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Syrie : la Commission d'enquête internationale constate une nouvelle fois l'échec des parties à protéger les civils

Dans le camp de Tishreen pour personnes déplacées à Alep, en Syrie, les habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes. Photo : UNICEF / Razan Rashidi
Dans le camp de Tishreen pour personnes déplacées à Alep, en Syrie, les habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes. Photo : UNICEF / Razan Rashidi

Syrie : la Commission d'enquête internationale constate une nouvelle fois l'échec des parties à protéger les civils

Le Président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Sérgio Pinheiroa, a une nouvelle fois constaté jeudi l'échec de l'ensemble des parties au conflit à protéger les civils syriens, victimes de bombardements aveugles et disproportionnés.

« Nous sommes choqués par l'ampleur de cette tragédie et par la souffrance indescriptible des victimes », a déclaré M. Pinheiro lors d'une conférence de presse organisée à Genève, à l'occasion de la publication du 10ème rapport de la Commission sur les violations des droits de l'homme en Syrie.

Selon le rapport, depuis le début du conflit, 7,6 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays et plus de quatre millions ont trouvé refuge dans les Etats voisins.

D'après le nouveau rapport, les récents incidents qui ont eu lieu à Douma, dans la banlieue de la capitale Damas, ont confirmé les constats déjà réalisés par la Commission dans ses précédents rapports, à savoir que les attaques aveugles et disproportionnées constituent la principale cause des pertes civiles, des déplacements et des destructions d'infrastructures.

A titre d'exemple, indique le rapport, le 16 aout dernier, un raid aérien mené par les forces gouvernementales a tué plus de 100 personnes sur un marché de Douma.

Quant aux groupes armés anti-gouvernementaux, ils ont continué à assiéger et bombarder de manière aveugle différentes zones, y compris des localités de Foua et de Kafra'ia, dans le gouvernorat d'Idlib, et certains quartiers de Damas, faisant également de nombreuses victimes civiles.

« Les parties au conflit ont à nouveau échoué lamentablement à assurer la protection des civils qui n'ont nulle part où aller », a constaté avec regret le Président de la Commission d'enquête.

Le rapport note également que le groupe terroriste Daech continue de faire subir aux communautés ethniques et religieuses dans les zones sous son contrôle de graves violations des droits de l'homme, en particulier les Yézidis.

« Des milliers de femmes yézidis continuent à être réduites en esclavage sexuel et beaucoup d'entre elles sont mariées à des combattants de Daech. Beaucoup d'enfants yézidis ont également été endoctrinés », a constaté M. Pinheiroa.

Selon le rapport de la Commission, l'assistance inadaptée de la communauté internationale a contribué à aggraver la situation du peuple syrien.

« L'espoir de retour de ceux qui ont quitté le pays diminue de jour en jour, ce qui explique le fait que de nombreux Syriens fuient désormais le chaos du pays en quête de protection, en particulier via la mer Méditerranée et en Europe », a expliqué le Président de la Commission.

Dans son dixième rapport, la Commission appelle à mettre en œuvre une protection efficace des droits de l'homme pour tous les Syriens, y compris les migrants, les personnes déplacées, les demandeurs d'asile et les réfugiés. Le rapport préconise également l'amélioration des espaces de protection et le respect du principe de non-expulsion des réfugiés.

« Il est grand temps que la communauté internationale s'engage collectivement à trouver une solution politique à cette tragédie qui a fait, et continue à faire payer un lourd tribut quotidien aux Syriens », a déclaré M. Pinheiroa.