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Syrie : les civils continuent de subir des atrocités, selon la Commission d'enquête de l'ONU

Des réfugiés syriens au camp de Za'atari, dans le nord de la Jordanie. Photo IRIN/Heba Aly
Des réfugiés syriens au camp de Za'atari, dans le nord de la Jordanie. Photo IRIN/Heba Aly

Syrie : les civils continuent de subir des atrocités, selon la Commission d'enquête de l'ONU

Dans un nouveau rapport rendu public mercredi, la Commission internationale d'enquête sur la Syrie a indiqué que les groupes armés d'opposition et les forces du gouvernement continuent de commettre des atrocités massives et d'infliger des souffrances considérables à la population civile de ce pays.

Le rapport, qui est basé sur 480 témoignages et un grand nombre de documents, fait état de la terrible brutalité et du coût humain élevé du conflit, notamment pour les populations vulnérables, et en particulier les femmes et les enfants qui sont privés de leurs droits les plus basiques et qui n'ont aucune possibilité d'avoir une vie normale.

« Des centaines de civils meurent tous les jours alors que les combats se poursuivent sans égard pour la loi ni pour la conscience », a déclaré le Président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Sérgio Pinheiro, lors de la publication du rapport.

Dans les zones contrôlées par l'organisation terroriste l'Etat islamique d'Iraq et du Levant (EIIL), qui bénéficie actuellement d'un renfort apporté par un grand nombre de combattants volontaires étrangers, les journées de vendredi sont marquées par des exécutions et des séances de torture en place publique et les civils, y compris les enfants, sont encouragés à y assister.

« Les membres de l'EIIL ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité dans les gouvernorats d'Alep et d'Ar-Raqqah, dont des actes de torture, des assassinats, des disparitions forcées et des déplacements forcés. L'EIIL représente un danger pour les civils, et en particulier pour les minorités qui vivent dans les zones qu'il contrôle en Syrie et dans la région », a averti M. Pinheiro.

D'autres groupes armés continuent de commettre des violations, dont des exécutions sommaires et des attaques contre des civils. Le groupe Jabhat Al-Nusra a notamment pris la responsabilité de plusieurs attaques à la voiture piégée dans la ville de Homs. Des attaques ont également eu lieu à Damas et à Alep.

Les forces du gouvernement syrien continuent également de commettre des violations, a affirmé la Commission d'enquête dans le rapport. Des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis en toute impunité. Entre le mois de janvier et de juillet, des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants ont été tués chaque semaine dans des bombardements sans distinction, notamment avec des barils de pétrole remplis d'explosifs dans des zones peuplées par des civils.

Selon la Commission d'enquête, les soldats du gouvernement ont empêché des civils blessés de franchir des barrages routiers pour atteindre un hôpital, et les hôpitaux sont privés de médicaments et de fournitures essentiels. Dans les prisons du gouvernement, les détenus sont torturés et soumis à des violences sexuelles de façon systématique et un grand nombre de prisonniers sont morts.

La Commission d'enquête a souligné qu'en avril et en mai, les forces du gouvernement ont utilisé des produits chimiques, probablement du chlore, dans huit incidents dans l'ouest du pays.

Des enfants sont de plus en plus souvent recrutés et enrôlés dans les rangs des groupes armés d'opposition et dans les milices alliées au gouvernement. La désintégration des familles et des communautés, souvent causée par la mort ou la disparition des hommes, a également renforcé la vulnérabilité des femmes et des filles qui sont obligées de trouver un moyen de nourrir la famille, et les violences sexuelles et les mariages précoces se multiplient.

Le rapport affirme que certains États continuent de fournir des armes, dont des armes lourdes au gouvernement syrien, tandis que d'autres apportent un soutien matériel et financier aux groupes armés d'opposition. Ce soutien et ces armes servent à poursuivre le conflit avec des conséquences désastreuses pour les civils. La Commission d'enquête a recommandé un embargo total sur les armes et appelé la communauté internationale à stopper la prolifération et la fourniture d'armes.