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Syrie : l'utilisation d'armes chimiques par Damas et Daech « ne fait aucun doute » (Mécanisme d'enquête conjoint)

Edmond Mulet, chef du Mécanisme d'enquête conjoint de l'ONU et de l'OIAC sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie (archive).
ONU Photo/Kim Haughton
Edmond Mulet, chef du Mécanisme d'enquête conjoint de l'ONU et de l'OIAC sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie (archive).

Syrie : l'utilisation d'armes chimiques par Damas et Daech « ne fait aucun doute » (Mécanisme d'enquête conjoint)

Le Mécanisme d'enquête conjoint (JIM) de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l'ONU a annoncé mardi que des armes chimiques ont bien été utilisées dans deux incidents sur lesquels il investiguait.

« Il ne fait aucun doute », a déclaré le chef du Mécanisme d'enquête conjoint, Edmond Mulet qui a présenté mardi ses conclusions au Conseil de sécurité. Daech est responsable de l'utilisation d'ypérite à Oum Haouch les 15 et 16 septembre 2016, tandis que la République arabe syrienne est responsable de l'utilisation de sarin à Khan Cheïkhoun le 4 avril 2017.

« Le mandat du Conseil de sécurité est de savoir qui est derrière ces attaques », a déclaré M. Mulet dans un entretien accordé à ONU Info. « Tout ce que nous avons fait de façon très minutieuse, professionnelle et scientifique ne nous laisse aucun doute sur nos attributions faites à l'EIIL et la République arabe syrienne », a-t-il ajouté.

Dans le cadre de son enquête, le JIM a échangé avec de multiples experts, scientifiques, laboratoires indépendants, spécialistes de munitions et de missiles balistiques et chimistes.

« Chacun de ces cas a été analysé, remis en question, corroboré avec chacune des informations que nous avons reçues afin d'aboutir à ces conclusions », a dit M. Mulet, qui s'est dit confiant sur les conclusions des enquêtes menées par le Mécanisme.

M. Mulet a précisé que le Mécanisme n'a pas pu se rendre sur les sites des incidents. Il était trop dangereux de se rendre à Khan Cheïkhoun qui est aux mains de l'organisation terroriste Al Nusra, a-t-il déclaré. Malgré cela, le Mécanisme a amassé suffisamment d'informations crédibles pour parvenir à une conclusion solide dans les deux cas, a poursuivi M. Mulet.

« Nous avons toutes les déclarations des témoins, toutes la chimie, les vidéos, les images, les études balistiques faites à Oum Haouch », a-t-il dit.

Pour Khan Cheïkhoun, le Mécanisme n'a reçu le rapport de la Mission d'établissement des faits, « qui est la base de notre enquête », seulement le dernier jour de juin de cette année, soit presque trois mois après l'incident. « Le cratère où le sarin a été libéré a été rebouché avec du ciment. Il n'y avait donc pour nous aucune utilité et valeur d'aller sur ces sites », a dit M. Mulet.

Pour le chef du Mécanisme, la balle est désormais dans le camp du Conseil de sécurité. « Nous allons voir ce que va décider le Conseil de sécurité. C'est leur responsabilité de suivre sur cette question », a-t-il dit.

L'autre question est de savoir si le mandat du Mécanisme, qui arrive à expiration le 16 novembre, sera renouvelé. « Cela est en train d'être discuté au Conseil de sécurité », a dit M. Mulet. « Espérons qu'ils renouvellent notre mandat ».

Le chef du Mécanisme a indiqué que l'OPCW a transmis le 2 novembre au JIM une nouvelle découverte selon laquelle du sarin a été utilisée et libérée dans le cadre d'une opération militaire le 30 mars. « Nous aurons aussi à enquêter sur cet incident », a dit M. Mulet, précisant que l'OIAC enquête également sur six à sept autres incidents concernant l'utilisation de chlore par Damas. « Il y a donc beaucoup de travail à faire à l'avenir », a dit M. Mulet. « Mais nous sommes dans les mains du Conseil de sécurité ».

Le Mécanisme d'enquête conjoint a été créé en 2015 par le Conseil de sécurité pour combattre l'impunité relative à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. « Les responsables de ces incidents et de ces attaques quels qui soient, doivent rendre des comptes », a souligné Mulet, rappelant que l'utilisation d'armes chimiques constitue un crime qui va à l'encontre de tous les traités et conventions internationaux.

« Le Conseil de sécurité a créé ce mécanisme pour savoir qui est derrière ces attaques. Le JIM a fait son travail », a dit le chef du Mécanisme, prévenant que tôt ou tard, les responsables répondront de leurs actes. « Un jour, la reddition des comptes frappera à leurs portes ».