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Syrie : se servir de la famine comme arme est un crime de guerre, prévient Ban Ki-moon

Le 11 janvier 2016, des camions transportant plus de 500 tonnes de nourriture et d'autres fournitures vitales sont parvenus dans les villes assiégées de Madaya, près de Damas, et Fouaa et Kefraya, dans le gouvernorat d'Idlib, en Syrie.
PAM/Hussam Alsaleh
Le 11 janvier 2016, des camions transportant plus de 500 tonnes de nourriture et d'autres fournitures vitales sont parvenus dans les villes assiégées de Madaya, près de Damas, et Fouaa et Kefraya, dans le gouvernorat d'Idlib, en Syrie.

Syrie : se servir de la famine comme arme est un crime de guerre, prévient Ban Ki-moon

Alors que des équipes de travailleurs humanitaires des Nations Unies ont dit avoir été témoins de scènes déchirantes à Madaya en Syrie, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré jeudi que la situation était « absolument inadmissible » et averti que l'utilisation de la famine comme arme pendant les conflits était un crime de guerre.

« Peut-être que rien ne reflète davantage l'urgence d'agir que les scènes déchirantes de Madaya », a dit M. Ban lors d'un point de presse à New York, après avoir présenté ses priorités pour 2016 devant l'Assemblée générale des Nations Unies.

Depuis des mois, la ville syrienne de Madaya est assiégée. C'est seulement il y a quelques jours que des travailleurs humanitaires ont pu y avoir accès pour fournir de la nourriture et de l'aide médicale à des milliers de personnes piégées.

« Une inhumanité profondément choquante », tels ont été les mots utilisés par le chef de l'ONU pour décrire la situation. Les travailleurs humanitaires ont dit avoir vu des personnes âgées, des enfants, des hommes et des femmes, qui n'avaient plus que la peau sur les os, souffrant de malnutrition sévère, si faibles qu'ils pouvaient à peine marcher.

Ban Ki-moon a rappelé qu'aujourd'hui près de 400.000 personnes sont assiégées en Syrie, dont environ la moitié dans des zones contrôlées par Daech, 180.000 dans des zones contrôlées par le gouvernement syrien et ses alliés, et 12.000 dans des zones contrôlées par des groupes armés de l'opposition.

« Que les choses soient claires : utiliser la famine comme arme de guerre est un crime de guerre », a dit le Secrétaire général, alors que l'Organisation n'est en mesure aujourd'hui de fournir de l'aide qu'à moins de 1% des personnes assiégées en Syrie.

Il a souligné que toutes les parties au conflit, dont le gouvernement syrien, commettent ces « actes atroces » qui sont interdits par le droit humanitaire international.

« Les Etats, dans la région et au-delà, qui peuvent faire la différence doivent pousser les parties prenantes à un accès humanitaire, durable et sans entrave, à travers toute la Syrie », a-t-il encore dit. Il a ajouté que son Envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, continuait ses efforts pour organiser des pourparlers inter-syriens à Genève le 25 janvier.