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Ban Ki-moon interpelle de nouveau Israël sur sa politique vis-à-vis des Palestiniens

Les autorités israéliennes ont démoli des maisons de Bédouins dans la communauté d'Abu Nwar, dans la zone C, près de Jérusalem Est, en janvier 2016. Photo UNRWA
Les autorités israéliennes ont démoli des maisons de Bédouins dans la communauté d'Abu Nwar, dans la zone C, près de Jérusalem Est, en janvier 2016. Photo UNRWA

Ban Ki-moon interpelle de nouveau Israël sur sa politique vis-à-vis des Palestiniens

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a de nouveau mis en garde lundi, pour la troisième fois en une semaine et après avoir essuyé des critiques en provenance d'Israël, contre le sentiment d'aliénation et de désespoir ressenti par de nombreux Palestiniens devant le blocage du processus de paix au Moyen-Orient et l'expansion des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés.

Dans une tribune publiée par le New York Times et intitulée « Ne tirez pas sur le messager, Israël », M. Ban écrit qu'en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, « 2016 a commencé dans une large mesure comme 2015 s'était terminée — avec des niveaux de violence inacceptables et un débat public polarisé ». Cette polarisation, ajoute-t-il, « s'est manifestée dans les couloirs des Nations Unies la semaine dernière lorsque j'ai énoncé une vérité toute simple: l'Histoire montre que les peuples résistent toujours aux occupations ».

« Certains ont voulu tirer sur le messager — déformant mes propos pour en faire une justification mal inspirée de la violence », poursuit le Secrétaire général. « Les attaques au couteau, les collisions délibérées de véhicules et les autres formes d'attaques commises par des Palestiniens visant des civils israéliens sont répréhensibles. De même que l'incitation à la violence et la glorification des meurtriers ».

« Rien n'excuse le terrorisme. Je le condamne catégoriquement. Il est cependant inconcevable que des mesures de sécurité à elles seules puissent faire cesser les violences », ajoute-t-il, rappelant qu'il avait averti la semaine dernière le Conseil de sécurité du fait que « la frustration et les griefs des Palestiniens croissent sous le poids de près d'un demi-siècle d'occupation ».

« Ignorer ce fait ne le fera pas disparaître », insiste-t- il. « Personne ne peut nier que la réalité quotidienne de l'occupation provoque colère et désespoir, lesquels constituent d'importants générateurs de violence et d'extrémisme et ruinent tout espoir d'une solution négociée à deux Etats ».

« Les colonies de peuplement israéliennes continuent de s'étendre », écrit encore le chef de l'ONU, et les Palestiniens, en particulier les jeunes, « perdent espoir devant ce qui apparaît comme une occupation dure, humiliante et sans fin ».

De leur côté, « les Israéliens souffrent également des attentats presque quotidiens et perdent de vue la possibilité d'une paix globale avec les Palestiniens ».

« Avec les Etats-Unis, l'Union européenne et la Fédération de Russie, les Nations Unies appellent à des changements substantiels de politique afin de renforcer les piliers économique, institutionnel et sécuritaire de l'Autorité palestinienne. Nous dialoguons avec les pays arabes de la région pour mobiliser le soutien dont les deux parties ont besoin pour apporter paix et sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens », écrit encore M. Ban.

« Nous continuons de travailler avec Israël et l'Autorité palestinienne pour reconstruire Gaza et éviter un nouveau conflit dévastateur, et de presser les Palestiniens pour une véritable réconciliation nationale. Bien sûr, un accord durable entre Israël et la Palestine exigera de difficiles compromis de la part des dirigeants et des peuples des deux camps. Les autorités israéliennes doivent soutenir sans équivoque l'Autorité palestinienne et les institutions palestiniennes. Ceci requiert des changements significatifs de politique vis-àvis de la Cisjordanie et de Gaza, tout en veillant aux préoccupations légitimes d'Israël concernant sa sécurité », ajoute-t-il.

Le 26 janvier, lors d'un débat du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, M. Ban avait demandé aux Israéliens et aux Palestiniens de ne pas renoncer à la vision de deux Etats, Israël et Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, affirmant que les parties prenantes devaient agir sans tarder pour empêcher cette solution à deux États de disparaître à tout jamais.

Il avait dit que « les mesures de sécurité à elles seules ne mettront pas fin à la violence » et « ne peuvent pas répondre au profond sentiment d'aliénation et de désespoir que ressentent certains Palestiniens, en particulier les jeunes ».

Estimant que pour faire avancer la paix, il fallait un gel de la colonisation par Israël, M. Ban avait affirmé que « la poursuite des activités de peuplement est un affront au peuple palestinien et à la communauté internationale » et qu'elle « soulève, à juste titre, des questions fondamentales sur l'engagement d'Israël envers une solution à deux Etats ».

Ces propos avaient suscité une vive réaction du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui avait accusé le Secrétaire général de « justifier le terrorisme », selon la presse.

« La critique des Nations Unies — ou les attaques contre moi — sont inhérentes à la fonction », conclut M. Ban dans sa tribune lundi. « Mais lorsque des préoccupations sincères au sujet de politiques à courte vue ou moralement nocives émanent de tant de sources, y compris de certains des plus proches amis d'Israël, il n'est pas tenable de continuer à s'en prendre à chaque auteur bien intentionné de critiques ».