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Côte d'Ivoire : exode massif de civils avec la recrudescence des combats

Côte d'Ivoire : exode massif de civils avec la recrudescence des combats

Des Ivoiriens fuyant les combats.
La flambée de violence en Côte d'Ivoire pousse les populations civiles à fuir vers le Ghana à l'est, vers le Libéria à l'ouest ainsi que vers le centre du pays, a indiqué vendredi le Haut commissariat des Nations Unies aux refugiés (HCR).

« Jusqu'à maintenant, les réfugiés ivoiriens fuyaient principalement Abidjan et entraient au sud-ouest du Ghana par Elubo, la ville frontalière au sud-ouest du pays. Mais avec les affrontements survenus cette semaine, nous voyons davantage d'arrivées via des points de passage frontière situés plus au nord à Sampa et Atuna, dans la région de Brong Ahafo. Le HCR n'est pas présent dans la région, mais une équipe est actuellement sur place pour évaluer leurs besoins et fournir de l'aide », a indiqué un porte parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d'une conférence de presse à Genève, en Suisse.

Environ 1.300 Ivoiriens sont entrés au Ghana cette semaine après avoir fui des affrontements dans l'ouest de la Côte d'Ivoire (Duékoué), au centre (Daloa) et au nord-est (Bondoukou). Quelque 250 personnes supplémentaires sont arrivées vendredi d'Abidjan, où les conditions de sécurité sont précaires du fait des affrontements dans les quartiers où se situent les bureaux de la majorité des agences des Nations Unies.

« La plupart des réfugiés sont des femmes et des enfants. Ils arrivent au Ghana en bus avec quelques affaires personnelles. Certains expliquent que leur trajet a duré huit heures pour atteindre Elubo. D'autres ont voyagé jusqu'à quatre jours avant d'arriver à Sampa, point situé au milieu de la frontière entre le Ghana et la Côte d'Ivoire », a-t-il ajouté.

Plusieurs familles réfugiées ont indiqué au HCR avoir fui par crainte des violences alors que certains en avaient vues ou subies. Une fillette de 11 ans, que les équipes de l'agence onusienne ont pris en charge à Elubo, a affirmé avoir été enlevée et violée. Sa mère l'a retrouvée inconsciente au bord de la route dans les environs d'Abidjan. Le HCR lui fournit une aide médicale et un soutien psychologique.

La plupart des réfugiés au Ghana sont actuellement hébergés dans des communautés hôtes. Environ 1.700 d'entre eux sont également accueillis dans le nouveau camp établi par le HCR et les autorités ghanéennes à Ampain, à 55 kilomètres d'Elubo. En prévision de nouvelles arrivées au Ghana, le gouvernement s'est déclaré prêt à allouer des sites dans les régions de la côte et du centre-ouest pour construire de nouveaux camps.

La vague d'arrivées de cette semaine porte à plus de 5.000 le nombre estimé de réfugiés se trouvant désormais au Ghana. La plupart des nouveaux arrivants dans le comté de Grand Gedeh ont besoin d'urgence de vivres, d'abri et de vêtements, a précisé le HCR.

Alors que les affrontements continuent à Abidjan de nombreux quartiers se sont vidés. Certaines personnes, qui s'apprêtaient à quitter les régions désormais affectées par les combats dans le centre et l'est de la Côte d'Ivoire, ont demandé de l'aide au HCR. La ville d'Agboville, située à environ 80 kilomètres au nord, fait désormais partie des principales destinations des personnes fuyant Abidjan. Ces trois derniers jours, le personnel du HCR a enregistré plus de 16.000 personnes déplacées internes à Agboville.

Parallèlement, de nombreux barrages routiers restreignent les mouvements des organisations humanitaires qui tentent d'accéder aux populations vulnérables. Le HCR et ses partenaires ont déjà recensé 92.840 déplacés hébergés dans des familles d'accueil et 19.387 autres se trouvant dans 36 sites différents.

Le nombre de réfugiés ivoiriens continue d'augmenter au Libéria, particulièrement dans le comté de Grand Gedeh au sud-est du pays, où 30.017 réfugiés ont été recensés. Jeudi, 122.958 réfugiés au total ont été enregistrés dans les comtés de Nimba, Maryland et Grand Gedeh depuis le début de la crise électorale fin novembre.

La Secrétaire générale adjointe de l'ONU aux affaires humanitaires, Valerie Amos, doit se rendre au Libéria les 1e et 2 avril afin d'évaluer la réponse humanitaire pour les milliers de réfugiés pris en charge par les agences de l'ONU. Elle se rendra au sud-est du pays dans le Comté de Grand Gedeh où elle rencontrera des réfugiés et les représentants des organisations humanitaires.