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Syrie : 25.000 personnes déplacées dans l'est d'Alep depuis samedi, selon l'ONU

Un enfant de 9 ans avec un bidon à la recherche d'eau dans un quartier de la vieille ville d'Alep, en Syrie. Photo UNICEF/Zayat
Un enfant de 9 ans avec un bidon à la recherche d'eau dans un quartier de la vieille ville d'Alep, en Syrie. Photo UNICEF/Zayat

Syrie : 25.000 personnes déplacées dans l'est d'Alep depuis samedi, selon l'ONU

L'intensification des combats à Alep a forcé près de 25.000 personnes à fuir leurs domiciles dans la partie orientale d'Alep depuis samedi, a indiqué mercredi le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, devant le Conseil de sécurité.

« Alep représente un sommet dans ce qui est devenu un catalogue d'horreurs en Syrie », a dit M. O'Brien dans un exposé par vidéoconférence depuis Londres.

Il a déploré que tous les appels de l'ONU pour protéger les civils syriens aient été largement ignorés. Selon lui, les parties au conflit en Syrie ont prouvé qu'elles étaient prêtes à tout pour obtenir un avantage militaire, même si cela signifie tuer, blesser ou assiéger des civils. « Il n'y a plus de limites ni de ligne rouge à franchir », a-t-il déclaré, car les règles les plus sacrées de la guerre ont été systématiquement bafouées en Syrie.

« On estime que près de 25.000 personnes ont été déplacées dans l'est d'Alep depuis samedi. Cela inclut environ 13.500 personnes, dont 60 à 70% de femmes et d'enfants, réfugiés dans un centre collectif et dans une usine de coton à Jibreen, une zone contrôlée par le gouvernement dans l'est de la ville; 500 personnes avec des membres de leur famille dans l'ouest de la ville ; 8.500 dans des abris à Sheikh Maqsoud, une enclave kurde au nord de la partie orientale de la ville ; et des dizaines de milliers de personnes déplacées dans Alep même », a-t-il expliqué.

Le Croissant-Rouge arabe syrien et des partenaires humanitaires locaux, appuyés par les Nations Unies, répondent aux besoins des familles déplacées à Jibreen, Sheikh Maqsoud et ailleurs. M. O'Brien a expliqué que l'ONU se tenait prête avec des stocks, y compris des denrées alimentaires pour 150.000 personnes. « Il est vital que le gouvernement de la Syrie nous permette de nous déployer dans la sécurité », a-t-il insisté.

D'après certaines informations, des groupes armés non étatiques empêchent les civils de quitter les zones qu'ils contrôlent, a indiqué M. O'Brien. Il s'est également dit très préoccupé par le fait que les civils qui arrivent dans les zones contrôlées par le gouvernement et qui sont soupçonnés d'avoir des liens avec ces groupes risquent d'être confrontés à des arrestations ou des détentions arbitraires, ou pire.

Le militaire l'emporte sur le politique

De son côté, l'Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui s'exprimait par vidéoconférence depuis Genève, a déploré que « le militaire l'emporte sur le politique ».

Une aide doit être fournie à l'intérieur et à l'extérieur d'Alep et ceux qui sont partis doivent être protégés contre les représailles, a-t-il plaidé. Il a rappelé que, le mois dernier, il avait proposé une initiative en trois points, à savoir : le départ des combattants du Front Al-Nosra des quartiers où ils sont retranchés, le rétablissement de l'accès humanitaire et la préservation de l'administration locale, « garantie par ceux qui ont le pouvoir de la garantir ».

Depuis six semaines, à Lausanne, cette proposition est à l'étude. Elle peut s'appliquer à la partie est d'Alep, où une présence manifeste du Front Al-Nosra est toujours observée, a estimé M. de Mistura. Il s'est dit convaincu que tout le monde serait d'accord pour reconnaître la nécessité pour le groupe terroriste de quitter ce secteur. « Mais il ne faut pas se faire d'illusions » : toute solution devra inclure une formule de stabilisation du pays et ne sera pas possible sans un règlement négocié, incluant un mécanisme de partage de pouvoir.

Le Directeur régional du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Geert Cappelaere, qui intervenait par vidéoconférence depuis Amman, en Jordanie, a quant à lui dénoncé l'horreur que les enfants endurent tous les jours en Syrie.

Des dizaines de milliers d'enfants ont été tués et des millions déplacés de leurs foyers, certains plus d'une fois, a-t-il rappelé. Les soins médicaux et l'eau potable ne sont souvent pas accessibles et trop nombreux sont les enfants à avoir vu la mort de leurs proches et la destruction de leurs maisons, écoles et hôpitaux. « Nous devons nous poser la question : que reste-t-il de l'enfance pour les enfants de Syrie ? » a ajouté M. Cappelaere.

Selon les estimations de l'UNICEF, quelque 6 millions d'enfants syriens ont besoin d'une assistance humanitaire, dont 2 millions se trouvent dans des zones d'accès difficile. Près d'un demi-million d'enfants vivent dans des zones assiégées sans aide humanitaire ni services de base depuis des mois.

M. Cappelaere a également fait état de violations graves des droits de l'enfant qui ont eu lieu depuis le début du conflit. Alors que la protection des enfants doit être à tout moment une considération majeure pour la communauté internationale, « nous n'avons pas su le faire ces six dernières années en Syrie, et nous continuons d'échouer », a-t-il souligné.