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Le Conseil de sécurité condamne les attaques contre des hôpitaux en temps de guerre

Une infirmière prenant soin d'un nourisson dans un incubateur de l'hôpital Al-Sabeen à Sanaa. Les hôpitaux et les cliniques au Yémen ont été paralysés par la guerre. Ils ont été soit attaqués, soit en manque de fournitures médicales et d'alimentation en f
UNICEF/Mohamed Yasin
Une infirmière prenant soin d'un nourisson dans un incubateur de l'hôpital Al-Sabeen à Sanaa. Les hôpitaux et les cliniques au Yémen ont été paralysés par la guerre. Ils ont été soit attaqués, soit en manque de fournitures médicales et d'alimentation en fuel, ou bien les équipes médicales ont été forcées de fuir.

Le Conseil de sécurité condamne les attaques contre des hôpitaux en temps de guerre

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mardi une résolution qui condamne fermement les attaques prenant pour cible les malades, le personnel médical et les hôpitaux en temps de conflit armé et appelle les Etats à mettre en œuvre des mesures efficaces pour prévenir et réprimer ces incidents.

Dans cette résolution, le Conseil condamne fermement les actes de violence, attaques et menaces visant les blessés et les malades, le personnel médical et les agents humanitaires dont l'activité est d'ordre exclusivement médical, ainsi que les hôpitaux et les autres installations médicales. Il condamne également l'impunité dont jouissent, en temps de conflit armé, les auteurs de ces actes.

Le Conseil déplore les répercussions durables que ces attaques ont sur la population civile et les systèmes de santé des pays concernés. Il demande aux Etats de mettre en place des mesures efficaces pour prévenir et réprimer, en temps de conflit armé, ces actes de violences et attaques, notamment en ouvrant des « enquêtes exhaustives, impartiales et efficaces », en élaborant « des mécanismes juridiques nationaux » et en recueillant « des données sur les manœuvres d'obstruction, les menaces et les attaques physiques ».

Le Conseil exige ainsi de toutes les parties à un conflit armé qu'elles respectent pleinement les obligations que leur impose le droit international, en garantissant la protection de l'ensemble du personnel médical et des établissements de santé.

Les 15 membres exigent également de toutes les parties à un conflit armé qu'elles facilitent « l'accès sans entrave et en toute sécurité » du personnel médical et des agents humanitaires dont l'activité est d'ordre exclusivement médical.

Le Conseil prie les États « d'intégrer des mesures concrètes visant à assurer la protection » des blessés, malades et services médicaux dans le cadre de la planification et de la conduite de leurs opérations armées.

En outre, le Conseil exprime son intention de faire en sorte que les mandats des opérations de maintien de la paix des Nations Unies contribuent, si nécessaire, « à instaurer des conditions de sécurité favorables à la fourniture d'une assistance médicale, conformément aux principes humanitaires ».

S'exprimant devant les membres du Conseil dans le cadre de l'adoption de cette résolution, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué la participation à cette réunion des dirigeants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de Médecins sans frontières (MSF), qualifiant les deux ONG de « partenaires de qualité, jouant un rôle unique et vital dans les zones de conflit et de catastrophe ».

M. Ban est revenu sur la condamnation, la semaine passée, par le responsable de la mission de MSF dans la ville d'Alep, en Syrie, d'une nouvelle attaque contre un établissement de santé de la ville.

« Il réagissait à une frappe aérienne, selon toute vraisemblance menée par le gouvernement de la Syrie, qui a détruit un hôpital et tué au moins 20 personnes, dont trois enfants et le seul pédiatre restant de la région, le Dr. Mohammad Wassim Maaz », a précisé le chef de l'ONU. « Pourtant, cet acte épouvantable n'était que le dernier assaut militaire en date à prendre pour cible le système de santé en Syrie », a déploré le Secrétaire général.

Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, près de la moitié de toutes les installations médicales en Syrie sont fermées ou ne fonctionnent que partiellement, ce quie prive des millions de Syriens de soins de santé vitaux.

« Un schéma similaire de destruction systématique des établissements de santé peut être observé au Yémen », a déclaré le chef de l'ONU, précisant que plus de 600 établissements médicaux ont fermé à cause des dommages subis dans le conflit et des pénuries de matériel et personnel médical.

L'an dernier, l'ONU a dénombré 59 attaques contre 34 hôpitaux dans le pays, a indiqué le Secrétaire général, ajoutant qu'en janvier 2016, les frappes aériennes de la coalition ont également frappé l'hôpital Shiara, qui traite environ 120.000 personnes dans le gouvernorat de Saada.

« Et en octobre dernier, à Kunduz, en Afghanistan, un bombardement mené par l'armée des Etats-Unis a détruit un autre hôpital de MSF et tué des dizaines de personnes, dont des patients brûlés vifs dans leurs lits », a rappelé M. Ban.

« Soyons clairs : les attaques intentionnelles et directes contre les hôpitaux sont des crimes de guerre », a-t-il ajouté, appelant tous les États membres, les parties à des conflits et les acteurs concernés à respecter la nouvelle résolution du Conseil de sécurité.

Le chef de l'ONU a rappelé que ces questions seraient à nouveau débattues dans le cadre du premier Sommet humanitaire mondiale, qui aura lieu à Istanbul, en Turquie, les 23 et 24 mai prochains.

« J'encourage les États membres à saisir l'occasion fournie par le Sommet pour prendre des mesures concrètes afin de respecter les normes qui protègent l'humanité », a dit le Secrétaire général.