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Haïti : la nouvelle approche de l'ONU sur le choléra place les gens au cœur de la réponse

Des malades du choléra reçoivent un traitement dans un centre à Cap-Haïtien en Haïti. Photo UNICEF/Maxence Bradley
Des malades du choléra reçoivent un traitement dans un centre à Cap-Haïtien en Haïti. Photo UNICEF/Maxence Bradley

Haïti : la nouvelle approche de l'ONU sur le choléra place les gens au cœur de la réponse

Le combat contre le choléra en Haïti sera long et approfondi mais les Nations Unies seront là avec le peuple et les autorités haïtiennes, a déclaré le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric, à la veille de la présentation de la nouvelle approche de l'Organisation pour lutter contre l'épidémie dans ce pays.

Cette nouvelle stratégie de lutte contre le choléra avait été annoncée en août dernier et doit être présentée par le Secrétaire général Ban Ki-moon devant l'Assemblée générale des Nations Unies jeudi 1er décembre. Elle comporte des interventions rapides dans les zones où des cas sont signalés ainsi que la prévention de futures crises de santé publique à haut risque, et met l'accent sur le soutien aux Haïtiens directement affectés par la maladie.

L'épidémie de choléra en Haïti a commencé en octobre 2010. Elle a touché environ 788.000 personnes et a coûté la vie à plus de 9.200 d'entre elles. Depuis lors, des efforts nationaux et internationaux concertés ont entraîné une réduction de 90% du nombre de cas suspects.

Alors que ce chiffre demeure élevé et que de nouveaux cas liés à l'impact de l'ouragan Matthew montrent la vulnérabilité de la population à la maladie, des responsables de l'ONU ont souligné que le défi n'est pas insurmontable. Une récente campagne de vaccination, soutenue par l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS)/Organisation mondiale de la santé (OMS), a atteint plus de 729.000 personnes dans les zones ravagées par l'ouragan en Haïti.

Plus précisément, la nouvelle approche comporte deux volets. Le premier volet consiste en un effort beaucoup plus intensif et mieux financé pour répondre et réduire l'incidence du choléra en Haïti, tout en abordant les problèmes à court et à long terme des systèmes d'eau, d'assainissement et de santé et l'amélioration de l'accès aux soins et aux traitements.

Cela devrait entraîner une intensification des efforts pour mobiliser un financement adéquat pour un nombre accru d'équipes d'intervention rapide; un renforcement de la surveillance épidémiologique; une détection, une notification et un traitement rapides des cas; une utilisation combinée des vaccinations contre le choléra et des interventions ciblées en matière d'eau et d'assainissement; un meilleur ciblage géographique; une amélioration des stratégies de communication et de changement de comportement; et un soutien accru aux services d'eau et d'assainissement à plus long terme.

« C'est une approche qui va au fond du problème avec des investissements à long terme dans les installations sanitaires dont le pays a besoin pour éradiquer le choléra ; des investissements à court terme pour enrayer la progression du choléra ; et, le plus important, qui met les personnes et les communautés impactées par le choléra au cœur de nos efforts », a expliqué Stéphane Dujarric dans un entretien avec la radio MINUSTAH FM.

Le financement sera la clé de ce volet. Au cours des six dernières années, la réponse immédiate et les efforts à plus long terme ont été sérieusement entravés par un financement limité et irrégulier, ce qui n'a pas permis de traiter ou d'éliminer complètement ce qui est généralement une maladie traitable et évitable.

Haïti : la nouvelle approche de l'ONU sur le choléra place les gens au cœur de la réponse

Le deuxième volet de la nouvelle approche consiste à élaborer un programme d'assistance matérielle et de soutien aux Haïtiens les plus directement touchés par le choléra. Cela devrait inclure la consultation des personnes et des collectivités touchées pour l'élaboration de ce programme.

« Les Nations Unies doivent écouter le peuple haïtien, doivent écouter les communautés qui ont été impactées par cette maladie », a souligné M. Dujarric, ajoutant que les consultations avec les communautés seront d'une grande importance. « Seules les communautés pourront nous expliquer de quoi elles ont besoin, comment nous pouvons les aider », a-t-il précisé.

La nouvelle stratégie examinera la faisabilité d'une approche individuelle, a poursuivi le porte-parole, notant qu'une telle approche nécessiterait une identification précise des victimes du choléra et des membres de leur famille, ainsi qu'un financement adéquat.

« Nous savons très bien et le Secrétaire général sait très bien que les Nations Unies ont une responsabilité morale envers les personnes les plus affectées par l'épidémie de choléra. Nous regrettons les terribles souffrances endurées par le peuple haïtien du fait de l'épidémie », a déclaré M. Dujarric.

La capacité de l'ONU à assumer cette responsabilité morale dépendra du soutien financier et politique des États membres, ont indiqué précédemment des responsables des Nations Unies.

Selon les estimations de l'ONU, le programme devrait coûter environ 400 millions de dollars sur les deux prochaines années. « Ce n'est pas une somme insurmontable et le Secrétaire général espère beaucoup que l'Assemblée générale, que la communauté internationale, se montreront solidaires et seront là pour aider Haïti à un moment où se pays a besoin d'aide », a dit le porte-parole.

« Le plus important à long terme c'est un investissement soutenu dans le réseau sanitaire en Haïti pour s'assurer que la distribution de l'eau soit à un niveau tel où l'eau sauve et nourrit et l'eau n'empoisonne plus comme nous l'avons vu avec le choléra », a-t-il conclu.