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Syrie : l'ONU ne constate aucune évolution dans la destruction des installations d'armes chimiques

Izumi Nakamitsu, Haut représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité en mai 2017. Photo ONU/ Eskinder Debebe
Izumi Nakamitsu, Haut représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité en mai 2017. Photo ONU/ Eskinder Debebe

Syrie : l'ONU ne constate aucune évolution dans la destruction des installations d'armes chimiques

La Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu, a souligné mardi devant le Conseil de sécurité qu'il n'y avait pas eu d'évolution dans la destruction des installations de fabrication des armes chimiques en Syrie.

Pour cette réunion du Conseil de sécurité, Mme Nakamitsu était accompagnée d'Edmond Mulet, nommé le 1er mai dernier à la tête du groupe de trois experts indépendants qui dirigent le Mécanisme d'enquête conjoint de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l'Organisation des Nations Unies (ONU).

Mme Nakamitsu a salué le degré important de coopération entre le Bureau des affaires de désarmement et l'OIAC, ainsi qu'avec la Mission permanente de la Syrie auprès des Nations Unies et les membres du Conseil de sécurité.

Comme l'indiquent les trois dernières lettres du Secrétaire général sur le sujet, la situation en ce qui concerne la destruction des installations de fabrication d'armes chimiques déclarées par la République arabe syrienne demeure inchangée, a-t-elle dit. Si le Secrétariat technique de l'OIAC a déjà vérifié la destruction de 24 des 27 installations déclarées, la situation sécuritaire actuelle empêche toujours l'accès aux trois sites restant, dont un hangar d'avions.

La reprise des consultations à La Haye devrait faire avancer ce dossier, a espéré la Haut-Représentante. Elle a souligné que le Directeur général de l'OIAC avait présenté un rapport en juillet 2016 pour demander à la Syrie de faire évoluer son approche sur les questions en suspens.

Plus récemment, en mars 2017, le Directeur général a envoyé une lettre au Ministre des affaires étrangères adjoint de la Syrie pour l'inviter à la reprise des consultations prévue début mai. Il a finalement été décidé de reporter ces discussions pour qu'elles soient le plus fructueuses possibles.

Concernant le travail accompli par la mission d'établissement des faits de l'OIAC en Syrie, Mme Nakamitsu a signalé la parution de deux nouveaux rapports. Le premier porte sur l'incident du 16 septembre 2016 et rend compte de l'enquête menée par l'équipe d'établissement des faits de l'OIAC sur les allégations d'utilisation d'armes chimiques dans la zone d'Um Hosh, aux environs d'Alep.

Cette équipe a été déployée deux fois à Damas, en décembre 2016 et en janvier 2017, pour mener des entretiens et recueillir des témoignages et d'autres informations. Mais elle n'a pas pu se rendre sur les lieux à cause des conditions de sécurité. En analysant les échantillons de sang de deux femmes victimes, l'équipe a révélé leur exposition au gaz moutarde, ou « ypérite au soufre ».

L'équipe a aussi mené une évaluation et prélevé des échantillons sur un mortier, celui-ci ayant par la suite été remis à une équipe d'experts chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires de la Fédération de Russie. La présence du même gaz a été relevée sur ce mortier.

Mme Nakamitsu a aussi donné les détails de l'enquête concernant un autre incident survenu à Khan Cheïkhoun, le 4 avril 2017, qui se base sur des analyses d'échantillons biomédicaux des victimes et d'échantillons biologiques et environnementaux provenant d'animaux morts. L'équipe a assisté à l'autopsie des trois victimes présumées, a-t-elle précisé avant de donner le résultat des analyses : l'exposition au gaz sarin.

Elle a cependant souligné qu'il ne s'agissait pas du rapport final et que l'équipe envisageait de se rendre à Khan Cheïkhoun. Comme la zone n'est pas contrôlée par le gouvernement, un soutien logistique, opérationnel et sécuritaire a été demandé aux Nations Unies, ce à quoi le Secrétaire général a répondu positivement.