L'actualité mondiale Un regard humain

Syrie : l'ONU suspend ses opérations après une attaque meurtrière contre un convoi humanitaire

Un convoi de l'ONU transportant de l'aide pour des familles dans l'est d'Alep coincé à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Photo PAM Moyen-Orient
Un convoi de l'ONU transportant de l'aide pour des familles dans l'est d'Alep coincé à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Photo PAM Moyen-Orient

Syrie : l'ONU suspend ses opérations après une attaque meurtrière contre un convoi humanitaire

Plusieurs hauts responsables des Nations Unies, dont le Secrétaire général Ban Ki-moon, ont vivement dénoncé une attaque meurtrière contre un convoi humanitaire des Nations Unies et du Croissant-Rouge syrien à Urum al-Kubra (Big Orem), au nord-ouest de la ville d'Alep, en Syrie.

Dans un discours à l'ouverture du débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies mardi à New York, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a vivement condamné l'attaque contre le convoi qu'il a qualifiée de « répugnante, sauvage et apparemment délibérée ».

« Les Nations Unies ont été obligées de suspendre les convois d'aide en raison de cet acte odieux. Les travailleurs humanitaires qui apportaient une assistance étaient des héros. Ceux qui les ont bombardés étaient des lâches », a-t-il ajouté.

Lundi soir, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Stephen O'Brien, avait également condamné dans les termes les plus forts cette attaque.

« Je suis dégoûté et horrifié par les informations selon lesquelles un convoi des Nations Unies et du Croissant-Rouge syrien a été frappé (lundi) soir à Urum al-Kubra », a déclaré M. O'Brien dans une déclaration de presse. « Nos pensées vont aux familles des êtres chers perdus et notre solidarité est avec les blessés ».

Selon les informations reçues du terrain, de nombreuses personnes ont été tuées ou gravement blessées, y compris des bénévoles du Croissant-Rouge syrien. Un entrepôt du Croissant-Rouge syrien a également été touché et une clinique médicale de cette organisation aurait également été gravement endommagée.

« La notification du convoi - qui devait atteindre environ 78.000 personnes - avait été transmise à toutes les parties au conflit et le convoi était clairement identifié comme humanitaire », a précisé M. O'Brien. « Il ne peut y avoir aucune explication ou excuse, aucune raison ou justification de faire la guerre à des travailleurs humanitaires courageux et désintéressés essayant d'atteindre leurs concitoyens qui ont désespérément besoin d'aide ».

Stephen O'Brien a rappelé que le droit international humanitaire et le droit relatif aux droits de l'homme énoncent clairement les responsabilités fondamentales des parties belligérantes pour assurer la protection nécessaire de toutes les organisations humanitaires, y compris le personnel et les installations.

« Si cette attaque impitoyable a visé délibérément des humanitaires, cela constituerait un crime de guerre », a souligné M. O'Brien qui a demandé une enquête immédiate, impartiale et indépendante sur cette attaque meurtrière. « Les auteurs doivent savoir qu'ils devront un jour rendre des comptes pour les violations du droit international humanitaire et des droits humains ».

Le chef de l'humanitaire de l'ONU a réitéré sa demande pour un accès rapide, sans condition, sans entrave et durable aux millions de personnes dans le besoin, en particulier dans les zones assiégées et difficiles à atteindre à travers la Syrie.

« Malgré les conditions très difficiles et dangereuses, les organisations d'aide humanitaire restent déterminées à poursuivre leur travail et à atteindre tous ceux qui en ont besoin, peu importe qui ils sont et où ils vivent », a rappelé M. O'Brien. « Maintenant, plus que jamais, cette horreur doit cesser ».

La Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Ertharin Cousin, s'est également déclarée mardi « horrifiée » par l'attaque contre le convoi et l'entrepôt.

Cette attaque « ne découragera pas le PAM de continuer à apporter son assistance à toutes les personnes dans le besoin à travers le pays », a dit Mme Cousin dans un communiqué de presse. « Je demande instamment à toutes les parties prenantes à ce conflit à respecter le droit international et nos principes humanitaires communs et à fournir un accès inconditionnel, sans entrave, durable et sûr à des millions de civils dans le besoin à travers la Syrie, peu importe où ils sont ou qui ils sont ».

La Commission internationale d'enquête indépendante sur la Syrie a aussi dénoncé l'attaque contre le convoi humanitaire.

« Ceci est un coup particulièrement cruel porté à la population de la Syrie à un moment où la priorité devait être l'amélioration de la situation humanitaire des civils assiégés », a déclaré le président de la Commission, Paulo Pinheiro. « Les travailleurs humanitaires ne sont pas parties prenantes à ce conflit et ils ne devraient jamais être ciblés ou leur assistance politisée ».