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Syrie : la communauté internationale doit aller plus loin dans son engagement, selon l'ONU

Angelina Jolie, Envoyée spéciale du HCR, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie. Photo ONU/Mark Garten
Angelina Jolie, Envoyée spéciale du HCR, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie. Photo ONU/Mark Garten

Syrie : la communauté internationale doit aller plus loin dans son engagement, selon l'ONU

A l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation en Syrie, plusieurs hauts responsables de l'Organisation ont appelé la communauté internationale à accroître son engagement pour mettre fin au conflit dans ce pays, dont la détérioration actuelle a des conséquences catastrophiques sur les déplacés et réfugiés syriens.

Dans une déclaration adoptée par le Conseil de sécurité au cours de la réunion, les 15 membres ont exigé de toutes les parties au conflit syrien qu'elles « mettent un terme immédiatement à toutes les formes de violence ».

Le Conseil s'est également déclaré gravement préoccupé par la « détérioration sérieuse et rapide » de la situation humanitaire en Syrie, et notamment par le fait que plus de 220.000 personnes, parmi lesquelles plus de 10.000 enfants, ont trouvé la mort depuis le début du conflit il y a plus de quatre ans ; la moitié environ des habitants ont été contraints de fuir leurs foyers ; plus de 3,9 millions d'entre eux, dont près de 2,1 millions d'enfants, ont cherché refuge dans les pays voisins ; et plus de 12,2 millions de personnes restées en Syrie, dont 440.000 civils dans des zones assiégées, ont un besoin urgent d'assistance humanitaire.

Sur la base de ce constat, les membres du Conseil ont exhorté « les donateurs, les institutions financières internationales et les organismes des Nations Unies à envisager de recourir à des mécanismes de financement qui répondent véritablement aux besoins particuliers des pays à revenu intermédiaire touchés par la crise syrienne et atténuent l'impact structurel massif du conflit sur les pays voisins ».

Faisant écho aux préoccupations du Conseil, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a appelé la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter une détérioration de la situation dans la région, fortement déstabilisée par la crise syrienne.

« Il est de mon devoir, en tant que Haut-Commissaire, de demander aux gouvernements de continuer à accueillir des civils [syriens] recherchant leur protection », a déclaré M. Guterres. « Mais le conflit et le flux de réfugiés qui en découle, en l'absence d'une solidarité internationale suffisante, a eu un impact tellement énorme sur les pays voisins que nous faisons désormais face à une lassitude grandissante de la part des pays d'accueil et, dans certaines zones, à l'établissement de mesures plus sévères à l'encontre des réfugiés ».

Le Haut-Commissaire a ainsi appelé le Conseil et la communauté internationale à accroître leur appui aux pays voisins de la Syrie, à augmenter l'aide humanitaire apportée aux réfugiés et aux communautés d'accueil vulnérables, et à pallier aux manquements des politiques actuelles de coopération pour le développement afin que des pays à revenu intermédiaire, tel que le Liban, puissent également bénéficier de l'aide internationale.

Egalement présente à la réunion du Conseil, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a fait part de sa consternation face à la montée en puissance des atrocités commises en Syrie, au détriment de la population civile.

« J'appelle le Conseil à envisager sérieusement d'user de tous les moyens dont il dispose pour mettre un terme à la violence en Syrie, mettre fin aux violations du droit international et protéger les civils », a déclaré Mme Amos.

Plus spécifiquement, la Secrétaire générale adjointe a encouragé les membres du Conseil à exiger la cessation des attaques contre les écoles et infrastructures de santé ; mandater une mission d'enquête pour faire la lumière sur les responsables de telles attaques ainsi que sur les attaques s'exerçant contre des civils ; entamer des négociations pour l'établissement de « pauses humanitaires » et de « jours de repos » ; et veiller au respect de l'embargo sur les armes et à l'application des sanctions ciblées.

S'exprimant également devant les 15 membres du Conseil, l'Envoyée spéciale du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Angelina Jolie Pitt, a quant à elle mis l'accent sur la détérioration de la situation sur le terrain pour les civils syriens.

« Je pense à la mère que j'ai récemment rencontrée dans un camp de réfugiés [syriens] en Iraq. Elle pourrait vous dire ce que c'est d'essayer de continuer à vivre après que votre fille a été enlevée par des hommes armés, et enrôlée comme esclave sexuelle », a déclaré Mme Jolie Pitt, qui a rendu visite à des réfugiés syriens dans plusieurs pays de la région à 11 reprises depuis le début du conflit.

Insistant sur la responsabilité collective des Etats membres dans l'évolution de la crise syrienne, l'Envoyée spéciale du HCR a pointé du doigt l'incapacité de la communauté internationale à trouver une solution diplomatique.

« Notre époque ne sera pas définie par les crises elles-mêmes, mais par la façon dont nous unissons nos efforts en tant que communauté internationale pour y faire face », a conclu Mme Jolie Pitt.

De son côté, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Ertharin Cousin, a précisé que son agence avait apporté une aide à 4 millions de personnes en Syrie depuis le début de la crise et à 1,9 million d'autres les pays voisins.

Elle a prévenu que cette assistance humanitaire était menacée par le manque d'argent. « Nous avons été forcés de réduire de 30% le panier alimentaire familial en Syrie », a-t-elle expliqué. « Je veux prévenir le Conseil que quand réduisons les opérations alimentaires, nous réduisons la stabilité ».

« Nous ne pouvons pas demander aux parents d'élever leurs enfants dans une région sans nourriture et sans paix », a-t-elle conclu.