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L'Iran fustige à nouveau l'ordre international « oppresseur » et les « centres de pouvoir autoproclamés »

Le Président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, à la tribune de l'Assemblée générale. Hasan Rowhani est son successeur.Photo ONU/Jennifer S Altman
Le Président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, à la tribune de l'Assemblée générale. Hasan Rowhani est son successeur.Photo ONU/Jennifer S Altman

L'Iran fustige à nouveau l'ordre international « oppresseur » et les « centres de pouvoir autoproclamés »

Le Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a dénoncé mercredi à la tribune de l'Assemblée générale un ordre international « oppresseur » qui impose la pauvreté par le biais de tromperies ou par la force, estimant que la situation « catastrophique » actuelle résultait de sa mauvaise gestion par « des centres de pouvoir autoproclamés dont les représentants ont vendu leur âme au diable ».

C'est parce que le monde est fondé sur le matérialisme qu'il n'y a plus de place pour les principes moraux, a-t-il estimé, fustigeant une société qui classe les êtres humains en catégories et humilie les autres nations.

« Devons-nous croire que ceux qui dépensent des centaines de milliards de dollars en campagnes électorales ont à cœur les intérêts des populations du monde, ceux qui sacrifient les valeurs humaines et éthiques en vue de glaner des votes ?», a-t-il demandé ? Face au monde actuel qu'il a jugé discriminatoire et fondé sur l'injustice, M. Ahmadinejad a appelé à l'émergence d'un nouvel ordre mondial reconnaissant l'homme comme la création suprême de Dieu, animé par la quête de justice, de vérité, de dignité humaine, qui recherche la paix et la sécurité durables et le bien-être pour tous.

Le président iranien a également estimé que l'histoire de l'humanité avait toujours été marquée par des rêves non réalisés et des échecs, malgré tous les efforts déployés par les personnes de bonne volonté. C'est pourquoi il a appelé à imaginer combien nos vies seraient « plus belles et agréables » si le monde n'avait pas connu les croisades, l'esclavage, le colonialisme, les dictatures, la Seconde guerre mondiale, « si les grandes puissances, au lieu d'encourager l'Iraq de Saddam Hussein à envahir l'Iran, avaient soutenu le peuple iranien » ou encore « si le droit de critiquer les politiques hégémoniques du sionisme mondial était reconnu ».

Imaginons aussi ce que le monde serait sans les « incidents du 11 septembre », les actions militaires contre l'Afghanistan et l'Iraq, sans l'occupation de la Palestine et si le Conseil de sécurité n'était pas « sous la domination d'un nombre limité de gouvernements, ce qui empêche l'ONU de s'acquitter de ses responsabilités de manière juste et équitable », a-t-il poursuivi.

Le fossé entre pauvres et riches ne cesse de se creuser et la dette totale de 18 pays industriels atteint aujourd'hui 60.000 milliards de dollars, a-t-il rappelé, en faisant remarquer que cette somme pourrait servir à éliminer la pauvreté dans le monde. M. Ahmadinejad, qui intervenait à l'ONU pour la huitième fois, a soutenu que les économies reposant sur le consumérisme et l'exploitation ne faisaient que servir les intérêts d'un petit nombre de pays.

M. Ahmadinejad a également fustigé la création de valeurs papier en exerçant une influence et un contrôle sur les centres économiques mondiaux qui, a-t-il dit, constitue le plus grand abus de l'histoire et est considérée comme une cause majeure des crises économiques mondiales. Il a indiqué que 32.000 milliards de valeurs papier avaient été imprimés par un seul pays, sans nommer celui-ci. Il a estimé que les hommes politiques qui contrôlent les centres du pouvoir rejettent les principes moraux, de pureté, d'honnêteté, d'intégrité et de compassion en les déclarant obsolètes. Il s'est inquiété du développement par les grandes puissances de nouvelles générations d'armes qui constituent une menace contre les nations et rendent le monde moins sûr. Il a également dénoncé « les menaces réitérées des sionistes non civilisés de recourir à la force » contre l'Iran qui sont, a-t-il dit, une autre expression de cette nouvelle réalité selon laquelle personne ne se sent plus sûr, même ceux qui détiennent des milliers d'ogives nucléaires.

Convaincu que l'existence de discriminations et de monopoles n'est plus acceptable à l'ONU, le Président iranien a rappelé que le seizième Sommet du Mouvement des pays non alignés (NAM) qui s'est tenu, il y a quelques semaines à Téhéran, avait appelé à une gestion plus équitable du monde. Alors que le marxisme a été pratiquement éliminé et que « le capitalisme s'est enlisé dans une situation catastrophique qu'il a lui-même créée », le NAM a insisté sur la nécessité de rejeter les pôles de pouvoir et l'hégémonie qui empêchent un fonctionnement équitable du monde, a-t-il encore précisé.

Le Président iranien a enfin affirmé que la restructuration et la réforme de l'ONU étaient vitales pour lui permettre de susciter les changements nécessaires, afin de parvenir à une gestion plus équitable des affaires du monde.