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Disparitions forcées: des experts de l'ONU plaident pour les droits et la protection des victimes

Le Président du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires, Olivier de Frouville.
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Le Président du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires, Olivier de Frouville.

Disparitions forcées: des experts de l'ONU plaident pour les droits et la protection des victimes

Les familles et les groupes qui œuvrent pour les droits des victimes de disparitions forcées doivent être protégés et soutenus dans leur action, déclarent des experts indépendants dans le cadre d'un appel lancé vendredi 30 août, à l'occasion de la Journée internationale de ces victimes.

Les familles et les groupes de la société civile qui œuvrent pour les droits des victimes de disparitions forcées ont besoin d'être protégés contre les menaces et les représailles et d'être soutenus dans leur travail, déclarent des experts indépendants des Nations Unies dans le cadre d'un appel conjoint lancé vendredi 30 août, à l'occasion de la Journée internationale en l'honneur de ces victimes.

« Dans leurs pays, les familles des disparus et les organisations non gouvernementales sont parfois les seules voix réclamant la vérité, la justice et des réparations pour les victimes et attirant l'attention sur le fléau des disparus sur le plan national et international », déclarent dans un communiqué de presse les experts du Comité des disparitions forcées et le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires.

« En raison du rôle fondamental qu'ils jouent, plusieurs d'entre eux sont vulnérables aux intimidations et font face à des obstacles dans leur lutte pour prévenir et combattre les disparitions forcées », ajoutent les experts.

Les témoignages d'un groupe de familles qui travaillent pour élucider le sort de leurs proches mets en lumière les risques encourus. « Peu après avoir soumis nos cas au Groupe de travail, des agents de police sont venus chez nous pour nous demander pourquoi nous avions intenté une procédure contre le gouvernement», ont expliqué ces personnes.

« Nous faisons appel aux Etats pour prendre ou renforcer les mesures visant à protéger les familles et les groupes de la société civile qui travaillent sur des questions liées aux disparitions forcées, et pour prévenir et punir tout acte d'intimidation, de persécution ou de représailles à leur égard », affirment les experts.

Cependant, la baisse des donations entrave considérablement le travail des certaines ONG et associations de familles qui luttent pour la justice et soutiennent les proches des disparus.

« Nous sommes préoccupés par le fait que certaines organisations de la société civile sont confrontées à de sérieuses contraintes dans la poursuite de leurs activités et que d'autres luttent pour survivre en raison de la diminution de leurs soutiens, y compris financiers », soulignent le Comité et le Groupe de travail.

Un manque de fonds peut avoir un effet dévastateur, particulièrement pour les ONG locales qui tentent d'assurer un soutien pour les familles.

« Nous devons parfois voyager plusieurs jours pour rejoindre les maisons des familles de victimes de disparitions forcées qui ont été harcelées. Le transport et les communications sont très chers. Si nous ne pouvons pas être en contact avec elles, comment pouvons-nous protéger ces familles? », explique un groupe de la société civile.

« Nous appelons les Etats et les donateurs à renouveler leur engagement à lutter contre les disparitions forcées, en particulier en fournissant un soutien adéquat à ces groupes et individus qui jouent un rôle clef et travaillent si durement et si courageusement », plaident-ils en conclusion.

Les disparitions forcées ont souvent servi de stratégie pour faire régner la terreur dans la société. Le sentiment d'insécurité résultant de cette pratique ne se limite pas aux proches de la personne disparue, mais touche aussi la communauté et l'ensemble de la société.

Alors qu'elles étaient très répandues au sein des dictatures militaires, les disparitions forcées sont aujourd'hui perpétrées dans des situations complexes de conflits internes, en particulier comme moyen de répression politique des opposants.

La Journée a été proclamée par l'Assemblée générale le 21 décembre 2010.