L'actualité mondiale Un regard humain

Syrie : l'OCHA prévient de la détérioration rapide de la situation humanitaire en cas de poursuite du conflit

Une petite syrienne porte des bouteilles d'huile fournies par le PAM.
PAM/Abeer Etefa
Une petite syrienne porte des bouteilles d'huile fournies par le PAM.

Syrie : l'OCHA prévient de la détérioration rapide de la situation humanitaire en cas de poursuite du conflit

Alors que le conflit syrien touche à sa deuxième année, le Bureau de la coordination humanitaire des Nations Unies prévient qu'en cas de poursuite des violences, le nombre de nécessiteux dans le pays pourrait considérablement augmenter, et très vite.

Alors que le conflit syrien touche à sa deuxième année, le Bureau de la coordination humanitaire des Nations Unies (OCHA) a prévenu mardi qu'en cas de poursuite des violences, le nombre de personnes en situation de détresse dans le pays – quatre millions dont deux millions de déplacés internes –, pourrait considérablement augmenter, et très vite.

Devant cette « tragédie humaine », les organisations peinent à prêter assistance aux populations civiles, en raison des problèmes majeurs d'accès posés par les combats qui font rage entre forces gouvernementales et groupes de l'opposition syrienne armée, indique un communiqué de presse publié mardi par l'OCHA.

« Nous devons rejoindre les populations qui se trouvent à la fois dans les zones contrôlées par le gouvernement et celles contrôlées par l'opposition, mais aussi celles qui font l'objet de combats. Les Nations Unies livrent une aide de plus en plus importante dans les zones sous contrôle de l'opposition et font tout leur possible pour en livrer davantage, en traversant les lignes de front, qui ne cessent d'évoluer. »

Afin de pouvoir élargir leur couverture, les agences s'emploient à élargir leurs partenariats locaux, qui incluent actuellement 70 organisations, et l'OCHA encourage les autorités syriennes à autoriser de nouvelles ONG internationales à se rendre en Syrie pour renforcer la chaîne humanitaire sur le terrain.

Par ailleurs, indique le Bureau, les souffrances des populations piégées par les violences sont exacerbées par le déclin économique de la Syrie, dont le Produit intérieur brut (PIB) a chuté de près de 30% depuis mars 2011, tandis que les prix des denrées alimentaires et du carburant sont montés en flèche et que l'agriculture a été dévastée par les combats.

La représentante de l'Organisation mondiale pour la santé (OMS) en Syrie, Elizabeth Hoff, a également affirmé par visioconférence ce matin, lors d'un point de presse donnée à Genève, que la situation sur le plan sanitaire s'était dégradée au cours des six derniers mois, notamment aux alentours de Damas, où des déplacés se logent en plein hiver dans des bâtiments en construction sans portes ni fenêtres.

En outre, 55% des hôpitaux publics du pays ont été endommagés par les combats et plus d'un tiers de tout le réseau hospitalier est désormais hors service, sans compter les difficultés d'importation et d'acheminement des médicaments et autres articles médicaux. Quant aux personnels de santé, ils sont, par exemple, régulièrement empêchés de se rendre à Damas, que ce soit en raison des combats, de la pénurie de carburants ou des pannes constantes d'électricité.

La préoccupation majeure de l'OMS reste cependant l'effondrement des systèmes d'eau et d'assainissement et le nombre croissant de maladies d'origine hydrique, notamment les diarrhées.

La semaine dernière, la communauté internationale s'est mobilisée lors d'un Sommet au Koweït, au cours duquel des annonces de contribution d'un montant supérieur à 1,5 milliard de dollars ont été faites. L'OCHA a encouragé les bailleurs de fonds à concrétiser ces promesses de fonds le plus rapidement possible sous peine d'entraver l'effort humanitaire en cours.

Ces fonds sont d'autant plus importants que le Programme alimentaire mondial (PAM), qui est le chef du module logistique de l'ONU, entend renforcer de nouveau ses opérations en Syrie afin de venir en aide à 2,5 millions de personnes au cours des prochains mois, contre 1,5 million à l'heure actuelle. Dans le cadre du plan d'action régional adopté par la communauté humanitaire, il compte également fournir une assistance à près de 755.000 réfugiés syriens dans les pays voisins entre aujourd'hui et juin 2013.

Dans un premier temps, au mois de février, il prévoit de faire passer à 1,75 million le nombre des bénéficiaires de ses paniers alimentaires, avant d'étendre sa couverture à deux millions de personnes en mars, puis 2,5 millions en avril, indique un communiqué de presse publié mardi.

Pour faire face aux pénuries de pain et carburant dans le pays, le gouvernement syrien a accepté que le PAM importe du carburant et de la farine de blé à des fins humanitaires. Le Programme fera venir chaque mois jusqu'à 2,5 millions de litres d'essence afin de pouvoir acheminer des vivres aux familles vulnérables. Une première cargaison de près de 39.000 litres a transité par le Liban en janvier.

En Syrie, le PAM est en mesure de venir en aide aux populations aussi bien des zones sous contrôle du gouvernement que de celles sous contrôle des rebelles. L'aide alimentaire est distribuée aux civils avec la coopération du principal partenaire des Nations Unies sur le terrain, le Croissant rouge arabe syrien.

Pourtant, certains lieux comme la vieille ville de Homs et quelques zones au nord d'Alep restent inaccessibles en raison des violences et de l'insécurité. Là-bas, le PAM accorde une priorité aux Syriens déplacés, qui constituent 85% des récipiendaires de son aide. Ces populations déracinées vivent chez des familles d'accueil, dans des appartements loués ou des établissements publics.