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Syrie : le chef de l'humanitaire de l'ONU s'indigne de l'aggravation de la situation

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Loey Felipe
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Loey Felipe

Syrie : le chef de l'humanitaire de l'ONU s'indigne de l'aggravation de la situation

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a dénoncé mardi devant le Conseil de sécurité l'aggravation de la crise humanitaire en Syrie, où 12,2 millions de personnes ont besoin d'une assistance.

Lors d'un exposé devant les membres du Conseil, M. O'Brien, qui doit se rendre à Damas le mois prochain, a dénoncé un nouveau mois de « tristes statistiques » qui illustrent les horreurs d'un « conflit brutal » et les « immenses souffrances de civils assiégés ».

Le dernier rapport du Secrétaire général note que « cinq ans après le début du conflit, il ne reste guère de mots pour décrire les souffrances endurées par les Syriens. Aux civils morts et blessés, à la destruction des biens matériels et du patrimoine culturel, et au déplacement de dizaines de milliers de personnes vient s'ajouter le fait que nombre de Syriens sont également en proie à de graves pénuries d'eau et de carburant, ce qui exacerbe les maladies et les difficultés, en particulier dans les zones difficiles d'accès ».

Ces dernières semaines, la violence a connu une escalade supplémentaire, a indiqué M. O'Brien, qui a dénoncé les attaques aveugles et disproportionnées commises par toutes les parties et qui frappent même des quartiers résidentiels, des marchés, des écoles, des hôpitaux et des lieux de cultes.

Selon le chef de l'humanitaire de l'ONU, les combats intenses dans le pays ont entraîné une recrudescence de déplacements de populations. Dans le gouvernorat d'Ar-Raqqa, plus de 70.000 personnes ont fui du fait de l'escalade des combats entre l'Etat islamique d'Iraq et du Levant (EIIL) et des groupes armés non étatiques, tandis que 40.000 personnes ont fui la ville de Dar'a après une offensive de ces groupes. Au total, depuis le début de 2015, plus d'un million de personnes ont dû quitter leur foyer, s'ajoutant aux 7,6 millions de déplacés recensés à la fin de 2014.

Par ailleurs, le nombre de réfugiés enregistrés a atteint début juillet le chiffre record de 4 millions, ce qui représente la plus grande population de réfugiés provoquée par un seul conflit depuis plus d'un quart de siècle. M. O'Brien a remercié les pays voisins qui accueillent ces réfugiés et a appelé les autres pays de la communauté internationale à faire davantage d'efforts pour soutenir ces pays et accueillir eux-mêmes des réfugiés.

Le Secrétaire général adjoint s'est également plaint que les parties au conflit continuent d'interrompre la fourniture des services essentiels à la population, signalant notamment des coupures d'eau par des groupes armés non étatiques qui affectent 1,7 million de personnes à Alep. La disponibilité de l'eau s'est vue réduite de moitié dans le pays depuis le début du conflit, ce qui a entrainé des milliers de cas de maladies comme la diarrhée aigüe, l´hépatite A et la typhoïde.

Plus généralement, Stephen O'Brien a expliqué que le conflit en Syrie détruisait progressivement le tissu social et économique du pays, faisant perdre les progrès réalisés en termes de développement au cours de plusieurs générations : 80% des personnes vivent dans la pauvreté, la population souffre d'insécurité alimentaire et de la dégradation des infrastructures vitales, tandis que les réseaux familiaux et communautaires sont détruits.

Malgré cet environnement difficile, M. O'Brien a salué les mesures prises par l'ONU et les organisations non gouvernementales opérant en Syrie qui continuent à aider des millions de personnes.

Au cours des premiers mois de 2015, elles ont ainsi fourni une aide alimentaire à 5,8 millions de personnes chaque mois, ainsi qu'une aide médicale, de l'eau et des articles de première nécessité à de nombreuses personnes. Il a cependant regretté le manque d'accès à certaines populations et a alerté sur le fait que le plan de réponse pour la Syrie n'était encore financé qu'à hauteur de 27%.