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Crise des réfugiés : le HCR est préoccupé par l'arrangement proposé entre l'Union européenne et la Turquie

Des réfugiés, venus principalement de Syrie, d'Afghanistan et d'Iraq, au centre de réception de Vinojug à Gevgelija, dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, à la frontière avec la Grèce.
UNICEF/Ashley Gilbertson VII
Des réfugiés, venus principalement de Syrie, d'Afghanistan et d'Iraq, au centre de réception de Vinojug à Gevgelija, dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, à la frontière avec la Grèce.

Crise des réfugiés : le HCR est préoccupé par l'arrangement proposé entre l'Union européenne et la Turquie

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est déclaré mardi préoccupé par l'arrangement proposé entre Bruxelles et Ankara pour faire face aux vagues de réfugiés et de migrants arrivant en Europe en passant par la Turquie et a rappelé la nécessité de protéger les droits des réfugiés.

« Une déclaration a été publiée hier après cette conférence Union européenne-Turquie dont le HCR n'est pas signataire ni au courant de tous les détails ou des modalités de mise en œuvre », a déclaré un porte-parole du HCR, William Spindler, lors d'un point de presse à Genève. « Concernant ce qui semble avoir été convenu, nous sommes toutefois préoccupés par tout arrangement qui implique le retour généralisé de tous les individus d'un pays à l'autre sans avoir suffisamment énoncé les garanties de protection au bénéfice des réfugiés conformément aux obligations internationales ».

Selon le HCR, un demandeur d'asile devrait être renvoyé vers un pays tiers seulement si (a) la responsabilité d'évaluer la demande d'asile est assumée par le pays tiers; (b) le demandeur d'asile sera protégé contre le refoulement; (c) la personne pourra rechercher et, si elle est reconnue en tant que réfugié, bénéficier du statut de réfugié conformément aux normes internationales reconnues, ainsi que bénéficier d'un accès complet et efficace à l'éducation, au travail, aux soins de santé et, au besoin, à l'assistance sociale.

« Les garanties légales devraient régir tout mécanisme selon lequel la responsabilité serait transférée pour évaluer une demande d'asile. Un processus de filtrage pré-départ devrait également être mis en œuvre pour identifier des catégories de risque élevé qui ne pourraient ne pas être appropriées pour un retour, même si les conditions ci-dessus sont remplies », a souligné le porte-parole du HCR, notant que les détails sur toutes ces garanties devraient être clarifiés avant la prochaine réunion du Conseil de l'UE le 17 mars.

Il a rappelé que la Turquie accueillait près de trois millions de réfugiés et a tout récemment adopté une réglementation des conditions de travail pour les réfugiés syriens. « Toutefois, compte tenu de l'énormité de la tâche, la Turquie lutte encore pour répondre à tous les besoins fondamentaux de la population syrienne qui continue de croître. Nous nous félicitons de la contribution financière de l'UE pour soutenir la Turquie et les communautés réfugiées en Turquie », a-t-il dit.

Au sujet de la réinstallation, le HCR s'est félicité de toute initiative favorisant les voies régulières d'admission pour les réfugiés en nombre important vers des pays tiers depuis tous les pays voisins de la région – mais pas seulement depuis la Turquie ni seulement les réfugiés syriens.

« Les engagements de l'Europe pour la relocalisation demeurent très faibles par rapport aux besoins (à savoir 20.000 places pour les deux ans à venir sur une base volontaire). Faciliter le regroupement familial est également un autre canal légal à continuer de mettre en œuvre et nous espérons que les personnes renvoyées en Turquie ayant des besoins de réinstallation spécifiques, comme le regroupement familial, sera considéré pour le programme de réinstallation / admission à l'UE », a dit le porte-parole.

Selon lui, la réunion de haut niveau sur le partage de la responsabilité globale par des canaux légaux pour l'admission des réfugiés syriens, qui se tiendra à Genève le 30 mars, sera une bonne occasion de mettre l'accent sur cet aspect important du partage de la responsabilité. « Nous espérons des engagements concrets », a-t-il dit.