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RDC : l'ONU s'inquiète du harcèlement des activistes de la société civile par les autorités

Des policiers tentant de maintenir l'ordre durant des manifestations à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, en 2015.
MONUSCO (archives)
Des policiers tentant de maintenir l'ordre durant des manifestations à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, en 2015.

RDC : l'ONU s'inquiète du harcèlement des activistes de la société civile par les autorités

Quelques jours après la condamnation de six activistes à deux ans de prison dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a dénoncé vendredi le harcèlement des organisations de la société civile par les autorités et le rétrécissement de l'espace démocratique dans le pays.

Le 16 février dernier, six militants du mouvement citoyen congolais Lutte pour le changement (Lucha) ont été arrêtés par l'Agence nationale de renseignements (ANR) de la RDC à Goma, a déclaré une porte-parole du HCDH, Cécile Pouilly, lors d'un point de presse à Genève.

Ces arrestations, a précisé Mme Pouilly, auraient eu pour but d'empêcher leur participation à une journée « ville fantôme », organisée à travers le pays par les partis d'opposition et la société civile afin de commémorer le massacre de manifestants par les forces de sécurité à Kinshasa en 1992.

Les six militants ont été condamnés pour incitation à la révolte contre les autorités, a indiqué la porte-parole du HCDH, ajoutant que toutes les audiences ont eu lieu en l'espace de sept jours seulement et que des violations de leur droit à un procès équitable ont été rapportées.

« Les militants n'ont pas bénéficié du temps requis pour préparer leur défense, et le tribunal a refusé de se pencher sur les preuves présentées par les avocats de la défense », a précisé Mme Pouilly, ajoutant que des allégations ont également fait surface faisant état de fabrication de preuves par la police.

Au total, environ 45 arrestations ont été effectuées par la police et le renseignement congolais au cours de la journée « ville fantôme » à Kinshasa, Goma, Uvira, et Lubumbashi, a indiqué la porte-parole, signalant que les personnes visées appartenaient principalement aux partis d'opposition et à la société civile.

« Nous sommes également préoccupés par le maintien en détention d'un autre membre de Lucha, Fred Bauma, et d'un technicien informatique, Yves Makwambala », a déclaré Mme Pouilly, indiquant que tous deux ont été arrêtés par l'ANR à Kinshasa le 15 mars 2015 et attendent leur procès pour tentative d'atteinte à la sécurité de l'Etat.

La porte-parole a déclaré disposer de rapports faisant état à leur encontre de détention arbitraire, violations répétées de leurs droits, mauvais traitements, conditions de détention inhumaines et obligations par la force de signer des déclarations sans avoir pris connaissance de leur contenu.