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UE-Turquie : le HCR appelle à la mise en œuvre des garanties prévues dans l'accord avant le début des retours de migrants

Des migrants et réfugiés dans un centre d'accueil à Berlin. Photo UNICEF/Ashley Gilbertson VII
Des migrants et réfugiés dans un centre d'accueil à Berlin. Photo UNICEF/Ashley Gilbertson VII

UE-Turquie : le HCR appelle à la mise en œuvre des garanties prévues dans l'accord avant le début des retours de migrants

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a appelé vendredi les parties ayant convenu du récent accord UE-Turquie sur les réfugiés et les migrants à faire en sorte que toutes les garanties soient mises en place avant le début des retours, et ce du fait de lacunes graves et persistantes dans les deux pays concernés, la Grèce et la Turquie.

« Le HCR ne remet pas en question les retours de personnes n'ayant pas besoin de protection internationale et n'ayant déposé aucune demande d'asile, à condition que les droits humains soient respectés », a souligné la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'une conférence de presse à Genève.

La Grèce est contrainte d'accueillir des personnes en raison de la fermeture des frontières ailleurs en Europe. Dans ce pays, de nombreux aspects des systèmes de réception et de traitement des demandes d'asile déposées par les personnes ayant besoin d'une protection internationale demeurent inopérants ou absents. On compte actuellement environ 51.000 réfugiés et migrants dans le pays, dont 5.000 sur les îles et 46.000 sur le continent. Les arrivées se sont récemment accrues en date du 29 mars avec 766 personnes, alors qu'environ 300 arrivées quotidiennes en moyenne avaient été observées les jours précédents.

A Lesbos, les conditions se sont détériorées dans le centre d'enregistrement de Moria qui, depuis le 20 mars, est utilisé à des fins de détention des personnes dans l'attente d'une décision d'expulsion. On y compte désormais quelque 2.300 personnes. Ce chiffre est supérieur à la capacité initiale d'accueil déclarée de 2.000 personnes.

« Des personnes dorment en plein air et l'approvisionnement alimentaire est insuffisant. L'anxiété et la frustration sont courantes. Pire encore, de nombreuses familles ont été séparées, avec des proches désormais dispersés à travers la Grèce – une cause d'inquiétude supplémentaire en cas de début des retours », a déclaré Mme Fleming.

Conformément à sa politique globale de promotion d'alternatives à la détention, le HCR a dû suspendre les services dans tous les établissements fermés. Le HCR procède toutefois à la surveillance en matière de protection et informe également les personnes sur les procédures d'asile.

Selon l'agence onusienne, sur le continent, où se trouvent les personnes arrivées avant le 20 mars, la situation est également difficile. Les réfugiés et les migrants sont répartis dans environ 30 sites et beaucoup attendent de pouvoir être réinstallés. Dans le port du Pirée et à Idomeni près de la frontière avec l'ex-République yougoslave de Macédoine, les conditions sont précaires.

« Sans un soutien supplémentaire assuré d'urgence par l'UE, la capacité limitée des services d'asile grecs pour enregistrer et examiner les demandes d'asile va créer des problèmes. Les heures limitées pour l'enregistrement, les plafonds quotidiens en termes de nombre d'enregistrements, le manque d'accès au système Skype pour l'enregistrement mis en place par les services grecs d'asile, ajoutent encore à l'anxiété », a noté la porte-parole du HCR.

En Turquie, le HCR a demandé à rencontrer les personnes renvoyées depuis la Grèce, afin qu'elles puissent bénéficier d'une protection internationale efficace et pour prévenir les risques de refoulement. Le HCR espère l'adoption prochaine de la Réglementation sur la protection temporaire requise pour l'octroi ou le rétablissement du statut de protection temporaire pour les Syriens réadmis depuis la Grèce.

Pour les trois premiers mois de l'année 2016, le nombre des arrivées par la mer en Grèce s'élève à plus de 150.700. On observe toutefois une baisse des arrivées en mars.

Les arrivées par la mer via un autre itinéraire largement emprunté en Méditerranéenne – depuis l'Afrique du Nord vers l'Italie – s'élèvent à 18.784. Ceci représente une hausse de plus de 80% par rapport à la même période en 2015 (10.165 personnes). Le nombre des arrivants a quadruplé en mars.

Les arrivants sont principalement des Nigérians, des Gambiens, des Sénégalais, des Maliens et des ressortissants d'autres pays ouest-africains. Jusqu'à présent, le HCR ne voit pas d'augmentation significative concernant les Syriens, les Afghans et les Iraquiens empruntant cet itinéraire.