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Afghanistan : l'ONU se félicite que la politique prenne le pas sur le militaire

Jan Kubis, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afghanistan. Photo ONU/JC McIlwaine
Jan Kubis, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afghanistan. Photo ONU/JC McIlwaine

Afghanistan : l'ONU se félicite que la politique prenne le pas sur le militaire

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afghanistan, Jan Kubis, s'est félicité mardi devant le Conseil de sécurité que la stratégie politique prenne peu à peu le pas sur l'approche militaire, alors que la présence militaire internationale transfère progressivement la gestion de la sécurité aux forces afghanes, un transfert qui doit être achevé en 2014.

Dans un exposé devant les membres du Conseil de sécurité à New York, M. Kubis a souligné les efforts menés par les institutions nationales, régionales et locales en matière de bonne gouvernance, de promotion de la primauté du droit et en matière de développement de services sociaux à la population.

Il a salué le soutien apporté par la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) au « Dialogue du peuple » qui a donné l'occasion à tous les Afghans de partager leur vision de la feuille de route élaborée pour le processus de paix et de réconciliation. Le Dialogue du peuple a aussi révélé que la corruption, l'absence de justice et l'abus d'autorité sont vus par beaucoup comme les principaux problèmes auxquels fait face la population, sans oublier l'absence de perspectives pour les jeunes des zones urbaines.

Citant les récents drames qui ont frappé la population afghane, dont une série de tueries de civils afghans commis par des forces étrangères, M. Kubis a appelé les Afghans à manifester de manière non violente, même quand sont commis des actes graves. Il a exhorté les dirigeants religieux et communautaires à s'assurer que la colère des populations s'exprime de manière pacifique.

Selon une étude de la MANUA, le nombre des victimes civiles a augmenté pour la cinquième année consécutive en 2011. M. Kubis a précisé que les attaques des insurgés et l'utilisation des engins explosifs improvisés étaient responsables de la majorité de ces victimes. Il a jugé inacceptable cette situation en exhortant les forces antigouvernementales à respecter leur engagement de ne pas utiliser des mines antipersonnel.

Le Représentant spécial a également dénoncé les attaques meurtrières dont ont été victimes des soldats de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS). Il s'est particulièrement inquiété de la récente attaque des bureaux de l'ONU à Kunduz, qui ont rappelé les attaques dont furent victimes les personnels humanitaires dans les bureaux de Mazar-i-Sharif.

Selon M. Kubis, les récents événements et violences ne doivent en aucun cas éclipser les évolutions et les développements positifs que l'Afghanistan a connus. Il a salué les objectifs fixés pour la transition entre la communauté internationale et l'Afghanistan en souhaitant que le futur sommet de l'OTAN à Chicago soit l'occasion de renforcer ces objectifs par de solides engagements.

Il a dit que la lutte contre le trafic de drogues devait être considérée comme un élément de l'approche sécuritaire, et comme un élément entrant dans le cadre du renforcement de la stabilité et de la bonne gouvernance. Il a souhaité que le problème des déplacés internes, qui perdure depuis une décennie, bénéficie enfin de solutions durables.

Le Représentant spécial du Secrétaire général a salué la tenue, l'année dernière, de la Conférence internationale de Bonn, qui s'est traduite par un engagement pour un partenariat politique entre la communauté internationale et l'Afghanistan au cours de la décennie de transformation 2014-2024. Il a dit que le défi qui se pose actuellement est celui de traduire les engagements politiques en financements prévisibles en faveur de la mise en œuvre des programmes nationaux prioritaires et de la définition d'un mécanisme de suivi des responsabilités mutuelles liant le gouvernement afghan à ses partenaires internationaux au cours de la décennie 2014-2024.

Il a ajouté que la promotion de la coopération régionale était critique pour parvenir à une stabilité, une sécurité et un développement durables à la fois en Afghanistan et dans toute la région qui l'entoure. Il s'est félicité de l'évolution positive de l'activité diplomatique dans la région, comme en atteste la tenue du récent sommet trilatéral entre les dirigeants afghan, pakistanais et iranien à Islamabad.