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Soudan du Sud : la MINUSS condamne les attaques répétées contre des civils à Bentiu

Distribution de nourriture à des personnes déplacées au Soudan du Sud. Photo ONU/JC McIlwaine
Distribution de nourriture à des personnes déplacées au Soudan du Sud. Photo ONU/JC McIlwaine

Soudan du Sud : la MINUSS condamne les attaques répétées contre des civils à Bentiu

Les forces de l'opposition au Soudan du Sud auraient tué au moins 11 civils et commis d'autres violations graves des droits de l'homme lors d'une attaque dans la capitale de l'État d'Unity en octobre dernier, selon un nouveau rapport de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), rendu public vendredi.

Elaboré par la Division des droits de l'homme de la MINUSS, ce rapport est également assorti de témoignages émanant de plusieurs sources, selon lesquelles les forces de l'opposition auraient enlevé et violé des femmes à Bentiu après que les troupes gouvernementales s'étaient retirées de certaines parties de la ville dans l'après-midi du 29 octobre 2014.

La Division des droits de l'homme de la Mission a ainsi établi une liste de 14 femmes qui auraient été enlevées par les forces de l'opposition lors de leur occupation de Bentiu, qui a duré l'espace de cinq heures. Selon plusieurs témoins, deux femmes et un bébé de six mois ont été tués dans leurs maisons par les forces de l'opposition près d'une église catholique dans un quartier de Bentiu.

« Les témoignages concernant ces violations flagrantes des droits de l'homme sont monnaie courante dans le conflit actuel et impliquent l'ensemble des parties », indique le rapport. Selon ses conclusions préliminaires, « les forces [de l'opposition] ont commis de graves violations des droits de l'homme et des violations graves du droit international humanitaire susceptibles de constituer des crimes de guerre ».

Les spécialistes des droits de l'homme de la MINUSS ont conduit 21 entretiens avec des victimes, des témoins et d'autres sources suite à l'attaque menée le 29 octobre par les forces de l'opposition contre Bentiu et la ville adjacente de Rubkona. Ces affrontements faisaient suite à des rumeurs persistantes concernant une attaque imminente des forces de l'opposition contre la capitale de l'État d'Unity, qui avait changé de mains à quatre reprises entre le déclenchement de la crise en décembre 2013 et mai 2014.

Selon le rapport, les spécialistes des droits de l'homme de la MINUSS se sont rendus dans la ville de Nhialdiu, contrôlée par l'opposition, le 24 novembre pour enquêter sur ces allégations. Les autorités locales affiliées à l'opposition armée ont nié les accusations selon lesquelles les forces de l'opposition auraient ciblé ou enlevé des civils et ont suggéré que les civils décédés peuvent avoir été les victimes de balles perdues durant les affrontements. Ils ont également déclaré, indique le rapport, que les femmes ayant quitté Bentiu avaient accompagné les forces d'opposition de leur plein gré.

« Ce rapport est un rappel opportun des combats qui ont perduré dans les Etats d'Unity, du Haut-Nil et du Jonglei en dépit des accords de cessation des hostilités signés par les deux parties il y a environ un an », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU au Soudan du Sud, Ellen Margrethe Loej, dans un communiqué de presse à l'occasion de la sortie du rapport. « Je condamne fermement la prise pour cible de civils non armés durant les combats en cours et appelle les deux parties à faire preuve de retenue et à respecter les droits des non-combattants ».