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La Haut Commissaire Pillay plaide à son tour pour une solution politique au conflit en Syrie

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay.
ONU/Jean-Marc Ferré
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay.

La Haut Commissaire Pillay plaide à son tour pour une solution politique au conflit en Syrie

La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a affirmé lundi qu'il y avait peu de doutes quant à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, plaidant à la suite du Secrétaire général pour une solution politique.

Lors de son allocution d'ouverture à la 24ème session du Conseil des droits de l'homme, Mme Pillay a regretté que la communauté internationale ait attendu « aussi longtemps » pour agir et mettre fin aux violences dans ce pays, où, depuis le début du conflit, en mars 2011, plus de 100.000 personnes ont trouvé la mort, quatre millions d'autres ont été déplacées et deux millions sont réfugiées dans les pays voisins.

« Cette situation effrayante exige une action de la part de la communauté internationale, même si une réponse militaire ou la poursuite des livraison d'armes risquent d'embraser la région et de faire encore davantage de victimes et sera source de souffrances supplémentaires », a mis en garde la Haut Commissaire

Selon elle, le recours aux armes chimiques en Syrie ne pas de doute ; seules les circonstances et les responsabilités restent à déterminer. La juriste sud-africaine a donc exhorté les grandes puissances à se mettre d'accord sur les moyens d'aller de l'avant. « Les intérêts géopolitiques ne doivent plus faire obstacle à l'obligation morale et juridique de sauver des vies en Syrie en mettant fin au conflit », a-t-elle déclaré, tout en mettant en garde contre une riposte militaire et la poursuite de la fourniture d'armes, qui risquent de déclencher une conflagration régionale.

Navi Pillay a ensuite évoqué d'autres situations préoccupantes des droits de l'homme au Moyen-Orient, comme en Iraq voisin, touché par une nouvelle vague de violences qui a fait plus de 1.800 victimes au cours des deux derniers mois. La Haut Commissaire a appelé les autorités de ce pays à tout mettre en œuvre pour protéger ses citoyens et à ouvrir une enquête indépendante sur les incidents qui se sont produits la semaine dernière dans le camp d'Ashraf, où 52 personnes ont été tuées.

La Haut Commissaire s'est également inquiétée de la violence en Égypte, demandant aux autorités d'ouvrir des enquêtes transparentes sur les meurtres et autres violations des droits de l'homme. Le Haut Commissariat, a-t-elle annoncé, adressera bientôt aux autorités égyptiennes un projet de mémorandum en vue de l'ouverture d'un bureau en Égypte.

La Haut-Commissaire a observé que les événements en Turquie, en mai et juin derniers, ont montré à quel point il importe de protéger le droit de manifester de manière pacifique et de limiter le recours à la force par la police. Elle a noté, à ce propos, une décision récente de la Cour européenne des droits de l'homme condamnant en particulier les tirs de gaz lacrymogène contre des manifestants. Mme Pillay a aussi fait part de sa préoccupation concernant la politique d'évacuations forcées et de démolition de logements menée par Israël, contraire à l'article 49 de la quatrième Convention de Genève, et devant l'usage d'une force excessive par les forces de sécurité israéliennes, qui a causé la mort de cinq personnes depuis le 18 août dernier, et par leurs homologues palestiniens, qui ont fait une victime dans un camp de réfugiés près de Naplouse.

La Haut-Commissaire s'est inquiétée par ailleurs de la portée de la surveillance, aux États-Unis et au Royaume-Uni, des réseaux électroniques et sociaux, ainsi que de l'incidence d'une telle surveillance à l'insu des personnes et groupes concernés sur le respect de la vie privée et d'autres droits de l'homme. Mme Pillay a estimé qu'il conviendrait de légiférer dans ce domaine de manière à maîtriser les conséquences potentiellement dangereuses des technologies modernes de l'information.

Préoccupée par l'exclusion sociale et la ségrégation qui continuent de frapper les Rom dans de nombreux pays européens, en France et en Slovaquie en particulier, Navi Pillay a noté que dans le premier cas, le Médiateur de la République avait constaté que les expulsions forcées de Rom se faisaient dans des conditions incompatibles avec les normes internationales et la législation française. Son homologue slovaque a pour sa part dénoncé les violations des droits de l'homme commises par la police, a-t-elle relevé.

Par ailleurs, la Haut Commissaire a également dénoncé la politique de l'Australie envers les demandeurs d'asile, en particulier le transfert des migrants en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle a souligné la vulnérabilité particulière des quelque 215 millions de migrants dans le monde à diverses formes d'abus, en rappelant qu'elle avait proposé la prise en compte des droits des migrants dans le programme de développement pour l'après 2015.