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La Palestine annonce son désengagement des Accords d'Oslo signés avec Israël

Le Président de la Palestine, Mahmoud Abbas, devant l'Assemblée générale. Photo ONU/Cia Pak
Le Président de la Palestine, Mahmoud Abbas, devant l'Assemblée générale. Photo ONU/Cia Pak

La Palestine annonce son désengagement des Accords d'Oslo signés avec Israël

Le Président de la Palestine, Mahmoud Abbas, a annoncé mercredi que son pays ne se considérait désormais plus lié par les Accords d'Oslo de 1993, ainsi que par les autres accords de paix signés ultérieurement avec Israël.

« Je me tiens devant vous aujourd'hui, en provenance de Palestine, pour tirer la sonnette d'alarme sur les graves dangers qui pèsent actuellement sur Jérusalem », a déclaré M. Abbas dans son discours à l'Assemblée générale de l'ONU, dénonçant les incursions récentes, « répétées et systématiques » de la part de « groupes extrémistes israéliens » dans la mosquée al-Aqsa.

En autorisant ces extrémistes à pénétrer dans la mosquée à certains moments de la journée, tout en empêchant parallèlement les fidèles musulmans d'y accéder, les dirigeants israéliens entendent remettre en cause le statu quo historique sur les lieux saints au Haram Al-Sharif (l'esplanade des Mosquées), a dénoncé le Président palestinien.

La veille du discours de M. Abbas, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'était dit préoccupé par la montée des tensions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, en raison de manifestations contre les restrictions d'accès qu'imposeraient les autorités israéliennes aux fidèles palestiniens souhaitant entrer dans l'enceinte de la mosquée al-Aqsa, sur l'esplanade des Mosquées.

« Ce faisant, la puissance occupante commet une grave erreur, car nous ne pouvons pas accepter cela ; et le peuple palestinien ne permettra pas la mise en œuvre de ce nouveau régime illégal, qui blesse la sensibilité des Palestiniens et des Musulmans du monde entier », a poursuivi le Président palestinien.

M. Abbas a par conséquent demandé au gouvernement israélien de mettre un terme avant qu'il ne soit trop tard à l'utilisation de la force brute pour imposer « son plan de désacralisation des lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem ». Ce plan, a mis en garde le leader palestinien, menace de transformer un conflit politique en conflit religieux et de créer une situation explosive à Jérusalem et dans le reste du territoire palestinien occupé.

Se plaçant dans la perspective plus large du conflit israélo-palestinien, M. Abbas a regretté l'injustice historique faite à son pays et à son peuple depuis la partition de la Palestine en 1948.

« La Palestine, qui bénéficie du statut d'Etat observateur aux Nations Unies, mérite d'être pleinement reconnue en tant qu'Etat membre à part entière », a ainsi déclaré le Président palestinien.

Sur ce point, il a exprimé sa plus profonde gratitude envers les pays qui ont voté en faveur de la résolution permettant à l'Etat de Palestine de hisser son drapeau aux Nations Unies à l'ONU.

Le 11 septembre, l'Assemblée générale a en effet adopté une résolution autorisant les Etats non membres observateurs, y compris l'État de Palestine et le Saint-Siège, à hisser leurs drapeaux dans l'enceinte de l'Organisation.

Une cérémonie de levée du drapeau palestinien a eu lieu mercredi au siège de l'Organisation, à New York, en présence de son Secrétaire général, Ban Ki-moon, et de M. Abbas.

« Il est déraisonnable et douloureux – à la lumière des énormes sacrifices auxquels nous avons consentis, de notre patience au cours de toutes ces années d'exil et de souffrance et de notre acceptation de faire la paix d'après le principe de la solution à deux États sur la base du droit international, des résolutions pertinentes des Nations Unies, de l'Initiative de paix arabe et du Quatuor pour le Moyen-Orient – que la question de la Palestine reste injustement en suspens », a toutefois déploré le Président palestinien.

M. Abbas a jugé le maintien du statu quo actuel totalement inacceptable, car il signifierait la soumission à la logique de la force brutale du gouvernement israélien, qui poursuit sa politique d'expansion des colonies illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ainsi que son blocus à l'encontre de Gaza.

M. Abbas a ainsi dénoncé la volonté affichée par le gouvernement israélien de détruire la solution à deux États, au profit d'un double régime de fait sur le terrain : « un régime d'apartheid imposé sur le territoire de l'Etat de Palestine et contre le peuple palestinien, d'une part, et un régime des privilèges et de la protection des colons israéliens, d'autre part ».

Tant qu'Israël refusera de respecter les accords de paix signés avec la Palestine sur la mise en œuvre d'une solution à deux Etats, y compris les Accords d'Oslo de 1993 et les accords ultérieurs, en mettant notamment fin à sa politique de colonisation, le Président palestinien a déclaré que son pays refusera également de s'y conformer.

« Nous déclarons donc que nous ne pouvons pas continuer à être liés par ces accords, et qu'Israël doit assumer toutes ses responsabilités en tant que puissance occupante », a déclaré M. Abbas.

Dans le même temps, l'Etat de Palestine continuera ses efforts d'adhésion aux différentes conventions et organisations internationales, a-t-il déclaré, ajoutant que son pays utilisera tous les moyens pacifiques et légaux à sa disposition pour protéger son peuple, y compris en tant qu'Etat partie au Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

« Ceux qui craignent le droit international et les juridictions internationales doivent cesser de commettre tous leurs crimes », a déclaré M. Abbas.