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Syrie, lutte contre l'extrémisme, assistance aux migrants et action climatique sont les priorités de Ban Ki-moon pour 2016

Le Secrétaire général Ban Ki-moon devant l'Assemblée générale des Nations Unies. Capture vidéo ONUTV
Le Secrétaire général Ban Ki-moon devant l'Assemblée générale des Nations Unies. Capture vidéo ONUTV

Syrie, lutte contre l'extrémisme, assistance aux migrants et action climatique sont les priorités de Ban Ki-moon pour 2016

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a cité jeudi la fin du conflit en Syrie, la lutte contre l'extrémisme violent et contre l'érosion du respect des droits humains et du droit humanitaire international, l'assistance aux migrants et réfugiés et l'action climatique parmi les priorités de son action pour l'année 2016.

Dans un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU à l'aube de sa dixième et dernière année à la tête de l'ONU, M. Ban a condamné « l'utilisation de l'arme de la faim, ce qui constitue clairement un crime de guerre » à Madaya, en Syrie, et affirmé que « toutes les parties au conflit en Syrie se rendent coupables de l'aggravation des souffrances des civils et de la commission d'atroces exactions ».

« Aujourd'hui, j'appelle à l'octroi immédiat, inconditionnel et sans entrave d'un accès à l'assistance humanitaire. Demain, ceux qui jouent de la sorte avec la vie et la dignité d'autrui devront répondre de leurs actes. Leurs protecteurs régionaux et internationaux ont également des comptes à rendre », a dit M. Ban.

« Mon Envoyé spécial et moi-même continuons d'insister pour la tenue d'une première session de pourparlers politiques le 25 janvier. J'exhorte toutes les parties prenantes à profiter de l'élan suscité par la résolution 2254 du Conseil de sécurité. En outre, nous ne devons pas laisser les tensions régionales faire dérailler nos efforts pour mettre fin à cette guerre », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général a ensuite affirmé que les personnes qui se trouvent prises au milieu d'un conflit ou sont victimes de catastrophes naturelles ne doivent pas être abandonnées à leur sort à cause de problèmes politiques ou d'un manque de ressources. « Le premier Sommet humanitaire mondial que je réunirai les 23 et 24 mai à Istanbul sera l'occasion de réaffirmer et de restaurer notre humanité commune », a-t-il dit, exhortant les Etats membres à y être représentés au plus haut niveau.

M. Ban a également appelé les Etats membres à faire preuve de solidarité en apportant des contributions financières généreuses lors de la prochaine Conférence de Londres sur la Syrie le 4 février et de la Conférence de Genève sur la réinstallation le 30 mars.

Il a rappelé que les arrivées de réfugiés et de migrants en Europe représentent moins de 2% des 60 millions de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde et que quatre réfugiés sur cinq sont accueillis dans les pays en développement.

« Notre soutien doit atteindre toutes les personnes qui aspirent à un foyer stable: Afghans, Somaliens, Congolais et Soudanais du Sud fuyant la reprise de combats; Rohingya du Myanmar voulant échapper aux menaces d'extrémistes bouddhistes; Erythréens fuyant une gouvernance répressive; et tous ceux qui languissent dans des camps depuis des générations, de Dadaab au Kenya à Dheisheh en Cisjordanie. Ceci est un problème mondial », a-t-il dit, rappelant qu'il présidera une réunion de haut niveau sur la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants le 19 septembre, à la veille du débat général annuel de l'Assemblée générale de l'ONU.

Evoquant la prévention des conflits, le Secrétaire général a affirmé que le prix à payer par la communauté mondiale pour avoir négligé cet aspect était « évident » aujourd'hui : « multiplication des tensions religieuses, réduction de l'espace démocratique dans de nombreux endroits et un arc de crise allant du Sahel jusqu'au Moyen-Orient », avec pour résultat que « plus de 125 millions de personnes dans le monde ont besoin d'une assistance humanitaire ».

Annonçant pour vendredi la présentation de son Plan d'action pour la prévention de l'extrémisme violent, M. Ban a expliqué que le défi consistait à « défaire Daech, Boko Haram, al-Shabaab, al-Qaeda et d'autres groupes similaires, sans nous défaire nous-mêmes par des approches contreproductives qui ne font qu'alimenter l'extrémisme que nous essayons de combattre ».

Affirmant que « des mesures antiterroristes bien calibrées et basées sur la sécurité demeurent essentielles », M. Ban a souligné cependant que « les droits de l'homme doivent être au centre de notre réponse » et que « vaincre l'extrémisme violent signifie aussi s'occuper des lacunes en matière de gouvernance, de l'exclusion, du désespoir et des autres facteurs sous-tendant l'extrémisme ».

Par ailleurs, a dit M. Ban, l'action climatique sera un élément central de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 adopté en septembre dernier par les Etats membres. « L'action climatique est bénéfique aux êtres humains et à la planète, bonne pour l'économie et essentielle à la réalisation des objectifs de développement durable », a-t-il affirmé.

Rappelant l'adoption en décembre de l'Accord de Paris, qui « représente un tournant », le Secrétaire général a indiqué que « pour entretenir la dynamique », il invitera les chefs d'État et de gouvernement à participer à une cérémonie de haut niveau qui se tiendra à New York le 22 avril.

« J'engage les dirigeants à continuer de jouer un rôle de supervision et d'encadrement politiques dans le domaine du climat. Il n'y a pas de temps à perdre et nous avons beaucoup à gagner à agir immédiatement. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que l'Accord de Paris prenne effet au plus vite », a-t-il insisté.