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Syrie : l'ONU appelle toutes les parties à cesser de prendre pour cible les civils

En juin 2015, à Alep, en Syrie, un repas en cours de préparation dans abri. Photo : OCHA / Josephine Guerrero (archives)
En juin 2015, à Alep, en Syrie, un repas en cours de préparation dans abri. Photo : OCHA / Josephine Guerrero (archives)

Syrie : l'ONU appelle toutes les parties à cesser de prendre pour cible les civils

A l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Syrie, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a appelé les parties au conflit à mettre fin aux attaques aveugles contre des civils, à lever les sièges dont sont victimes les populations et à ne pas entraver l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones difficiles d'accès.

A l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation en Syrie, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Stephen O'Brien, a appelé lundi les parties au conflit à mettre fin aux attaques aveugles contre des civils, à lever les sièges dont sont victimes les populations et à ne pas entraver l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones difficiles d'accès.

Dans un discours lu par la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Kyung-wha Kang, M. O'Brien a dressé un bilan sombre de l'état du pays après quatre ans de conflit.

« Aujourd'hui, plus de 220.000 personnes ont été tuées et plus d'un million ont été blessées. Environ 7,6 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays et plus de 4 millions ont fui au-delà des frontières. Et la violence continue en toute impunité », a-t-il déclaré.

Au cours des derniers mois, a en effet constaté M. O'Brien, les violences perpétrées par l'ensemble des parties prenantes n'ont pas diminué, qu'il s'agisse de l'utilisation ininterrompue d'engins explosifs à l'intérieur de villes densément peuplées, des attaques aveugles menées contre les zones sous contrôle gouvernemental à Alep, des tentatives répétées de Daech (autrement appelé l'Etat islamique d'Iraq et du Levant) de reprendre la ville de Kobané ces derniers jours ou de l'usage de bombes barils par les autorités du pays.

« L'utilisation répétée de bombes barils par le gouvernement doit cesser immédiatement, de même que toutes autres formes d'attaques aveugles contre des civils, qui sont strictement interdites par le droit international humanitaire », a-t-il insisté.

Le Secrétaire général adjoint a fortement condamné les conséquences de ces violences depuis le mois d'avril dernier, à savoir la mort de centaines de civils, dont un grand nombre de femmes et d'enfants, le déplacement de dizaines de milliers de personnes et la destruction des infrastructures du pays.

Sur ce dernier point, M. O'Brien a précisé que le mois de mai 2015 a été le cadre du plus grand nombre d'attaques contre des établissements de santé depuis le début du conflit.

« Ce mois-là, il y a eu 15 attaques vérifiées contre des établissements médicaux, toutes sous la forme de bombardements aériens, dont huit attaques avec des bombes barils. Dix membres du personnel médical ont été tués », a déploré le Secrétaire général adjoint.

« Malgré un environnement extrêmement difficile, les organisations humanitaires opérant à l'intérieur de la Syrie et dans les pays voisins continuent de venir en aide à des millions de personnes dans le besoin », a toutefois salué M. O'Brien, précisant que, chaque mois, le Programme alimentaire mondial (PAM) nourrit environ 4,1 millions de personnes, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) distribue des médicaments à environ 2,7 millions de personnes et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) fournit de l'eau potable, des services d'assainissement et de l'éducation à environ 2,2 millions de personnes.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) continue également de fournir à plus de 240.000 personnes du matériel de secours et des services de protection, a-t-il ajouté, et l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) soutient environ 480.000 réfugiés palestiniens en Syrie.

« Cependant, l'acheminement de l'aide aux 4,8 millions de personnes dans le besoin se trouvant dans des zones difficiles d'accès reste un défi sérieux, en raison des combats, de l'insécurité et de l'obstruction délibérée des parties au conflit », a regretté le Secrétaire général adjoint, tout en demandant au gouvernement syrien d'accélérer son approbation des demandes d'accès à ces zones.

Les parties au conflit, y compris les forces gouvernementales et Daech, continuent d'assiéger 422.000 civils, a par ailleurs déploré M. O'Brien, selon qui l'assistance octroyée par les agences de l'ONU et leurs partenaires dans les zones assiégées est inadaptée.

Aussi, le Secrétaire général adjoint a appelé les parties à lever les différents sièges dont sont victimes les populations.

S'agissant du financement de l'aide, M. O'Brien a déclaré que seulement un quart des fonds demandés pour financer les opérations d'urgence en Syrie a été perçu.

« L'aide alimentaire dans la région est maintenant en danger », a-t-il ajouté, précisant que depuis janvier 2015, le PAM a dû réduire ses provisions alimentaires de 30%.

Si le financement de l'assistance humanitaire en Syrie n'augmente pas rapidement, de nouvelles réductions de l'aide apportée seront sans doute nécessaires dans les trois prochains mois, a-t-il mis en garde.