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Syrie : le chef de l'humanitaire de l'ONU demande « d'arrêter le carnage » à Alep

En septembre 2016, la Représentante de l'UNICEF en Syrie, Hanaa Singer (à gauche), visite l'hôpital universitaire d'Alep. Photo UNICEF/Khuder Al-Issa
En septembre 2016, la Représentante de l'UNICEF en Syrie, Hanaa Singer (à gauche), visite l'hôpital universitaire d'Alep. Photo UNICEF/Khuder Al-Issa

Syrie : le chef de l'humanitaire de l'ONU demande « d'arrêter le carnage » à Alep

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Stephen O'Brien, s'est dit profondément alarmé par la destruction barbare que subit l'est de la ville syrienne d'Alep où environ 275.000 personnes sont assiégées.

« Des bombardements et pilonnages aveugles se poursuivent d'une manière choquante et implacable, tuant et mutilant des civils, en les soumettant à un niveau de sauvagerie qu'aucun humain ne devrait avoir à endurer », a déclaré M. O'Brien dans une déclaration à la presse publiée dimanche.

Selon le Secrétaire général adjoint, le système de soins de santé dans l'est d'Alep est pratiquement anéanti. « Les installations médicales sont touchées, une par une. J'ai reçu des rapports concernant des attaques sur au moins trois hôpitaux, y compris un hôpital pédiatrique fournissant des services à des milliers d'enfants malades et blessés », a-t-il précisé décrivant un système de santé sur le point de s'effondrer totalement avec des patients se voyant refusés des soins et aucun médicament disponible pour traiter même les maladies les plus courantes.

« Des centaines d'évacuations médicales critiques sont nécessaires de toute urgence », a affirmé M. O'Brien. « Avec de très faibles quantités d'eau potable et de nourriture, le nombre de personnes nécessitant des évacuations médicales d'urgence est susceptible d'augmenter de façon spectaculaire dans les prochains jours », a-t-il prévenu.

Pour le Coordonnateur des secours d'urgence, les femmes, les enfants et les hommes dans l'est d'Alep sont terrifiés, piégés et avec nulle part où se cacher et sont soumis à des bombes anti-bunker, des bombes barils, des obus de mortier et des tirs d'artillerie. « Ceux qui utilisent de telles armes dans des zones densément peuplées savent qu'ils vont causer des dommages et des souffrances immenses aux civils », a-t-il dit. « Pourtant, ils persistent ».

Lundi, des experts du Comité des Nations Unies sur les droits de l'enfant basé à Genève ont déclaré que les attaques répétées du gouvernement syrien et de ses alliés qui tuent et mutilent des enfants dans les quartiers est d'Alep sont « une abdication brutale des obligations internationales des droits de l'homme » qu'ils se sont pourtant engagés à respecter.

Le Comité, présidé par Benyam Dawit Mezmur, a appelé dans une déclaration la Syrie et la Russie, ainsi que la communauté internationale à montrer qu'elles respectent leurs obligations en matière de droits énoncés dans la Convention relative aux droits de l'enfant et le Protocole facultatif concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés.

« Cela ne signifie pas seulement ne pas recruter et/ou utiliser des enfants soldats », a dit M. Mezmur. « Cela signifie ne pas cibler les enfants dans les situations de conflit armé; cela signifie ne pas attaquer des lieux tels que les écoles et les hôpitaux, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre en vertu du droit international humanitaire ».

« Pourtant, dans l'est d'Alep, c'est ce que nous voyons. Les enfants sont tués ou mutilés », a constaté le chef des experts. « Les enfants ne sont pas seulement grièvement blessés, mais sont piégés au milieu des bombardements incessants, incapables d'échapper et de recevoir des soins médicaux vitaux », a-t-il noté.

« Au nom de l'humanité », M. O'Brien a réitéré, auprès des parties et de ceux qui les soutiennent, sa demande de cesser toutes les actions qui peuvent entraîner des pertes de vies humaines ou des dommages aux infrastructures civiles essentielles, permettre une évacuation sanitaire pour l'est d'Alep de sorte que des centaines de cas critiques puissent recevoir des soins médicaux appropriés et un accès humanitaire complet, régulier et sans entrave vers la partie est de la ville tel que l'exige le droit international humanitaire.

« Nous sommes dans une course contre le temps pour protéger et sauver les civils dans l'est de la ville d'Alep. Ils ont besoin de notre action urgente pour mettre fin à leur enfer. Les mots ne suffisent pas », a souligné le chef de l'humanitaire de l'ONU. « L'heure tourne. Arrêtez le carnage maintenant », a-t-il conclu.