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Sida : l'ONU exhorte les pays à faire reculer l'épidémie chez les consommateurs de drogues injectables

Deux femmes séropositives en Ouganda sont assises sur le sol, tandis qu'une infirmière leur donne des médicaments antirétroviraux. Photo : UNICEF / Shehzad Noorani
Deux femmes séropositives en Ouganda sont assises sur le sol, tandis qu'une infirmière leur donne des médicaments antirétroviraux. Photo : UNICEF / Shehzad Noorani

Sida : l'ONU exhorte les pays à faire reculer l'épidémie chez les consommateurs de drogues injectables

À l'approche de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue, qui se tiendra à New York du 19 au 21 avril, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a publié vendredi un rapport mettant en évidence l'incapacité des pays à faire reculer l'épidémie du VIH chez les consommateurs de drogues injectables.

Selon ce rapport, intitulé 'Risque zéro : santé, droits humains et consommateurs de drogues', l'incapacité de nombreux pays à adopter des approches axées sur la santé et sur les droits s'est traduite par une absence de réduction du nombre total de nouveaux cas d'infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables entre 2010 et 2014.

De ce fait, indique l'étude, la communauté internationale n'a visiblement pas réussi à atteindre l'objectif fixé en 2011 par l'Assemblée générale, qui tablait sur une réduction de 50% de la transmission du VIH chez les consommateurs de drogues injectables avant 2015.

« De toute évidence, le maintien du statu quo ne nous mène nulle part », a déclaré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport. « Le monde doit tirer les leçons des 15 années qui se sont écoulées et suivre l'exemple des pays qui ont fait reculer l'épidémie de VIH chez les consommateurs de drogues injectables par le biais de l'adoption d'approches de réduction des risques, qui mettent l'accent sur la santé et les droits humains des personnes ».

Le rapport de l'ONUSIDA apporte des données probantes associées à cinq recommandations politiques et à dix recommandations opérationnelles que les pays doivent appliquer en vue d'inverser leur courbe de progression de l'épidémie de VIH parmi les consommateurs de drogues injectables.

Ces recommandations comprennent la pleine mise en œuvre de programmes de réduction des risques et la décriminalisation de la consommation et de la possession de drogues pour un usage personnel.

Les données indiquent que les pays qui mettent en œuvre des approches axées sur la santé et sur les droits ont enregistré une réduction des nouveaux cas d'infection à VIH parmi les consommateurs de drogues injectables. Dans d'autres pays, des stratégies reposant sur la criminalisation et sur une application rigoureuse de la loi ont créé des entraves à la réduction des risques, tout en n'ayant qu'un impact limité, voire nul, sur le nombre de consommateurs de drogues injectables. L'incarcération des personnes pour consommation et possession de stupéfiants destinés à un usage personnel augmentent par ailleurs leur vulnérabilité vis-à-vis du VIH et d'autres maladies infectieuses, telles que l'hépatite B, l'hépatite C et la tuberculose, au cours de leur internement.

Face à cette situation, l'ONUSIDA a mis au point la stratégie ONUSIDA 2016-2021, qui vise l'éradication dans le monde de l'épidémie du SIDA en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030, un enjeu figurant au sein des objectifs de développement durable (ODD) du Programme à l'horizon 2030. Cette approche combine des mesures de prévention contre le VIH et des services de réduction des risques, afin de toucher 90 % des consommateurs de drogues injectables d'ici 2020, occupe une place primordiale.

Atteindre cet objectif passe par un accroissement des investissements annuels consacrés aux actions de proximité, à la distribution d'aiguilles et seringues et au traitement substitutif aux opiacés dans les pays à revenu faible et intermédiaire, à hauteur de 1,5 milliard de dollars d'ici 2020, affirme le rapport. Il ajoute que cette somme ne représente qu'une fraction des 100 milliards de dollars qui seraient dépensés chaque année pour réduire l'offre et la demande de stupéfiants.