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Syrie : l'ONU condamne des frappes aériennes meurtrières contre la ville de Douma

Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Stephen O’Brien (3ème à partir de la gauche) visite la ville d'Homs en Syrie en 2015. (Archives)
OCHA
Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Stephen O’Brien (3ème à partir de la gauche) visite la ville d'Homs en Syrie en 2015. (Archives)

Syrie : l'ONU condamne des frappes aériennes meurtrières contre la ville de Douma

Des hauts responsables des Nations Unies ont fermement condamné lundi des frappes aériennes meurtrières par les forces gouvernementales syriennes contre Douma, une ville tenue par des rebelles et située à une dizaine de kilomètres de Damas.

Selon la presse, au moins 82 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dimanche par ces frappes aériennes et 250 autres ont été blessées.

L'Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a vivement condamné lundi ces bombardements. « Qu'un gouvernement frappe des marchés civils bondés et tue près d'une centaine de ses propres citoyens est inacceptable en toutes circonstances », a déclaré M. de Mistura dans une déclaration à la presse.

Ces frappes aériennes interviennent après le bombardement aveugle de Damas la semaine dernière par des groupes armés de l'opposition et l'interruption de l'approvisionnement en eau.

« L'accès humanitaire doit être autorisé sans condition et les tueries doivent cesser. Ce conflit n'aura pas de solution militaire », a dit M. de Mistura, qui a appelé toutes les parties syriennes à cesser immédiatement toute violence et à entamer un dialogue pour arriver à une solution politique à cette crise.

Ces frappes aériennes contre Douma ont eu lieu alors que le chef de l'ONU pour les affaires humanitaires, Stephen O'Brien, effectuait une visite de trois jours en Syrie qu'il a achevée lundi.

Lors de sa visite, M. O'Brien s'est rendu à Homs où il a vu l'impact des combats et rencontré des familles qui sont rentrées récemment.

« Je suis particulièrement consterné par les informations sur des frappes aériennes hier, ayant causé des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi les civils, dans le centre de Douma, une partie assiégée de Damas. Je suis horrifié par le manque total de respect pour la vie des civils dans ce conflit. J'appelle toutes les parties à ce conflit à protéger les civils et à respecter le droit international humanitaire », a déclaré Stephen O'Brien.

En raison de coupures par des groupes armés non étatiques, au moins cinq millions de personnes à Damas ont été sans eau pendant trois jours, la troisième fois cette année qu'elles subissent ces coupures d'eau. Deux millions de personnes à Alep ont également été privées de leur approvisionnement en eau pendant 17 jours, tandis que 300.000 personnes à Deraa et dans les villages environnant ont subi des coupures d'eau sept fois cette année.

« Il est inacceptable que ceux qui sont engagés dans un conflit utilisent l'accès à l'eau et à d'autres services comme une arme de guerre », a déclaré Stephen O'Brien.

Après avoir rencontré de hauts responsables gouvernementaux à Damas, M. O'Brien a déclaré avoir eu des discussions constructives sur les moyens de renforcer les opérations d'aide humanitaire, et a espéré que des mesures concrètes soient désormais prises.

Notant avec préoccupation le manque de financement pour les opérations humanitaires en Syrie et dans la région, le chef de l'ONU pour les affaires humanitaires a appelé la communauté internationale à financer ces opérations.

De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une déclaration dans laquelle il demande une nouvelle fois que « toutes les parties mettent fin à toutes attaques contre les civils ainsi qu'à l'emploi sans discrimination d'armes dans des zones peuplées ».

Le Conseil s'est déclaré vivement préoccupé par le fait que certaines parties du territoire syrien sont sous le contrôle de groupes terroristes comme l'État islamique d'Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra.

Il a par ailleurs félicité l'Envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, d'avoir organisé à Genève, d'avril à juin 2015, des consultations avec de nombreuses parties prenantes s'agissant de la crise en Syrie.

Le Conseil a exhorté « toutes les parties à s'associer de bonne foi aux efforts que déploie l'Envoyé spécial dans le cadre de ses bons offices et à continuer de participer aux consultations et aux discussions thématiques ». Il a noté que ces efforts peuvent s'appuyer sur plusieurs initiatives récentes, parmi lesquelles les réunions de Moscou, du Caire, de Paris et d'Astana.

Le Conseil de sécurité a souligné qu'il importait que l'action menée par l'Envoyé spécial bénéficie d'un soutien énergique au niveau international et régional.