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Ukraine : des experts de l'ONU dénoncent l'impunité pour les crimes commis dans l'est du pays

La situation dans l'est de l'Ukraine reste instable et continue d'avoir de graves répercussions sur les droits de l'homme. Photo : HCR
La situation dans l'est de l'Ukraine reste instable et continue d'avoir de graves répercussions sur les droits de l'homme. Photo : HCR

Ukraine : des experts de l'ONU dénoncent l'impunité pour les crimes commis dans l'est du pays

Un nouveau rapport publié jeudi par des experts des droits de l'homme des Nations Unies dénonce « le manque de volonté d'enquêter » sur les exécutions sommaires de civils et bombardements aveugles de quartiers résidentiels perpétrés aussi bien par les groupes armés non étatiques que par les forces gouvernementales dans l'est de l'Ukraine.

Ce rapport, réalisé par les experts indépendants de la Mission de surveillance des droits de l'homme de l'ONU en Ukraine, documente les massacres qui ont eu lieu en Ukraine depuis janvier 2014 et met en lumière le manque de responsabilité, qui reste très répandue à travers le pays.

« La responsabilité sera essentielle pour l'établissement d'une paix durable en Ukraine, y compris dans l'est du pays », a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport. « C'est la seule façon d'avancer ».

Selon l'étude, au cours des deux dernières années, le conflit armé qui se déroule actuellement dans certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk, « alimenté par l'afflux de combattants étrangers et d'armes en provenance de la Fédération de Russie », est responsable de la majorité des « violations du droit à la vie en Ukraine ».

Bien que ce rapport de 20 pages indique que les bombardements aveugles de zones résidentielles sont responsables de 90% des 2.000 décès de civils liés au conflit, il précise qu'un grand nombre de personnes, y compris des civils, ont également été exécutées sommairement ou sont mortes en détention.

Selon le rapport, les groupes armés ont principalement exécuté des individus qui avaient ou étaient soupçonnés d'avoir des « vues pro-unitaire ou de soutenir les forces ukrainiennes ». De la même façon, les forces ukrainiennes ont pris pour cible des personnes, selon les experts, en raison de leur appartenance présumée ou de leur soutien aux groupes armés non étatiques, ou pour leurs « vues séparatistes ou pro-russes ».

Le rapport souligne que ces abus sont surtout le résultat d'une culture de l'impunité qui se propage en Ukraine, où les exécutions arbitraires, qu'elles soient le fait des forces ukrainiennes ou des groupes armés, font rarement l'objet de poursuites.

« Personne n'a été tenu pour responsable pour aucun des décès de civils causés par la conduite des affrontements », dénonce le rapport, ajoutant que certains de ces meurtres sont susceptibles de constituer des crimes de guerre.

Par ailleurs, le rapport souligne le « manque généralisé de discipline » parmi les groupes armés et les forces ukrainiennes, qui ont recruté rapidement des soldats et des bataillons de volontaires. « Un nombre important de personnes avec un passé criminel se sont également jointes aux rangs des deux parties », précise le rapport, ajoutant que ces différents facteurs ont conduit à un climat dans lequel des hommes armés « ont facilement recours à la violence contre les civils, en particulier ceux qui 'désobéissent' à leurs ordres ».

Malgré les efforts déployés par le gouvernement pour traduire les auteurs d'exécutions sommaires en justice parmi ses propres rangs, le rapport souligne que certaines enquêtes sont « lentes ou prolongée délibérément afin que les auteurs présumés aient la possibilité d'échapper à la justice ».