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Armes chimiques : de retour de Syrie, les inspecteurs de l'ONU examinent les éléments de leur enquête

Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Martin Nesirky.
ONU/Paulo Filguerias
Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Martin Nesirky.

Armes chimiques : de retour de Syrie, les inspecteurs de l'ONU examinent les éléments de leur enquête

Les inspecteurs de l'ONU chargés de déterminer si des armes chimiques ont été employées en Syrie sont arrivés samedi aux Pays-Bas afin de préparer les échantillons prélevés sur le site présumé d'une attaque en vue de leur analyse.

Au terme de cinq jours d'enquête, les inspecteurs de l'ONU chargés de déterminer si des armes chimiques ont été employées en Syrie sont rentrés samedi aux Pays-Bas afin de préparer les échantillons prélevés sur le site présumé d'une attaque en vue de leur analyse, a annoncé à la mi-journée le porte-parole du Secrétaire général, Martin Nesirky.

Ban Ki-moon, a-t-il indiqué lors d'un point de presse, a été informé ce matin même par la Haute Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, Angela Kane, de l'état actuel de l'enquête, qui vient d'achever sa première phase. « Les inspecteurs remettront les échantillons à deux laboratoires. Pour que l'équipe puisse rendre ses conclusions, il faudra laisser le temps à ces laboratoires d'effectuer les analyses ». Il a assuré qu'elles seraient finalisées le plus rapidement possible, sans toutefois donner de date-butoir.

Les inspecteurs ont commencé de travailler dès aujourd'hui sur les autres éléments qu'ils ont été en mesure de réunir, notamment les témoignages des personnes interrogées sur place : « Outre les résultats des analyses, les entretiens doivent être traduits et regroupés pour figurer dans un rapport qui sera remis au Secrétaire général.»

Le Secrétaire général, a précisé le porte-parole, s'est entretenu ce matin avec le Professeur Åke Sellström, le scientifique suédois qui dirige la mission d'inspection, qui devrait lui donner dimanche, depuis La Haye, des éléments d'information supplémentaires.

L'équipe a été finalement autorisée à se rendre en Syrie le 19 août. Le 26, alors qu'ils se rendaient sur le site présumé d'une attaque dans la zone de Ghouta, en banlieue de Damas, où des armes chimiques auraient été utilisées le 21 août, les inspecteurs ont essuyé des tirs de snipers. Ils ont pu reprendre leur travail mercredi. Le Secrétaire général avait demandé que l'enquête porte en priorité sur cette attaque, qui aurait fait plus de 1.000 morts et avait choqué la communauté internationale.

Une fois les conclusions des inspecteurs connues, Ban Ki-moon les transmettra aux membres du Conseil de sécurité et aux États membres des Nations Unies.

C'est à la demande du gouvernement syrien qu'une mission d'établissement des faits avait été établie. La lettre adressée à Ban Ki-moon le 20 mars dernier demandait une « mission spécialisée, impartiale et indépendante chargée d'enquêter sur les allégations selon lesquelles des armes chimiques ont été utilisées » dans le cadre du conflit qui sévit en Syrie depuis deux ans et demi.

Mais l'équipe avait été contrainte de rester stationnée à Chypre depuis le 8 avril, après le refus des autorités syriennes d'autoriser son déploiement. Dans l'intervalle, les gouvernements de la France et du Royaume-Uni avaient saisi à leur tour le Secrétaire général pour demander que l'enquête porte sur d'autres sites que ceux mentionnés par le gouvernement syrien.

Les sites incriminés par ce dernier sont ceux du village de Khan al-Assal, un quartier d'Alep, et de Homs, où des attaques auraient été perpétrées en mars et décembre dernier, respectivement.

Martin Nesirky a affirmé aujourd'hui que les inspecteurs reviendront en Syrie pour y reprendre leur enquête sur toutes les allégations en suspens, « y compris celles de [Khan] al-Assal ».

Répondant à un journaliste, le porte-parole a expliqué qu'il n'était pas du ressort du Secrétaire général d'élargir le mandat de la mission, dont l'objectif est déterminer «de manière impartiale » si des armes chimiques ont été utilisées, et non d'établir les responsabilités.

« Le mécanisme mis en place par le Secrétaire général découle d'une résolution de l'Assemblée générale qui a été ensuite approuvée par le Conseil de sécurité », a-t-il fait observer.

En vertu de la résolution 42/37 C (1987) de l'Assemblée générale, le Secrétaire général est en effet prié, «lorsqu'un État Membre lui signalera des cas d'emplois d'armes chimiques et bactériologiques […], de procéder à une enquête afin d'établir les faits et de rendre compte rapidement des résultats à tous les États Membres ». Cette obligation est réaffirmée par la résolution 620 (1988) du Conseil de sécurité.

Interrogé sur la position de Ban Ki-moon concernant des frappes aériennes éventuelles contre le régime de Bachar Al-Assad, M. Nesirky a répondu que l'équipe avait besoin de temps avant de rendre ses conclusions et qu'il n'existait pas d'alternative à la solution politique. « Je tiens à rappeler l'importance de la Charte des Nations Unies », a-t-il souligné.