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Syrie : Navi Pillay met en garde les autorités contre la répression

Syrie : Navi Pillay met en garde les autorités contre la répression

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay.
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a appelé samedi les autorités syriennes "à tirer les leçons des récents événements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qui montrent clairement que la répression violente de manifestations pacifiques, non seulement ne résout pas les griefs de personnes qui descendent dans la rue mais risque de créer une spirale de colère, de violence, de meurtres et de chaos."

"Depuis le début de cette année, nous avons assisté à de nombreux cas où les autorités de différents pays ont utilisé la force contre des manifestations de masse. Nulle part cette stratégie a réussi à étouffer le mécontentement. En effet, elle n'a fait qu'alimenter la frustration et la colère jusqu'à ce qu'elles aient atteint le point d'ébullition", a dit Navi Pillay dans un communiqué.

"Une fois cette spirale infernale enclenchée, il est beaucoup plus difficile de faire ce qui aurait été fait en premier lieu, à savoir garantir les droits légitimes des manifestants à l'expression et à la réunion pacifique, écouter et travailler à résoudre les vrais problèmes qu'ils soulèvent et prendre des mesures rapides pour lutter contre le déficit en matière de droits de l'homme qui a conduit à leur mécontentement," a-t-elle ajouté.

Notant que le gouvernement syrien a annoncé jeudi une série de réformes politiques et économiques, y compris la tenue de consultations sur la fin de l'état d'urgence qui est en place depuis 1963, Mme Pillay a jugé que la répression violente des manifestations vendredi par les forces de sécurité était particulièrement inquiétante.

"Les actions parlent plus fort que les mots", a-t-elle dit. « Annoncer un train de réformes attendues depuis longtemps et bien accueillies, puis ouvrir le feu sur les manifestants dans les rues dès le lendemain, envoie des signaux diamétralement opposées et porte gravement atteinte à la confiance."

La Haut Commissaire a cité des informations signalant des dizaines de meurtres au cours de la semaine passée, dont au moins deux enfants. Elle a condamné l'utilisation de balles réelles contre des manifestants non armés. Tout en se félicitant de l'annonce jeudi par le gouvernement syrien d'une enquête sur les meurtres, elle a réitéré que toute enquête devait être indépendante, impartiale, transparente et efficace. Elle a également appelé à la libération immédiate de tous les manifestants et défenseurs des droits humains arrêtés.

"J'exhorte les autorités à cesser immédiatement de tirer sur les manifestants pacifiques et à poursuivre ceux qui sont responsables de ces meurtres afin de regagner la confiance du peuple et de commencer un dialogue constructif et ouvert à tous ", a-t-elle dit.

Elle a cité des exemples de l'utilisation de la force pour réprimer des manifestations pacifiques en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen et à Bahreïn et a noté que, dans chaque cas, la réaction violente initiale des autorités a contribué à une détérioration rapide de la situation, ainsi qu'à de nombreux morts et blessés.

"Si les gouvernements avaient réagi de façon plus réfléchie, sans violence, à la demande du peuple, ces morts, ces destructions, cette peur et cette incertitude auxquelles ont été confrontés les gens ordinaires auraient pu être évitées », a déclaré Mme Pillay. "Le peuple syrien n'est pas différent des autres peuples de la région. Ces peuples veulent jouir des droits fondamentaux de l'homme qui leur ont été refusés pendant si longtemps."