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Syrie : l'attaque de Rachidine pourrait constituer un crime de guerre, selon le Haut-Commissariat aux droits de l'homme

UN garçon pousse une chaise roulante dans une rue remplie de débris du quartier d'Al-Mashatiyeh dans la partie est d'Alep, en Syrie.
UNHCR/Bassam Diab
UN garçon pousse une chaise roulante dans une rue remplie de débris du quartier d'Al-Mashatiyeh dans la partie est d'Alep, en Syrie.

Syrie : l'attaque de Rachidine pourrait constituer un crime de guerre, selon le Haut-Commissariat aux droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a condamné mardi l'attaque perpétrée contre un convoi d'évacuation de civils près de Rachidine, en Syrie, et a appelé toutes les parties à assurer la sécurité et la protection de toutes les personnes évacuées.

Samedi, un convoi transportant des personnes évacuées des villes assiégées de Foah et Kefraya vers des zones contrôlées par le gouvernement syrien a été frappé par une attaque ayant tué des douzaines de personnes.

« Il s'agit d'une attaque qui constitue probablement un crime de guerre », a déclaré le porte-parole du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève.

Bien qu'il ne soit pas en mesure de confirmer la façon dont l'attaque a été menée ou leurs responsables, le HCDH a pu visionner des images montrant un rassemblement d'enfants autour d'une personne qui distribuait des bonbons juste avant l'explosion.

« Nous venons de parler au chef du Département de médecine légale d'Alep qui nous a informé que les hôpitaux de la ville d'Alep ont reçu les corps de 96 civils, dont 13 femmes, 16 hommes et 67 enfants, parmi eux 16 filles et 51 garçons. Il y a également au moins 120 civils à l'hôpital universitaire d'Alep », a indiqué M. Colville, précisant que ces personnes ont été évacuées de Foah et Kefraya dans le cadre du plan d'évacuation dit des 'Quatre villes' négocié par le Qatar et l'Iran.

Les personnes évacuées et touchées par l'attaque étaient confrontées à des bombardements incessants depuis plus de deux ans, avec peu de nourriture ou de fournitures médicales, et sous la crainte constante d'une attaque par des groupes armés, a souligné le porte-parole du HCDH.

« Nous avons été en mesure de confirmer que certains civils blessés sont toujours portés disparus - certains auraient été emmenés par des groupes d'opposition armés dans des hôpitaux contrôlés par l'opposition dans le gouvernorat d'Idlib », a déclaré M. Colville. « En raison de leurs sympathies perçues envers le gouvernement syrien, leurs familles sont préoccupées par leur sécurité ».

Le HCDH a également fait part de sa vive préoccupation concernant le bien-être de tous les civils restants à Foah et Kefraya, ainsi qu'à Madaya et Zabadani, qui font partie de l'accord sur les quatre villes.

« Cette attaque, survenue peu de temps après l'attaque de Khan Cheikhoun où plus de 88 civils ont été tués, dont au moins 28 enfants, est un autre exemple de civils qui paient le coût le plus élevé dans cette guerre », a rappelé M. Colville.

« Le nombre élevé de victimes civiles est une indication claire de la violation des droits des conflits armés qui obligent les parties à épargner en tout temps la population civile. Le nombre d'enfants tués est particulièrement odieux », a déploré le porte-parole, réitérant l'appel du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, à la responsabilité et la nécessité de renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI).

Une attaque « terroriste barbare et lâche »

Dans une déclaration de presse publiée mardi, les membres du Conseil de sécurité ont condamné dans les termes les plus forts l'attaque terroriste de samedi la qualifiant de « barbare et lâche » et exprimant leur indignation face aux attaques perpétrées contre des civils. Les 15 ont fait part de leur profonde sympathie et leurs condoléances aux familles des victimes ainsi qu'au peuple de la Syrie.

Les membres du Conseil ont souligné la nécessité de traduire en justice les auteurs, les organisateurs, les financiers et les soutiens de ces actes de terrorisme répréhensibles et a souligné que les responsables de ces attaques terroristes devront rendre des comptes.