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Syrie : le Conseil de sécurité demande aux autorités d'honorer leurs engagements

L'Envoyé spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue des Etats arabes pour la crise syrienne, Kofi Annan. Photo ONU/Paulo Filgueiras
L'Envoyé spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue des Etats arabes pour la crise syrienne, Kofi Annan. Photo ONU/Paulo Filgueiras

Syrie : le Conseil de sécurité demande aux autorités d'honorer leurs engagements

Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé jeudi aux autorités syriennes d'honorer « de toute urgence et de manière visible » les engagements pris auprès de l'Envoyé spécial pour la Syrie, Kofi Annan.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé jeudi aux autorités syriennes d'honorer « de toute urgence et de manière visible » les engagements qu'elles ont pris auprès de l'Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des Etats arabes pour la Syrie, Kofi Annan.

Dans une déclaration de la Présidence du Conseil de sécurité adoptée par les 15 membres, le Conseil de sécurité note que « le gouvernement syrien s'est engagé le 25 mars 2012 à appliquer la proposition en six points de l'Envoyé. »

« Le Conseil demande au Gouvernement syrien d'honorer de toute urgence et de manière visible, comme il est convenu de le faire dans la communication qu'il a adressée à l'Envoyé le 1er avril, les engagements qu'il a pris a) de mettre fin aux mouvements de troupes en direction des agglomérations, b) de cesser d'utiliser des armes lourdes en ces lieux et c) de commencer à retirer les troupes concentrées dans les agglomérations et aux alentours, et de s'acquitter intégralement de ces engagements d'ici au 10 avril 2012 au plus tard », selon la déclaration de la Présidence du Conseil.

Le Conseil demande à toutes les parties, y compris à l'opposition, de mettre fin à la violence armée sous toutes ses formes dans les 48 heures suivant la mise en œuvre par le gouvernement syrien de l'intégralité des mesures énoncées ci-dessus.

Selon le Conseil de sécurité, il est important de mettre en place en Syrie un mécanisme de supervision efficace et crédible de l'ONU, chargé de surveiller la cessation de toutes les formes de violence armée par toutes les parties et la mise en œuvre de tous les aspects pertinents de la proposition en six points de l'Envoyé.

Le Conseil prie le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de présenter des propositions concernant un tel mécanisme dès qu'il y aura lieu, à l'issue de consultations avec le Gouvernement syrien. Il se dit « prêt à examiner ces propositions et à autoriser la mise en place d'un mécanisme de supervision efficace et impartial dès que toutes les parties auront mis fin à la violence sous toutes ses formes. »

« Le Conseil souligne l'importance fondamentale d'un règlement politique pacifique de la crise syrienne et lance de nouveau un appel urgent en vue de la mise en œuvre complète et immédiate de tous les aspects de la proposition en six points de l'Envoyé », ajoute la déclaration.

Le Conseil a lancé de nouveau un appel aux autorités syriennes pour qu'elles donnent immédiatement au personnel des organisations humanitaires plein accès en toute liberté à toutes les populations qui ont besoin d'assistance.

Le Conseil demande à toutes les parties en Syrie, en particulier aux autorités syriennes, de coopérer pleinement avec l'ONU et les organisations humanitaires concernées afin de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. À cette fin, il demande à toutes les parties d'observer immédiatement une pause humanitaire quotidienne de deux heures comme prévu dans la proposition en six points de l'Envoyé.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est félicité de la publication de cette déclaration de la Présidence du Conseil de sécurité.

« J'espère sincèrement que ce sens retrouvé de l'unité au sein du Conseil mettra la pression sur tous ceux concernés pour qu'ils mettent fin à la violence et aux souffrances. J'appelle les membres de la communauté internationale à soutenir les efforts de M. Annan, notamment lors les jours à venir qui seront cruciaux », a dit M. Ban lors d'une séance de l'Assemblée générale de l'ONU consacrée jeudi à la Syrie.

« Malgré l'acceptation par le gouvernement syrien du plan de l'Envoyé spécial pour résoudre la crise, la violence et les attaques dans les zones civiles n'ont pas cessé. La situation sur le terrain continue de se détériorer », a-t-il ajouté.

« La priorité est d'arrêter l'effusion de sang en Syrie », a encore dit le Secrétaire général de l'ONU. « Les autorités syriennes ont la responsabilité d'honorer les promesses qu'elles ont faites et de mettre en œuvre, entièrement et sans condition, tous les engagements qu'elles ont pris auprès de l'Envoyé spécial Annan. »

Lors de cette séance consacrée à la Syrie, l'Assemblée générale des Nations Unies a entendu un exposé par Kofi Annan, qui s'exprimait par vidéoconférence depuis Genève.

« Clairement, la violence se poursuit. Le nombre de morts signalés chaque jour est alarmant. Les opérations militaires dans les zones peuplées de civils n'ont pas cessé », a noté M. Annan.

« J'exhorte le gouvernement à mettre en œuvre ses engagements, afin que nous puissions obtenir une cessation complète de la violence armée sous toutes ses formes par toutes les parties dans les 48 heures qui suivent », a-t-il ajouté. « Nous devons faire taire les chars, les hélicoptères, les mortiers et les fusils, et arrêter aussi toutes les formes de violence : les abus sexuels, les exécutions, les enlèvements, la destruction des maisons, les déplacements forcés et les autres abus de ce type, notamment ceux qui visent des enfants. »

« Le plan en six points doit être mis en œuvre dans sa totalité et de toute urgence », a martelé l'Envoyé spécial.

S'agissant du projet d'une mission de l'ONU pour surveiller la cessation des hostilités, Kofi Annan a indiqué qu'avec l'accord des autorités syriennes, une équipe de l'ONU, comprenant des officiers du Département des opérations de maintien de la paix menés par le général Robert Mood, de la Norvège, était arrivée en Syrie pour démarrer les préparatifs techniques en vue de l'éventuel déploiement d'observateurs.

« On ne peut pas répondre à la violence en Syrie à travers une mission d'observation traditionnelle s'interposant entre deux armées. La situation est fluide. Il n'y a pas de ligne de front. La paix ne sera pas consolidée sans un processus politique crédible. Ce dont nous avons besoin sur le terrain est une présence des Nations Unies petite et agile. Il faudrait qu'elle soit déployée rapidement avec un mandat large et souple », a-t-il ajouté.

Le Président de l'Assemblée générale, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a également insisté sur la mise en œuvre rapide du plan en six points de M. Annan.

« Il est indispensable que le Président Assad mette en œuvre ce plan immédiatement. Il est impératif que la Syrie honore son engagement d'ici l'échéance du 10 avril. Avec le nombre de morts dépassant désormais 9.000 personnes, ce qui compte c'est la mise en œuvre, pas les mots », a dit M. Al-Nasser.