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Europe : Ban Ki-moon appelle les pays à garder leurs frontières ouvertes aux réfugiés et migrants

Des enfants et leurs parents arrivent sur l'île grecque de Lesbos. Photo UNICEF/Ashley Gilbertson VII
Des enfants et leurs parents arrivent sur l'île grecque de Lesbos. Photo UNICEF/Ashley Gilbertson VII

Europe : Ban Ki-moon appelle les pays à garder leurs frontières ouvertes aux réfugiés et migrants

Face aux récentes restrictions aux frontières adoptées par plusieurs pays européens en réponse aux flux de réfugiés et migrants arrivant sur le continent par la Grèce, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé vendredi tous les pays d'Europe à maintenir leurs frontières ouvertes et à assouplir les conditions d'octroi de l'asile à ceux qui en font la demande.

Dans une déclaration de presse publiée à New York par son porte-parole, M. Ban a exprimé sa préoccupation face au nombre croissant de restrictions aux frontières imposées aux réfugiés et migrants le long de la route des Balkans, y compris en Autriche, Slovénie, Croatie, Serbie et ex-République yougoslave de Macédoine.

« Ces restrictions aux frontières ne sont pas conformes à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et à son protocole additionnel de 1967, dans la mesure où elles ne permettent pas de déterminer au cas par cas le statut des réfugiés et d'évaluation les besoins de protection individuels », a affirmé le chef de l'ONU.

Le Secrétaire général a noté que le nombre de demandeurs d'asile arrivés par la mer en Grèce, après avoir embarqué sur les côtes turques, ne cesse d'augmenter et que la fermeture des frontières crée une situation d'engorgement difficile à gérer pour les autorités grecques.

« Parallèlement, la Turquie accueille déjà plus de 2,6 millions de réfugiés et demandeurs d'asile », a ajouté M. Ban.

Tout en se disant pleinement conscient de la pression ressentie par de nombreux pays européens, le Secrétaire général les a appelés à maintenir leurs frontières ouvertes et à agir dans un esprit de solidarité et de partage des responsabilités, notamment en assouplissant les conditions d'accès à l'asile.

Le Secrétaire général a rappelé que la grande majorité des réfugiés sont actuellement hébergés par des pays en développement.

« Il y a un réel besoin de partage au niveau mondial de cette responsabilité. Ce sera l'un des thèmes clés du Sommet de l'Assemblée générale [de l'ONU] sur les grands mouvements de réfugiés et migrants, qui aura lieu le 19 septembre à New York », a-t-il déclaré.

Parallèlement, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont annoncé avoir lancé une initiative conjointe visant à accroître la protection des réfugiés et des migrants, notamment les enfants qui arrivent toujours plus nombreux en Europe après avoir fui le conflit dans leur pays d'origine.

Dans un communiqué de presse conjoint, les deux agences ont annoncé l'ouverture de 20 points d'accueil pour les enfants et familles de migrants le long des routes migratoires les plus fréquentées en Europe. Désignés sous le nom de « points bleus », en référence au symbole figurant sur leurs locaux, ces centres fourniront aux enfants et à leurs parents un espace protégé, des services de base et des conseils.

« Nous sommes préoccupés par le bien-être des garçons et des filles en mouvement à travers toute l'Europe sans accompagnement ou protection, et dont beaucoup ont connu la guerre et les difficultés liées au fait d'entreprendre leur voyage seuls », a déclaré le Haut-Commissaire adjoint pour la protection du HCR, Volker Türk. « Les centres joueront un rôle clé dans l'identification de ces enfants et pour leur fournir la protection dont ils ont besoin dans un environnement inconnu, où ils se trouvent exposés à tous les dangers », a-t-il ajouté, précisant que ces dangers incluent les maladies, les traumatismes, la violence, l'exploitation et la traite.

Les premiers « points bleus » sont désormais opérationnels ou sur le point de l'être en Grèce, ex-République yougoslave de Macédoine, Serbie, Croatie et Slovénie, ont précisé les deux agences de l'ONU, et l'ensemble des 20 centres ouvriront leurs portes d'ici les trois prochains mois.

Le « point bleu » situé dans le centre d'accueil des migrants de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, fonctionne depuis fin janvier 2016 et, selon le HCR et l'UNICEF, son impact s'est déjà fait sentir.

« Un soir, plus tôt dans la semaine, Roshan, 24 ans, mère afghane, accompagnée par des bénévoles, est rentrée en contact avec le personnel du HCR qui y travaille. Accompagnée de son fils de trois ans, Roshan leur a dit qu'elle avait été victime d'abus par ses passeurs tout au long de son parcours en provenance du Pakistan, en passant par l'Iran et la Turquie », a rapporté la responsable de la protection du HCR à Lesbos, Monique Rudacogora.

Le personnel du HCR a été en mesure de conseiller Roshan sur les procédures de demande d'asile et de regroupement familial et de démentir les fausses informations que lui avaient fournies ses passeurs, a salué Mme Rudacogora.

Ces « points bleus » interviennent à un moment où les femmes et les enfants représentent les deux tiers de personnes arrivant en Europe, ont par ailleurs précisé les deux agences.

« En février, les femmes et les enfants ont représenté près de 60% des arrivées par la mer, par rapport à 27% en septembre 2015 », ont indiqué le HCR et l'UNICEF, ajoutant que l'identification des enfants dans le besoin est difficile, car les jeunes voyageurs se font souvent passer pour des adultes afin d'éviter d'être retardés ou arrêtés dans leur voyage, ce qui les expose au risque d'exploitation.

L'an dernier, plus de 90.000 enfants non accompagnés ou séparés ont demandé l'asile ou ont été pris en charge en Europe, principalement en Allemagne et en Suède, ont précisé les deux agences de l'ONU, appelant les Etats à prendre leur responsabilité de soutien et de protection des personnes fuyant la guerre et la violence.