arrivants, un grand nombre sont arrêtés, détenus, maltraités, puis poussés à effectuer une traversée en mer ou renvoyés de force par les mêmes passeurs qui les avaient amenés au Yémen.

Depuis février 2018, le HCR fait son possible pour améliorer la situation d’une centaine de nouveaux arrivants au Yémen qui ont été arrêtés et maintenus en détention. Ces personnes ont fait l’objet de menaces de retour forcé ou d’expulsion, ainsi que d’extorsion et de diverses formes d’abus de la part des trafiquants ou pendant leur détention.

Les signalements d’abus à l’intérieur des centres de détention sont nombreux, a ajouté William Spindler. Parmi les nouveaux arrivants, certains endurent des violences physiques et sexuelles. Des survivants ont décrit au HCR être victimes de tirs par balles, de viols d’adultes et d’enfants ainsi que d’humiliations - comme la nudité forcée, les privations de nourriture ainsi que le fait de devoir assister à des exécutions sommaires.

Concernant les retours forcés, le HCR a reçu des informations faisant état de personnes contraintes par des passeurs à embarquer à bord de bateaux au large de la côte yéménite. En janvier 2018, plus de 50 Somaliens se seraient noyés au cours d’une de ces opérations.

Pour les personnes refoulées de l’autre côté du golfe d’Aden, beaucoup d’entre elles sont de nouveau la proie de passeurs et de trafiquants qui les attirent pour tenter à nouveau le voyage.

D’autres font l’objet d’extorsions, et ce même pendant leur retour forcé. Le mois dernier, par exemple, le HCR a reçu des informations selon lesquelles un groupe de migrants et de demandeurs d’asile a été transporté vers un point de départ dans le détroit de Bab Al Mandab au Yémen en vue d’un retour forcé imminent, pour y être ensuite détenus par des passeurs cherchant à obtenir une rançon supplémentaire pour leur libération. Ils ont été obligés d’appeler leurs familles en Ethiopie qui ont dû transférer jusqu’à 700 dollars par personne pour la libération de leurs proches.

Les nombreuses interventions et activités  du HCR sur ces problèmes ont été entravées par la complexité des structures de responsabilité et de redevabilité au Yémen en raison du conflit en cours.  Nous demandons à tous les acteurs étatiques et non étatiques de contrôler efficacement les lieux de rétention où sont détenus les nouveaux arrivants, afin d’assurer que les personnes détenues sont traitées humainement et dans la dignité, conformément aux législations sur les réfugiés et les droits humains, a rappelé le porte-parole du HCR

L'agence onusienne recherche également un accès sans entrave pour aider les personnes en quête d’une protection internationale, conformément au droit international et plaide également en faveur d’arrangements pour le retour des non-réfugiés, en coordination avec les agences internationales et en garantissant le principe du retour librement consenti.

Le HCR apporte son appui aux autorités yéménites pour accueillir, enregistrer et délivrer des documents aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. L'agence cherche à accroître son appui au Service yéménite en charge de l’immigration, des passeports et de la naturalisation afin d’améliorer les dispositifs d’accueil pour les nouveaux arrivants. 

Malgré le conflit en cours, le Yémen a toujours été un pays de migration et de transit depuis la Corne de l’Afrique vers la péninsule arabique et au-delà. Les mouvements migratoires mixtes comprennent des réfugiés, des demandeurs d’asile, des victimes de la traite d’êtres humains et des migrants qui souhaitent rester au Yémen ou transiter vers les États du Golfe.

Le HCR a déjà lancé de nombreuses mises en garde contre les risques de traversée vers le Yémen, un pays ravagé par la guerre. Pour les nouveaux arrivants en quête de protection internationale, l’accès aux systèmes d’asile au Yémen est extrêmement difficile et les personnes peuvent ne pas être en mesure de faire enregistrer leur demande d’asile ou leur présence par les autorités, en particulier dans le nord du pays.

L’insécurité et la guerre qui prévalent limitent sérieusement la capacité de l'agence onusienne et d’autres organisations humanitaires d’atteindre la population qui a besoin d’aide humanitaire.

Pour sensibiliser ceux qui envisagent le périlleux voyage au Yémen à partir de la Corne de l'Afrique, le HCR a lancé une campagne régionale de sensibilisation "Traversées périlleuses" en février 2017