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La situation des droits de l'homme se détériore en Ukraine orientale, selon un rapport de l'ONU

Des enfants dans une école du village de Staromykhailovka, situé sur la ligne de front entre les villes de Donetsk et Mariyanovka, en Ukraine.
UNICEF Ukraine / Aleksey Filippov
Des enfants dans une école du village de Staromykhailovka, situé sur la ligne de front entre les villes de Donetsk et Mariyanovka, en Ukraine.

La situation des droits de l'homme se détériore en Ukraine orientale, selon un rapport de l'ONU

Un nouveau rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), publié jeudi, décrit une détérioration des droits humains dans l'est de l'Ukraine en raison de l'escalade des hostilités entre juin et août, et du mépris continu pour la protection des civils des deux côtés du conflit.

La Mission des Nations Unies de suivi des droits de l'homme en Ukraine a recensé 188 victimes civiles liées au conflit dans l'est du pays, dont 28 morts et 160 blessés, au cours des trois mois (mi-mai à mi-août) couverts par le rapport, ce qui représente une augmentation de 66% du nombre de victimes civiles, par rapport à la période précédente.

« L'escalade des hostilités le long de la ligne de contact au cours de l'été fut un rappel brutal que la situation dans l'est de l'Ukraine mérite beaucoup plus d'attention », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. « Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour trouver une solution durable à cette crise et mettre fin aux souffrances de la population civile. Les gens ont besoin de droits de l'homme et de justice, et non pas de morts supplémentaires, de haine plus intense et de destruction », a-t-il ajouté.

Selon le rapport, la proximité des forces gouvernementales et des groupes armés sur la ligne de contact, la prolifération d'armes ainsi que le positionnement de combattants et d'armes par les deux parties dans des zones résidentielles peuplées ont contribué à la montée des tensions et aux risques et dommages causés aux civils.

Plus de la moitié de toutes les victimes civiles enregistrées en juin et juillet étaient le résultat de bombardements de part et d'autre de la ligne de contact et un nombre considérable de civils a également été tué et blessé par des mines, des restes explosifs de guerre et des pièges. Le rapport montre que les civils vivant dans la zone touchée par le conflit sont privés de protection, d'accès aux services de base et d'aide humanitaire, et que leur liberté de mouvement est gravement entravée.

« Bien que la situation se soit améliorée depuis le cessez-le-feu rétabli le 1er septembre, la situation le long de la ligne de contact reste profondément instable, comme en témoignent les incidents qui ont eu lieu le week-end dernier ». a indiqué le Haut-Commissaire. « En fait, il existe un risque réel qu'une nouvelle flambée de violence puisse se produire à tout moment », a-t-il souligné.

Au 15 septembre 2016, le HCDH a enregistré 9.640 décès liés au conflit et 22.431 blessés parmi les forces armées ukrainiennes, les civils et les membres des groupes armés depuis le début du conflit à la mi-avril 2014.

Les observateurs de la Mission ont également constaté que près de 70% des abus et violations présumés des droits de l'homme qu'ils ont recensés entre la mi-mai et la mi-août impliquaient des allégations de torture, de mauvais traitements et de détention au secret. La responsabilité très limitée pour ces violations et abus, qui ont été commis à la fois par les forces de l'ordre ukrainiennes et les groupes armés dans l'est, reste un problème important. « Lorsque des cas liés au conflit ont donné lieu à des poursuites, il y a eu de sérieuses préoccupations au sujet de la procédure établie et des droits à un procès équitable », dit le rapport.

Le rapport note également le harcèlement et l'intimidation dont font l'objet les journalistes qui ont couvert le conflit, ou depuis des zones contrôlées par des groupes armés, souvent avec le consentement tacite - et parfois avec le soutien déclaré - des responsables gouvernementaux de haut rang.

Le rapport met également en évidence la détérioration progressive de la situation des droits de l'homme ainsi que la régression des libertés fondamentales dans la République autonome de Crimée. Avec l'intégration croissante dans la Fédération de Russie, le rapporte constate un manque de responsabilité et de réparation pour les victimes de violations des droits de l'homme, en particulier pour les détenus. Le droit de réunion pacifique a également été encore restreint par les autorités de facto et des personnes continuent d'être interrogées et harcelées par les forces de l'ordre pour avoir exprimé des opinions considérées comme extrémistes.