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Soudan du Sud : Ban Ki-moon lance un nouvel appel à la paix au 1er anniversaire du conflit

Distribution de nourriture à des personnes déplacées au Soudan du Sud. Photo ONU/JC McIlwaine
Distribution de nourriture à des personnes déplacées au Soudan du Sud. Photo ONU/JC McIlwaine

Soudan du Sud : Ban Ki-moon lance un nouvel appel à la paix au 1er anniversaire du conflit

Alors que le conflit au Soudan du Sud entre dans sa deuxième année, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a exhorté lundi les représentants des deux parties à se mettre d'accord sur un partage du pouvoir, tout en appelant la communauté internationale à peser de tout son poids dans les négociations.

« Cela fait un an aujourd'hui que le conflit a éclaté dans la plus jeune nation du monde, le Soudan du Sud », a regretté M. Ban. « Je suis consterné et attristé de constater que les parties ne sont toujours pas parvenues à un accord de paix global ».

« Les dirigeants du Soudan du Sud ont laissé leurs ambitions personnelles mettre en péril l'avenir de toute une nation », a déploré le Secrétaire général dans une déclaration à la presse, ajoutant que des dizaines de milliers de personnes ont trouvé la mort, 1,9 million de personnes ont été déplacées et des millions d'autres souffrent actuellement d'insécurité alimentaire, en raison du conflit.

« Il faut immédiatement mettre un terme à cette tuerie », a déclaré M. Ban, constatant que le principe même de la lutte pour l'indépendance du pays – un nouveau départ fondé sur la tolérance, la bonne gouvernance, la responsabilité et l'unité – est « sur le point de disparaître sous nos yeux ».

« J'appelle de nouveau les représentants des deux parties à accepter un partage du pouvoir inclusif pour commencer une phase de transition de gouvernance qui permettra à la fois de résoudre les causes profondes du conflit et d'assurer la responsabilité pour les crimes commis au cours de l'année écoulée », a poursuivi M. Ban, insistant sur le fait qu'un terme doit être mis à la culture de l'impunité en vue d'atteindre la réconciliation et une paix durable.

Le chef de l'ONU a également appelé la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour appuyer le processus de paix sous l'égide de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et a salué le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine pour la création d'un Comité ad hoc des chefs d'Etats à cet effet. « Les Nations Unies resteront pleinement mobilisées pour appuyer le processus de paix, protéger les civils et acheminer l'aide humanitaire », a conclu le Secrétaire général.

À l'occasion d'une réunion sur la situation dans le pays, le Conseil de sécurité s'est quant à lui déclaré lundi profondément préoccupé par le non-respect persistant de l'Accord de cessation des hostilités du 23 janvier 2014 et de l'Accord de règlement de la crise au Soudan du Sud du 9 mai 2014, ainsi que par l'absence d'un accord de paix crédible, qui « se traduisent par la persistance des risques de famine, de désintégration de l'État et de régionalisation du conflit ».

À cet égard, le Conseil a exigé du Président Salva Kiir Mayardit, de l'ex-Vice-Président Riek Machar Teny et de toutes les parties qu'elles s'abstiennent d'urgence de toute nouvelle violence ; appliquent l'Accord de règlement de la crise signé le 9 mai 2014 par la République du Soudan du Sud et le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (dans l'opposition) ; participent pleinement aux pourparlers de paix qui se déroulent à Addis-Abeba ; respectent l'engagement à mettre en place un gouvernement d'unité nationale de transition ; et autorisent et facilitent l'accès du personnel, du matériel et des fournitures humanitaires en toute sécurité et sans entrave à tous ceux qui en ont besoin.

Pour sa part, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a souligné lundi à Genève la situation « effroyable » dans laquelle se trouve la population civile du Soudan du Sud, « victime d'assassinats ciblés, de pillages et de violences, et contrainte à vivre dans des conditions de plus en plus désespérées depuis le début du conflit ».

Dans un communiqué de presse, M. Zeid a mis en garde la communauté internationale contre les informations « très préoccupantes » selon lesquelles les combats seraient sur le point de s'intensifier « maintenant que la saison sèche a commencé ».

« Le désespoir dans les camps de personnes déplacées internes est palpable », a-t-il déclaré. « Ce sont des femmes, des hommes et des enfants qui passent leurs journées dans des conditions terribles – durant les temps forts de la saison des pluies, ils devaient parfois patauger dans la boue jusqu'à la taille. Les enfants ne sont pas allés à l'école depuis un an maintenant et ne pourront sans doute pas s'y rendre pour une plus longue période encore. Les soins de santé sont basiques dans le meilleur des cas. Ils n'ont pas la liberté de mouvement et vivent dans la crainte de la violence qui les attend toujours au coin de la rue ».